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Tazougagheth Fatma

Date de création: 25-11-2019 17:54
Dernière mise à jour: 25-11-2019 17:54
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HISTOIRE- PERSONNALITÉS- TAZOUGAGHETH FATMA

Date de première création in Histoire/Résistance : 24-05-2008 14:30
Dernière mise à jour: 21-07-2008 17:56
Lu: 660 fois

Selon la légende aurassienne, Tazougagheth Fatma est née aux environs de 1530 et est morte en 1605.
A Ticherchiouine, localité située dans la commune de Taxlent, dans la daira de Merouana, à 80 kilomètres de la capitale des Aurès , Batna, son petit fort , aujourd'hui délabré, subsiste encore.
La reine possédait des refuges en pleine montagne et aurait vécu aux alentours de la fameuse grotte Ouchtouh. Elle a donné son nom à la tribu des Ouled Fatma. Descendante d'Imouren, un noble général ayant servi dans l'armée de Tarek Ibn Ziad, cette femme aurait possédé , entre autres, un lion, un cheval blanc et un loup blanc.
Prêtresse, guerrière (elle a remporté une victoire sur le roi marocain Dordj H'Mam et son nom est mentionné dans les poèmes du poète marocain El Majdoub), poétesse, elle aurait initiée la danse chaouie . La chanteuse aurasienne Lala Zeka Zikouna (Khoukha Boudjenit), née en 1880 et décédée en 1963, a loué dans une de ses chansons berbères, Fatma Tazougaghet ("Jadis, il y avait une femme, elle s'appelait Fatma Tazougaghet, son cheval était blanc, elle tissait un burnous pour son fils…"
" Zik Thela Tamethouth, Ismeness Fatma Fatma Tazougagheth, Netath Chemali is amelal, Thela naalaou nimemiss Oudani Tazridh Amokrane Theroual Outhbaadas").
Mère de 17 enfants, récitant le Coran par cœur, elle savait aussi guérir les maladies par l'usage des herbes sauvages dont elle reçut le secret de sa mère.

 ARTICLE COMPLEMENTAIRE

(c) Kamel Bouslama/El Moudjahid, samedi 23/11/2019

«Douceur de lune / Brise des montagnes / Dites à Fatma la rousse / De sortir égayer / Le silence des nuits» (Poème populaire chanté en hommage à Fatma Tazoughert). 

Pourquoi Fatma la rousse ? Parce que L’existence de cette femme, en l’occurrence  guerrière redoutable (1544-1641), est révélée par la tradition orale qui l’affuble du surnom de Tazoughert, lequel signifie «la rousse».D’ailleurs la poétesse populaire Khoukha Boudjenit, morte en 1963, dont les paroles sont toujours chantées par les «Rahaba» (groupes folkloriques aurésiens) évoque, avec une immense vénération, cette reine prêtresse pour laquelle «L’azrif» (L’argent) a été travaillé» et dont «les réserves ont été remplies d’orge, d’huile d’olive, de miel et de blé». Le poème en question a été conservé dans «l’anthologie de la littérature algérienne d’expression amazighe», œuvre collective publiée sous la direction de l’écrivain et chercheur Lounès Abderrahmane.                 

La vie de Fatma Tazoughert est ainsi relatée à travers des poèmes et des chansons du terroir chaoui qui font d’elle une reine «rousse et belle». Selon la tradition orale de la tribu des Ouled Fatma de Merouana, elle serait née en 1544 et morte en1641 dans la montagne de Hitaouine (Belezma, dans les Aurès). Prêtresse et reine d’une confédération tribale des Aurès, elle réussit, sous son règne, non seulement à unir plusieurs groupes berbéro-arabes, mais à perpétuer le matriarcat en désignant uniquement des femmes au sein du conseil des sages.                                                

Descendante d’Imouren, un général berbère ayant servi en qualité de lieutenant de Tarek Ibn Ziyad, fondateur de l’Andalousie, c’est aussi la trisaïeule de Bouthaàlaweth, l’inventeur du canon léger en bois de chêne (1908), et de H’ména Zéqun, fabricant des tromblons et fusils à clous (...). Elle entretenait des relations commerciales avec les chrétiens et les juifs et tissait les tapis, les burnous (Ajridi) avec habileté, grâce et adresse. Fatma Tazoughert aurait même, entre autres, possédé un lion, un cheval blanc et un loup blanc, ou «ouchen amallal». Selon la légende, ce dernier, ayant senti venir la mort de sa maitresse, la pleura toute la nuit en émettant de tristes et stridents hurlements.                                                                   

 Une habile cavalière et une redoutable guerrière

 Dompteuse de lions, tout comme Sidi Boumédiène, Fatma Tazoughert aurait été une habile cavalière et une redoutable guerrière, dont la victoire -à la tète de son armée- sur le non moins mythique roi marocain Dordj H’mam est mentionné dans les vers du grand poète marocain El Medjdoub, selon l’auteur du livre «L’histoire, les Aurès et les hommes». Mère de dix-sept enfants, cette femme fière et altière, récitait le coran par cœur et savait guérir les maladies par l’usage des herbes sauvages -la phytothérapie-, dont elle reçut de sa mère les secrets. Cette dernière -Adhfella- l’avait en effet initiée à la sélection des plantes et aux soins à prodiguer aux malades et blessés. Ce qui n’empêcha pas Fatma Tazoughert d’être une bonne mère : elle eut, dit-on, dix-huit enfants. 

Unique femme, dit-on aussi, qui, bien des siècles après la Kahina, ait régné avec majorité sur les Aurès et perpétué le matriarcat, on la retrouve partout dans les «Rahabas» et les contes. Aimante pour ceux qui lui obéissaient, guerrière redoutable et sans cœur pour ceux qui n’obtempéraient pas à ses ordres, cette reine, pour exalter le respect de la discipline, alla même jusqu’ à sacrifier ses deux frères. Elle fit, en effet, exécuter son frère Zoltan et poussa à l’exil Sellam son cadet, qui contestèrent certaines de ses décisions (...) Guerrière redoutable, ne cesse-t-on de souligner, elle avait un sens de l’organisation et du commandement à la tète de ses troupes (...). 

Fatma Tazoughert restait ainsi libre tout en dirigeant la multitude et avait  un incontestable ascendant sur le grand Aurès, jusqu’aux confins de M’sila, au sud-ouest et Tébessa au nord-est. Sa forte personnalité et son instruction avaient fait d’elle une femme crainte, prêtresse admirée, jouissant d’un grand  prestige grâce à sa culture ancestrale. Selon certaines sources orales, elle serait l’ancêtre de la tribu des Ouled Fatma, habitant jusqu’à présent  les régions de Merouana, Ras Tayoun, N’gaous et Taxlent. Toutefois, d’autres versions issues de la tradition orale font remonter la lignée de cette tribu aux Fatimides, dont la dynastie doit sa fondation au concours des tribus berbères de l’Est algérien.

En dépit des affres du temps et grâce à la mémoire collective et à la poésie populaire, son souvenir s’est immortalisé et a pu voyager à travers les siècles. Ainsi, en lui tissant contes et poèmes, ses héritiers pérennisent à ce jour et sauvent de l’oubli cette figure o combien emblématique  à l’échelle nationale, voire nord-africaine.