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Récit Louisette Ighilahriz -"Algérienne"

Date de création: 23-02-2019 20:46
Dernière mise à jour: 23-02-2019 20:46
Lu: 1458 fois


HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- RECIT LOUISETTE IGHILAHRIZ- « ALGERIENNE »

Algérienne. Récit de Louisette Ighilahriz (recueilli par Anna Nivat), Casbah Editions, Alger 2006 (Arthème Fayard et Calmann-Lévy, Paris 2001) , 600 dinars, 274 pages

Ell est née en 1936....à Oujda.......dans une caserne......le père étant un officier de gendarmerie (originaire de Oued El Alleug/ Boufarik) . Quatrième d’une famille de dix enfants (sept filles  et trois garçons) . Elevés à la dure ! Mais, dans une atmosphère de solidarité très forte.

Très tôt, encore lycéenne , elle s’engage dans la lutte pour la libération du pays. Et quand elle « bascule » dans l’Organisation,  fréquentant de moins en moins le lycée, toute la famille en faisait déjà partie....le père étant pour une « engagement total dans le conflit... »,  demandant qu’elle aille  au lycée « uniquement pour faire de la présence » mais  «  n’exigeant plus de très bons résultats scolaires ». Il avait du « nez » ! Il sera arrêté et emprisonné jusqu’en avril 1962. Elle le sera, à partir de   septembre 1957, comme sa mère et sa sœur Ourdia...l’autre sœur Malika, la « bombiste »  l’ayant précédée le 8 juillet. 

La suite est une toute autre histoire faire de tortures, de chantages,de menaces....et d’un tour de France des prisons : Barberousse, Maison Carrée, Marseille, Amiens, Fresnes, Toulouse, Paris, Corte et Bastia (Corse)  en résidence surveillée.....puis, l’évasion vers Monaco  et, enfin, le retour au pays.

Une autre vie : le mariage, le travail, les enfants,....des études .....des joies, mais aussi des peines et des déceptions.

Mais, toujours , avec ou sans canne, très engagée, habitée par « le devoir de vérité » , témoignant contre les bourreaux mais sans haine, reconnaissante envers ceux qui l’ont aidé (dont un certain  Dr Richaud qui l’avait sauvé en la faisant transférer d’une salle de tortures vers une prison) , rêvant, comme son père (décédé) , d’une autre société , plus juste et plus prospère et rejetant l’autoritarisme.

Une véritable dame d’honneur : « Après avoir subi l’innommable, assisté au pire et survécu à tout », n’estime-elle pas  ne pas avoir le droit de se plaindre. Beaucoup ont dit bien plus mais pas mieux !

 

 

 

L’Auteure :Militante et grande figure de la lutte pour la libération du pays de l’occupation coloniale, comme, d’ailleurs , plusieurs membres de sa famille (dont Malika ,sa sœur, qui fut une compagne de combat). Médaillée de l’Aln..... en 1985 et du Mérite national...en mars 1994

Anne Nivat (Prix Albert Londres pour « Chienne de guerre », Fayard 2000) , auteure de trois ouvrages, dont deux sur les médias russes (1996 et 1997)

Extraits : « Dans la cour de récréation, on parlait beaucoup ; on se sentait avant-gardistes et fières d’avoir déclaré la guerre à la France » (p 53), « Par principe, un résistant ne « montait au maquis » -c’est-à-dire ne devenait membre de l’Armée de libération nationale (ALN) – que s’il était recherché en ville. Le bras armé du FLN n’était composé que de résistants ayant déjà fait leurs preuves en ville . Sur le moment , personne ne faisait néanmoins la différence entre ceux qui étaient au maquis et les autres ; la distinction n’est venue qu’après l’indépendance...» (pp 79-80).

Avis : Une farouche combattante, une militante sincère, une citoyenne populaire admirée et respectée pour son courage (durant la guerre durrant laquelle elle eut à subir les pires tortures) , sa franchise et sa sincérité. Madame, respect !

Citations : « Monter au maquis signifiait disparaître après avoir résisté le plus longtemps possible en ville, car il n’était pas question de déserter la ville par simple caprice » (p 86) , « Avant de connaître la France, j’ai fait connaissance   avec ses prisons » ( p 140), « En visitant de vrais pays communistes, je m’étais rendu compte à quel point le peuple y vivait de façon misérable alors que les dirigeants , eux , jouissaient de nombreux passe-droits. Sur ce plan, l’Algérie, il est vrai, ne faisait pas exception : une minorité s’était considérablement enrichie tandis que le peuple , lui, restait dans une grande misère » (p 223)