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Roman Mohamed Chérif Lachichi- "La faille"

Date de création: 21-02-2019 18:38
Dernière mise à jour: 21-02-2019 18:38
Lu: 956 fois


VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN MOHAMED CHERIF LACHICHI- « LA FAILLE »

La faille. Roman de Mohamed-Chérif Lachichi,  Editions L’Harmattan Algérie, Oran 2018, 800 dinars, 283 pages. Note : Aucune indication concernant l’Isbn, le dépôt légal et le lieu d’impression en Algérie....

 

Témoignage, récit, pamphlet, réalités, fiction, reportage, commentaire et analyse.....tout un (heureux) mélange. Un genre que l’on retrouve beaucoup dans le monde de nos écrivains, tout particulièrement chez les nouveaux et les jeunes. La raison ? Il est difficile, très difficile même,  pour n’importe quelle personne dotée de connaissances et d‘intelligence,  sachant écrire, de ne pas imaginer des récits (sous forme de roman – un livre - pour que cela « passe » et, surtout, perdure....sachant bien que ,pour le journaliste, l’écrit de presse et encore plus l’écrit électronique ne durent que le temps d’un « effeuillage » ou d’un « clic ») où se mélangent le vécu et le pensé, l’échec et la réussite personnelle, les espoirs de jeune et les déceptions d’adulte, les promesses des décideurs et les vilénies des discoureurs.

Tout démarre dans une prison. Un journaliste incarcéré.......injustement, cela va de soi........parce qu’il avait trop insisté dans ses écrits sur les jeux d’influence, la corruption et les injustices. Trop libre de ton, donc assez vite livré à la « justice de nuit ».  Nous avons donc une description minutieuse du monde carcéral –où l’on apprend à faire la part des choses pour décrypter les événements - et de ses  conditions de vie. Avec des rencontres -  comme celle de « Kaddour Crb » , un « dealer » respectable et respecté -  qui vous en apprennent bien plus sur la société réelle que la vie en liberté. Pour lui, « si Ben Bella avait fumé de la marijuana, comme George Washington, nous n’en serions pas là » !

Heureux ( ?) concours de circonstances, il arrive à s’évader suite à un séisme frappant toute la région. Errant au milieu des décombres d’une cité, il sauve un jeune homme  d’une mort certaine. Une grande amitié va naître.......Une autre vie va, aussi, commencer. Car, le survivant du séisme n’est autre que le parent protégé d’un « parrain ».....un gros, un très, très  gros parrain....qui, à l’ombre de sa résidence au Club des Pins (décidemment !) fait et défait les carrières de presque tout ce qui vit et commerce sur la terre d’Algérie ..... tout en fumant de gros cigares, et dirigeant dans l’ombre. « Rabha ! »

Une autre vie, avec des rencontres inattendues, avec ses révélations incroyables (mais presque vraies), mais aussi une autre aventure .....sur fond de complot pour s’accaparer le pouvoir politique suprême , alors , disent-ils, « tombé entre de très mauvaises mains ». Notre « héros » est mis au parfum par son nouveau « protecteur » qui, voyant en lui l’ « Algérien nouveau », veut le propulser encore plus haut.....tout à fait en haut. Après un  coup d’Etat ! Pas un « putsch ». Mais, un « coup d’Etat populaire »....à partir .....des stades. Tiens, tiens ! 

Décidemment, l’ancien taulard commence à croire qu’il valait mieux être en compagnie de prisonniers, plus vrais, plus humains...d’autant que tenants des pouvoirs n’ont nulle  intention de changer le système. Il préfère donc aux ors du pouvoir.... l’écriture .....de romans. Il est vrai qu’il est soutenu et encouragé par la fille rebelle du « parrain »..........un morceau de choix séduisant qui ne  dit pas non quand il la touche.

 

 

 

 

L’Auteur : Né à Annaba. Après un passage dans le secteur économique, il entame, dès les années 90,  une carrière de journaliste (grand reporter)  dans la presse écrite algérienne (entre autres Liberté) .Premier roman.     

Extraits : « Le système de gouvernance et ses hommes détruisent bien davantage la vie de nos jeunes que cette plante (Haschich)  »  (p 22), « En prison, il faut voir la vie comme un monde très nuancé. Tout n’est pas blanc, tout n’est pas noir, il y a beaucoup de gris » (p 23), « Dans ce pays bouleversé, les affaires de l’Etat tournent tellement de travers que n’importe qui dehors peut se retrouver très vite dedans (la prison) » (p 28) « Le plus inquiétant en Algérie est que les dirigeants du pays sont devenus exclusivement Algérois. Peu importe d’où ils viennent, ils sont aujourd’hui tous parents par alliance.......Autre problème majeur : ils ne vivent pas au sein de la société qu’ils imposent aux autres. D’ailleurs, ils ne savent jamais ce qui s’y passe » (p 67), « Connaître la prison, d’accord, mais jamais plus d’une fois....Comme la mort, la prison c’est toujours concluant » (p 108), « C’est décidé. Si ce mec se présente l’année prochaine, moi, je repars en prison. Et s’il est réélu, je ne veux même plus faire partie des survivants au prochain séisme.. » (p 253) .

Avis :  De la fiction ? Pas sûr. L’Algérie et les Algériens......et le(s) pouvoir(s) et leurs allées sombres, parfois sanglantes,  aujourd’hui. De tout un peu et un peu de tout, avec énormément de digressions....et, peut-être un peu trop de vérités trop crues .Journaliste un jour, journalistes toujours.

Une histoire qui a très bien démarré, qui s’est pas trop mal déroulée....mais qui s’est terminée banalement.....Sauf s’il y a une suite !

Citations « Témoigner sa loyauté envers la société dans laquelle on vit relève, parfois, de l’acte téméraire, un pari fou, toujours risqué. Certes, mais jamais inutile » (p 32), « Tchipa , comme c’est mignon, voilà une des merveilles de la langue des Algériens d’aujourd’hui qui permet , sous ce nom si gracieux, de commettre quelque chose d’immoral et de très nocif, et ce, sans avoir jamais l’air d’y toucher. Tchipa, tout le monde la dénonce, mais rares sont ceux qui la refusent » (p 54), « Dieu, c’est pratique. Avec lui, tout est justifié et justifiable » (p 56), «  Vivre en marge d’une société gravement liberticide comporte toujours quelques risques. Passer par la case prison relève, dans ces cas-là, d’un simple accident de la route » (p 111),  « En Algérie, l’enfer n’est jamais très loin du paradis » (p 149), « Pour le meilleur et pour le pire, l’Algérien est devenu un monsieur je sais tout. En fait, l’ennemi de l’Algérien n’est pas tant l’ignorance que cette illusion de la connaissance ! » (p 179), « Pour s’aimer un peu, l’Algérien semble se rêver. Un peu mythomane sur les bords, il a comme un besoin de s’identifier à un modèle, à un personnage fabuleux pour pouvoir sortir du lot.....Cette haute considération que les gens ont d’eux-mêmes va les conduire fatalement à s’enfoncer dans la médiocrité de leur mauvaise foi » (p 185),  « A force de mystifications, les Algériens se voient donc tous très beaux, très forts ou encore très intelligents alors que leur fierté est, hélas, parfois, sans fondement et leur réussite souvent le résultat d’un ensemble d’artifices » (p 184), « Etre patriote, ce n’est pas aimer son gouvernement, mais aimer son pays » (p 233),