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Roman Djamel Mati- "Sentiments irradiés"

Date de création: 18-07-2019 10:01
Dernière mise à jour: 18-07-2019 10:01
Lu: 933 fois


HISTOIRE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ROMAN DJAMEL MATI- « SENTIMENTS IRRADIÉS »

Sentiments irradiés. Roman de Djamel Mati, Chihab Editions, Alger 2018, 250 pages, 1100 dinars.

Samedi 6 février 1960, minuit vingt.....au Sahara... une petite caravane qui fuit....et une naissance.

Samedi 13 février 1960 , sept heures trente quatre minutes  cinquante secondes : quelque part dans le désert du Tanezrouft, dans la région de Reggane, à un kilomètre du point Zéro.......Opération « Gerboise bleue ». Premier essai nucléaire  français......suivi de trois autres de couleur différente (sic !) et  de 13 autres (souterrains, dans le coeur rocheux de la montagne d’In Ecker , dans le Hoggar).....et ce jusqu’en 1966 ( !?!?!?). La mort et la désolation. Jusqu’à nos jours, une atmosphère de fin du monde plane au-dessus des régions sinistrées . Des paysages lunaires sans vie, jamais décontaminés....et des ravages s’étalant sur tous les pays limitrophes....et sur la santé de millions d’habitants.

Un homme, Kamel,  a tout perdu. Son épouse bien-aimée , une targuie rencontrée lorsqu’il avait été recueilli et protégé –durant la guerre de libération nationale alors qu’il fuyait les occupants du pays – par une tribu .Ainsi que  l’enfant qu’elle venait de mettre au monde .

Plusieurs années après ! L’indépendance . Kamel toujours vivant comme géophysicien au Sahara. Avec des souvenirs qui ne le quittaient pas  et avec l‘espoir de se venger un jour des meutriers de sa famille et de la région. Il l’avait juré.

Puis, à Paris. Invité par Greenpeace pour une conférence. Son sujet : la catastrophe nucléaire et le déni continuel des coupables. Une rencontre : avec Zoé , une jeune écologiste pacifiste qui ne tarde pas à tomber amoureuse de lui. La rencontre avec son père, Paul,  un soldat de l’armée coloniale , médecin de son état.....et qui avait , il l’avouera plus tard, assisté , « obligé » dit-il , à l’opération Gerboise bleue du 3 février 1960 à Hamoudia (point zéro, Reggane ). Un médecin qui n’avait pas voulu (ou pu, car abruti par le whisky de son impuissance ) aider alors Kamel qui était venu quémander de l’aide après l’explosion.

Voilà donc notre « héros » pris entre le marteau  de son passé et de sa promesse de vengeance et l’enclume  de son amour (naissant) pour Zoé . Et , une  interrogation qui le taraude : « « Ma tragédie a commencé dans la crainte et la colère (................) .Doit-t-elle me poursuivre toujours ? Aurais-je la force de la renier ? ». Le commencement de l’oubli ? du pardon ? Les aveux , même tardifs du père de Zoé suffisent –ils , non seulement à Kamel, mais à tout le peuple algérien et tout particulièrement à ceux qui continuent à souffrir des retombées nucléaires.....aujourd’hui encore , et très longtemps encore.

Peut-être ,là , tout le problème de la reconnaissance –collective et non individuelle - des crimes coloniaux (français) ...en Algérie et ailleurs.

 

 

L’Auteur : Né à Alger, ingénieur en chef en géophysique, auteur de plusieurs romans, lauréat du prix Assia Djebar 2016 pour son roman « Yoko et les Gens du Barzakh » (Ed.Chihab).Déjà présenté in Mediatic.

Extrait : « La géophysique n’est ni la quête du Graal ni la pierre philosophale. Elle ne transcende pas l’individu et elle ne transforme rien. Elle explique les faits uniquement  tout en échafaudant des solutions aux problèmes. En revanche, la contemplation d’un poisson rouge dans un bocal permet, surtout à l’observateur , de se mouvoir , avec une apparente désinvolture, dans l’incertitude....de ce qui se passe en surface »(p 17) ,

Avis :Un roman d’amour(s) et de haine qui se lit sans peine bien qu’il se traîne un peu trop longtemps dans la description de la vie parisienne.Avec des scènes quelque peu invraisemblables .....comme notre héros qui parcourt Paris sans peine.... en tenue targuie.

Citations « La recherche de soi sur les routes parsemées d’embûches n’est pas tâche aisée quand l’identité fait défaut » (p 40), « Les hommes sont capables de magnifiques mais aussi d’horribles choses , et dans leur frénésie aveugle, ils les confondent en s’embrouillant.L’essentiel est de satisfaire leur ego uniquement » (p 90) , « Seule la vérité est capable de transcender la couardise « (p 101),  « Une vérité trop étouffée se sert de la conscience pour se libérer .Elle ne fait pas cas des blessures qu’elle peut provoquer, elle dit » (p 218)