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Ouary Malek

Date de création: 27-12-2018 10:50
Dernière mise à jour: 27-12-2018 10:50
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CULTURE- PERSONNALITES- OUARY MALEK

 

Peu diffusée en Algérie, l’œuvre de Ouary est une contribution à la connaissance des aberrations coloniales et à la création d’une tradition littéraire tamazight dans l’espace littéraire algérien.

Contemporain de Mouloud Feraoun, Mohammed Dib et Mouloud Mammeri qui, comme lui, ont commencé à écrire dans les années cinquante, Malek Ouary fait partie de cette génération d’Algériens marqués par le traumatisme de l’après-guerre. Formés à l’école française, beaucoup ont été enrôlés dans les troupes coloniales durant la Seconde Guerre mondiale. Une fois démobilisés, ils retrouvent les mêmes comportements de mépris et d’injustice. Égaux dans les combats aux côtés des soldats français, ils retrouvent leur statut d’indigènes qui se font massacrer (mai-juin 1945) dès qu’ils montrent des velléités d’émancipation.  Malek Ouary est né le 27 janvier 1916 à Ighil Ali. Études primaires au village, secondaires puis supérieures à Alger. Il devient enseignant en lettres puis journaliste à la section kabyle de Radio-Alger, dépendante de l’ORTF. Inspiré par Les chants berbères de Kabylie de Jean Amrouche, il se consacre à la sauvegarde du patrimoine culturel amazigh : collecte  de poésies, contes et chants ancestraux. En 1956, il publie son premier roman, Le grain dans la meule (réédité par Bouchene en 2000). Idhir assassine Akli du clan des Ath Qassi suite à un différend foncier. C’est la vendetta. Pour y échapper, Idhir  se réfugie dans le sud du pays. Mais le sens du devoir l’oblige à revenir au village pour affronter son destin. Les Ath Qassi lui laissent la vie sauve s’il accepte de renier son identité et d’intégrer celle de leur clan. Cruel châtiment : vivre en renonçant à sa propre identité, vivant mort au lieu de mort tout court. Dans les années cinquante, Ouary  s’installe en France où il entre à l’ORTF en 1959, poursuivant son travail de journaliste jusqu’à sa retraite. En 1981, il publie son deuxième roman, La montagne aux chacals (éditions Garnier), présenté ainsi par Benjamin Stora. “Le héros de ce roman-document est un Algérien pauvre de la montagne, un ouvrier agricole misérable sur une oliveraie prospère dont le propriétaire est un Français d’Algérie. Pendant la Seconde Guerre mondiale pour défendre la France, à laquelle il doit tout comme on le lui répète, il prend conscience que le devoir du sang ne sert à rien. Démobilisé, c’est en revenant dans son village que Saïd saisit toute l’horreur de la répression de mai-juin 1945. Il est conscient de sa valeur… et se heurte pourtant à l’ordre antérieur avec ses réflexes, ses préjugés, ses comportements. C’est encore et toujours le temps colonial, donc du mépris. Rien n’a bougé, alors qu’il a tout risqué pour que ça change. Il est bien décidé à réagir. De retour au village, il est foudroyé par ce qu’il découvre. Tout s’écroule. Il s’enfonce dans la montagne aux chacals vers la résistance et la liberté. Un document romancé sur l’éveil de la révolte algérienne.” Malek Ouary publie son troisième et dernier roman, La robe kabyle de Baya, en 2000 aux éditions Bouchene. Il y raconte l’histoire d’un jeune originaire de Kabylie, professeur de lettres dans un lycée d’Alger,  intégré au milieu européen, sans contact avec son monde d’origine. Durant la guerre d’Indépendance, le professeur, marié à une Française et vivant dans les beaux quartiers, se tient soigneusement à l’écart des “évènements”. Mais la réalité l’interpelle rapidement en le renvoyant à son village natal où il découvre les luttes de son peuple. Il doit se déterminer. Malek Ouary s’éteint dans l’anonymat en 2001, à 85 ans, et est inhumé à Argelès-Gazost dans les Hautes Pyrénées, en France. Peu diffusée en Algérie, son œuvre est une contribution à la connaissance des aberrations coloniales et à la création d’une tradition littéraire tamazight dans l’espace littéraire algérien.