Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Mémoires Tahar Gaid - "Souvenirs et impressions....."

Date de création: 06-03-2019 18:38
Dernière mise à jour: 06-03-2019 18:38
Lu: 961 fois


HISTOIRE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH -MÉMOIRES TAHAR GAID- « SOUVENIRS ET IMPRESSIONS.... »

Souvenirs et impressions d’une vie heureuse malgré les peines (Tome I : Le combat pour la liberté) . Essai et mémoires de Tahar Gaid .   Editions Dar Samar , Alger 2016 , 700 dinars, 313 pages.

Il attendu ses quatre vingts ans avant de commencer à « égrener »  (« impressions à l’appui », prévient-il) ses souvenirs , pas tous ; uniquement – pour l’instant - ceux liés à son « combat pour la liberté », s’étendant depuis le jour de sa naissance , en Kabylie. 

Mais, digne fils du clan des Oumeziane (on y retrouve les Gaid, les Boulemkahal et les Farhi) , descendant d’un grand-père saint homme, issu d’un « coin » perdu , presque abandonné, relié au monde seulement par un sentier caillouteux et poussiéreux, sa prise de conscience politique puis son engagement (situant  la malfaisance colonialiste) avait commencé très tôt. Il est vrai que les Béni Ya’la « étaient riches en hommes aussi cultivés que pieux ».

A l’âge de vingt deux jours, une nouvelle vie commence ......à « Belcourt » (al-‘Aqiba) .....L’école « française » avec son racisme latent ..... l’école coranique.....mais aussi et surtout l’ école de la rue....et  le football.

D’abord, l’adolescence à Bordj Bou Arréridj.....Déjà, la lecture de « l’Egalité » , le journal des Aml, le collège (avec pour voisin le fils de Messali Hadj, Ali) , l’incorporation, en douceur, à une cellule du Ppa (quinze ans à peine !)  et un choc à la vue de deux hommes, des Algériens, fusillés en pleine place publique par un commandant de la place. Pour l’exemple, disait-il. Leur seul crime était d’avoir été généreux et hospitaliers envers deux parachutistes allemands tombés du ciel au milieu de leur village.

Ensuite, la Médersa (à Constantine) durant six années  et le militantisme (Ppa/Mtld) qui permit la rencontre et des amitiés durables avec d’autres futures personnalités de la guerre de libération  nationale : Hihi Mekki, T. Khène  et L. Khène,  Ihaddadène, Filali , Nououiat, Amara Rachid, Benikous Ahmed, Benmahmoud, Sahnoun, Abdellaoui, Benzine, Bouguerra, le futur colonel, Drareni, Skander, Belaid, Bitat...et, toujours, le foot....et un premier séjour en Europe....(Roumanie, Pologne)

Puis, c’est la guerre de libération nationale alors qu’il enseignait (à Palikao)...et l’organisation des premières cellules de soutien à la lutte armée

Ensuite, enseignant à Chlef puis à Alger, les choses s’accélèrent avec une activité politique intense , la collecte d’argent et des armes. Des contacts multiples : avec Abane Ramdane, Rebbah,Moufdi Zakariyya,Mandouze, Chaulet, Benkhedda,  Aissat Idir, Fettal......Il y a ,  en même temps,  une activité syndicale (pour la création de l’Ugta) et extra-syndicale

Enfin,  c’est l’arrestation (24 mai 1956, juste avant de rejoindre le maquis, départ alors programmé pour le 28), les interrogatoires, la torture....et un long séjour– jusqu’au 30 mars 1962-  dans les camps dits d’hébergement .Le reste est une toute autre histoire (un tome II ?) 

 

L’Auteur : Tahar Gaïd (frère de Mouloud et de Malika) est né le 22 octobre 1929 à Timengache, Beni Yala (Wilaya de Sétif). Après des études aux médersas de Constantine et d’Alger, il exerce la fonction d’enseignant à Tighenif, près de Mascara, puis à Alger.Militant, au départ,  du Ppa/Mtld, enseignant à Tighennif , il participe à la lutte pour la libération nationale. Arrêté en mai 1956, il est détenu pendant six années consécutives dans les prisons et les camps d’internements en Algérie.Dès 1963, il opte pour la carrière diplomatique en qualité d’ambassadeur dans plusieurs pays africains. A partir de 1980, il se consacre dès lors aux aspects théoriques et pratiques de l’Islam en publiant plusieurs ouvrages (Opu, Editions Bouchène...)


Extraits : « La colonisation considérait l’Algérie comme le prolongement de la France. C’était sur le papier car les Algériens n’étaient ni français, ni administrés comme les Français » (p 27), « Le pays des Imâzighân n’est ni l’Orient, ni l’Occident. Il est les deux à la fois. C’est-à-dire qu’il prend le convenant et refoule l’inconvenant » (p 29), « Le premier novembre n’est pas « tombé » du ciel.Ainsi, comme dans tous les mouvements de pensée de la même espèce, il existe des pionniers dont l’histoire ne retient pas les noms. C’est comme dans une course de relais où les coureurs se passent le flambeau l’un à l‘autre mais les spectateurs ne braquent les yeux que sur celui qui, le dernier, franchit la ligne arrivée... » (p 37), « A la veille de l’indépendance, l’Algérie comptait plus de 10 000 internés dans 11 camps d’hébergement , autant dans les centres de triage et de transit et quelque 3 000 dans les centres contrôlés par l’armée. A ces internés , il convenait d’ajouter ceux, plus nombreux , qui se trouvaient dans les différentes prisons d’Algérie et de France » (p 249)

Avis :Le titre du livre est , peut-être, un peu trop long, mais le contenu est un délice (écrit avec clarté, car voulu dans la simplicité et la sincérité) . On commence, on ne s’arrête plus......sauf quand le commentaire politique et religieux d’actualité prend (trop) le dessus sur le souvenir. Il y a , aussi, des histoires de « Djinns » (pp 73-74).   Je regrette seulement de ne l’avoir lu que maintenant.

Citations : « Certes, il existe des gens qui tournent le dos à leurs origines, les renient même. Mais quoi qu’ils fassent, un petit rien leur rappelle le point de départ de leurs existences » (p 15), « Il semble que l’impatience est ancrée dans les gènes de l’Algérien. Chacun se croit  plus pressé que les autres et cherche à se faire livrer le plus rapidement possible » (p 6), « L’identité d’un peuple change avec le temps mais je ne pense pas qu’elle se transforme entièrement. C’est comme un être humain. Celui-ci naît, vieillit, des plis s’impriment sur son visage et son corps....mais sa date et son lieu de naissance ne varient à aucun moment » (p 130), « Le Fln était entré dans l’arène de l’histoire politique de l’Algérie indépendante avec un caractère à la fois sacré et profane, religieux et laïc, novateur et conservateur. C’était donc un bouillon où s’entremêlaient plusieurs légumes aussi différents que variés les uns des autres  qui pouvait donner ensuite le meileur comme le pire (p 310)