Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Roman Lazhari Labter-" Laghouat, la ville assassinée"

Date de création: 20-11-2018 12:42
Dernière mise à jour: 20-11-2018 12:42
Lu: 1449 fois


HISTOIRE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ROMAN LAZHARI LABTER- « LAGHOUAT, LA VILLE ASSASSINÉE... »

Laghouat , la ville assassinée ou le point de vue de Fromentin. Roman (Récit romancé ?) de Lazhari Labter (préface de Daho Djerbal) , Hibr Editions, Alger 2018,  250 pages, 700 dinars 

Une terrible histoire qui s’est passée il y a longtemps, il y a très longtemps ! Un pan de l’histoire d’El-Aghouat (Laghouat)

Mars 1852 : Une armée (française) composée de 3 000 hommes et de 600 chevaux, renforcée de 100 spahis, 200 cavaliers et 1 800 dromadaires, cinq bataillons d’infanterie, quatre escadrons et d’une batterie de montagne établit son camp devant les murs de Laghouat.....la ville alors dirigée par Benacer Benchohra (l’agha incontesté de la puissante confédération des Larbâa) qui a refusé toutes les offres de reddition.

Un échec qui ne fut pas accepté. ... Déjà, depuis 1844,  Thomas-Robert Bugeaud, alors gouverneur général, estimait  la prise de Laghouat absolument nécessaire car la ville était la clef pour la colonisation des villes du Sahara, de Ghardaia à In Salah .

Décembre 1852 : Une autre expédition (dirigée par les généraux Randon, Pélissier , Yusuf et Bouscaren.....des noms tristement connus pour leurs macabres « exploits ») avec une colonne considérable atteint Laghouat. Elle est « composée de 2 800 hommes et 1 700 animaux dont 1 700 soldats d’infanterie, 2 pièces de montagne de 80 coups chacune, 30 artilleurs avec fusils de rempart, le train l’équipage des dromadaires....en tout 2 100 hommes de troupes, puis 400 cavaliers du goum (ndlr : les goumiers déjà !), 300 Arabes attachés à divers services et 1 499 bêtes de somme (....), 72 000 cartouches de réserve et 60 dans chaque giberne » . Plus un régiment de dromadaires, composé de 100 hommes et 100 bêtes (ndlr : le syndrome égypto-bonapartiste).Globalement, une armée de 6 000 hommes contre 800 à 1 000 laghouatis (un rapport de six, bien équipés, contre un) 

Très forte résistance de la ville et de ses guerriers (quelque centaine d’hommes en armes dont une grande partie d’adolescents) avec ses actes héroïques et aussi, des femmes-courage (comme Messaouda  el Hrazlia)  ......La bataille fera rage et ,le 4 décembre 1852, tout « sera emporté dans le bruit et la fureur ».  Un mot d’ordre : « Pas de blessés, tuez-les tous ! ». Un carnage affreux. Un massacre sans nom . Sans état d’âme : 2 500 hommes,femmes ou enfants tués (et 60 soldats français tués.....dont le général Bouscaren et un commandant) pour une population de 4 000 habitants  . Toute une ville jonchée de cadavres . Toute une « ville  assassinée » .Une trace indélibile dans la mémoire collective sous le nom de Aâm el-Khalia.

Benacer Benchohra , le « marin du désert » (pour son habileté dans la guérilla des sables) , celui qui avait levé d’étendard de la résistance dès 1841, continuera la lutte...en d’autres lieux.....presque jusqu’à sa mort en 1875.Il décèdera en exil , à l’âge de 80 ans, à Damas où il y est inhumé (cimetière des Maghrébins)

 

L’Auteur : Journaliste, poète, éditeur, romancier...né à Laghouat en 1952. Vit et travaille à Alger . Auteur de nombreux ouvrages (des recueils de poèmes, témoignages, des évocations.... dont le très émouvant chant d’amour maternel « La cuillère et  autres petits riens » édité en 2009,  des études, un roman... « Hiziya, Princesse de’amour » publié en 2017  et déjà présenté in « Mediatic »,des  ouvrages collectifs, plus d’une quinzaine  ...)

Extraits « Ce pays n’abdiquera pas sans combattre, parfois dans le temps long. Car, comme le dira un jeune historien algérien, Noureddine Amara, « tout au long de ce siècle colonial, au regard de la loi, l’indigène reste ce porteur, même involontaire, d’une mémoire française d’effraction (....) l’écriture de la conquête française (reste) une écriture précaire » (Daho Djerbal, préface, p 15), « Toutes les maisons sont vides, depuis la plus pauvre jusqu’à la plus riche ;on dirait une ville entièrement déménagée » (Eugène Fromentin, juin 1953, p 153) 

Avis : Daho Djerbal a bien résumé ce  livre à la forme originale : « C’est un livre d’histoire de la conquête du sud algérien par la France, dite par les propres auteurs de ces massacres sans nom, décrits comme une « promenade militaire » . Un roman historique ou de l’histoire romancée (en bonne partie car émaillé de témoignages et de documents..)...une forme d’écriture qui fait participer les acteurs, les victimes, les témoins.....Mais, il faut accepter l’écriture parfois « socio-poétique » de Labter....qui n’arrête pas de chanter sa ville natale.....tout en n’omettant pas d’y inscrire de belles histoires d’amour (içi, celle de deux adolescents, Saâd et Messaouda)

 

Citations : « La prise de Laghouat le 4 décembre 1852 eut autant de retentissement que celle d’Alger le 5 juillet 1830 » (p 37)