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Monde musulman- Première constitution tunisienne (1861)

Date de création: 14-01-2020 15:01
Dernière mise à jour: 14-01-2020 15:01
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VIE POLITIQUE- ETRANGER- MONDE MUSULMAN- PREMIERE CONSTITUTION TUNISIENNE (1861)

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Le 26 avril 1861, dans le souci de se concilier ses créanciers européens, le bey de Tunis promulgue une Constitution qui instaure en Tunisie un régime monarchique de type parlementaire à l'occidentale ! C'est la première Constitution promulguée dans un pays musulman.

 

©  Alban Dignat/Janvier 2020

 

 

À l'avant-garde du monde islamique

 

Comme l'Algérie voisine, la Tunisie avait été placée par le sultan ottoman, dès le XVIe siècle,  sous la garde d'une troupe de janissaires commandés par un bey. L'administration civile était confiée à un représentant du sultan, le pacha. L'administration fiscale relevait d'un officier choisi parmi les janissaires, le dey.

 

En 1705, Hussein ibn Ali, bey des janissaires, s'empare du pouvoir, supprime les fonctions de pacha et de dey, et devient le souverain héréditaire et absolu du pays, sous la tutelle nominale de la Sublime Porte. La dynastie des Husseinites va régner sur le pays jusqu'en 1957 !

 

Kheireddine Pacha (1822-1890) Son lointain successeur Mahmoud bey massacre les janissaires après qu'ils aient tenté de le renverser le 30 avril 1816.

 

Mais, après que les représentants de la Sainte-Alliance, réunis en congrès à Aix-la-Chapelle le 20 novembre 1818, lui en aient intimé l'ordre, il doit renoncer à la guerre de course, autrement dit à la piraterie, qui a fait jusque-là la fortune de Tunis et des autres ports barbaresques de l'Afrique du Nord.

 

Cette concession l'oblige à moderniser son pays en vue de trouver des ressources de substitution.

 

Après sa mort, le 28 mars 1824, son fils Hussein II bey voit la France occuper l'Algérie voisine. Son inquiétude grandit quand, en 1835, le sultan ottoman rétablit par la force son autorité sur la Libye voisine.

 

Plus que jamais désireux de trouver des ressources de substitution à la guerre de course, son successeur Ahmed bey, au pouvoir de 1837 à 1855, engage un vigoureux effort de modernisation en s'inspirant du vice-roi d'Égypte Méhémet Ali et en s'appuyant comme lui sur la France.

 

Il proclame en 1846 le droit de tout esclave à être affranchi. La France qui, à cette date-là, tolère encore l'esclavage dans ses îles à sucre, le reçoit à Paris comme un souverain.

 

Il émancipe les juifs, autorise l'ouverture d'écoles chrétiennes et, toujours à l'image du vice-roi d'Égypte, se donne une armée et une marine modernes. Il lance la construction du palais de la Mohammedia et d'un réseau de chemin de fer.

 

Tout cela, il est vrai, coûte cher et nécessite un appel à l'épargne française. Ces emprunts sont encouragés par Paris qui obtient ainsi des motifs de s'ingérer dans les affaires tunisiennes...

 

Échec de la modernisation

 

La Tunisie recense au milieu du XIXe siècle un million d'habitants dont une moitié d'agriculteurs, sur la côte, et une autre moitié de bergers nomades. À Tunis et Kairouan, qui comptent respectivement 100.000 et 15.000 habitants, l'artisanat traditionnel tente de résister à la concurrence occidentale. La guerre de course n'est plus qu'un lointain souvenir.

 

Craignant la mainmise occidentale, Mohammed bey, au pouvoir en 1855, tente de se rapprocher du sultan. Il envoie des troupes combattre aux côtés des Ottomans pendant la guerre de Crimée.

 

Au terme de cette guerre, toutefois, la France revient en force en Tunisie. Elle contraint le bey à promulguer le 9 septembre 1856 le Pacte fondamental (Ahd al Aman) qui garantit la sécurité des personnes et des biens, l'égalité de tous devant la loi et l'impôt ainsi que la liberté du commerce. C'est l'amorce d'un État de droit. 

 

Mohammed es-Sadok, bey de Tunis En promulguant une Constitution, le nouveau bey Mohammed es-Sadok (on écrit aussi Muhammadal-Sadiq), au pouvoir de 1859 à 1882, complète l'effort de modernisation de ses prédécesseurs. Il est conseillé en cela par le Grand vizir ou Premier ministre Kheireddine (on écrit aussi Khérédine ou Khayr al-Dîn), ancien esclave d'origine caucasienne.

 

Mais il manque de fermeté et son effort vient trop tard, d'autant que le pays souffre de famines, de mauvaises récoltes et d'épidémies de choléra, ce qui met à mal les réformes antérieures.

 

La France prend pied dans la régence en 1869, par le biais d'une commission anglo-italo-française destinée à résorber la dette extérieure de l'État. Le Grand vizir Kheireddine réussit toutefois à rétablir les finances et relance la politique de réformes.

 

Malgré ses efforts, la Tunisie va néanmoins tomber sous protectorat français.