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Inondations- Dossier Liberté

Date de création: 28-09-2018 17:36
Dernière mise à jour: 28-09-2018 17:36
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ENVIRONNEMENT – ENQUETES ET REPORTAGES- INONDATIONS- DOSSIER LIBERTE

(c)   par :  Badreddine Khris/ Liberté, mardi 25 septembre 2018

Depuis la promulgation de la loi relative aux catastrophes naturelles en 2004, suite aux inondations de Bab El-Oued du 10 novembre 2001, rien n’a été fait pour protéger les personnes et les biens contre ce phénomène.

Les récentes inondations qui ont ravagé la ville de Constantine prouvent encore une fois que l’Algérie ne dispose toujours pas d’une véritable stratégie de prévention contre les risques majeurs. Depuis la promulgation de la loi relative aux catastrophes naturelles en 2004, suite aux inondations de Bab El-Oued du 10 novembre 2001, rien n’a été fait pour protéger les personnes et les biens contre ce phénomène. L’on assiste toujours à ces calamités naturelles, surtout à ces inondations sans aucun moyen d’intervention ou de protection. Les citoyens se résignent impuissants à subir les effets de toutes ces tragédies. Ce n’est pas le cas dans d’autres pays touchés, eux-aussi, par les mêmes désastres, où des “stratégies de prévention ont été élaborées et mises en application sur le terrain par le biais de scénarios catastrophes qui représentent de véritables soubassements d’une politique d’anticipation permettant de réduire de plus de 80% les méfaits engendrés par ces bouleversements naturels et industriels”, indique le
Pr Abdelkrim Chelghoum, expert en génie parasismique et numérique sismologie. Pour lui, le “constat lié à l’échec lamentable de toute politique de protection des personnes et des biens vis-à-vis des catastrophes, est parlant”. Il en veut pour preuve, les inondations enregistrées ces trois dernières semaines dans les wilayas de Tébessa, de Batna, de Sidi Bel-Abbès, d’Oum El-Bouaghi, d’In Guezzam, d’In Amenas et de Constantine avec des pertes en vies humaines  et matérielles très importantes totalisant des centaines de milliards de centimes. Concernant les dernières inondations, explique le professeur Chelghoum, qui est également président du Club des risques majeurs, il est clair que la cause principale des pertes est “l’implantation de grands projets d’habitations et d’infrastructures sur des terrains inondables, situés aux abords des oueds et sur des lits mineurs et majeurs des oueds dans toutes les wilayas”. Ce qui a provoqué, précise-t-il, une “remontée importante des eaux, accompagnée de glissements et d’effondrements de terrains, et ce, en dépit des dispositions de la loi de 2004 qui interdit formellement la réalisation d’ouvrages sur ces zones qualifiées de zones non-aedificandi (non constructibles)”. Un tel constat concerne, souligne Abdelkrim Chelghoum, plus de 700 communes parmi les 1 541 d’Algérie. “Malheureusement, les pouvoirs publics font la sourde oreille et laissent traîner, gèrent au jour le jour sans méthodologie ni aucune évaluation des risques majeurs auxquels est confronté notre pays”, déplore-t-il.

700 communes exposées
Comme le risque est la confrontation directe entre l’aléa (danger) et les enjeux (population et constructions) et compte tenu de l’absence totale d’études d’impact et de risques, propres à chaque région, “nous assistons à la multiplication des risques par 8, voire 9”, regrette-t-il encore. Depuis le lancement de manière aléatoire il y a plus de vingt ans de ce projet d’autoroute, les axes autoroutiers sont devenus inondables avec des affaissements et des effondrements tout le long de son tracé, d’est en ouest. Les inondations menacent l’ensemble des wilayas notamment les grandes villes situées sur des bassins versants et traversées par des oueds telles que Tizi Ouzou, Batna, M’sila, Béchar, Bordj Bou-Arréridj, Ghardaïa, Alger… Une chose est certaine, les experts s’accordent à dire que l’affectation inappropriée des sols tel que cela a été fait à Ghardaïa, la mauvaise gestion hydraulique comme c’est le cas à Aïn Defla, Bouira et Tizi Ouzou, la réaffectation des terrains agricoles devenus urbanisables dans la Mitidja, notamment à Alger, les palmeraies urbanisées, ainsi que d’autres opérations de planification territoriale et urbaines ont contribué au déclenchement de ces événements catastrophiques. D’ailleurs, 53% des constats établis après ces différentes calamités indiquent que les dégâts sont dus à toutes ces actions entreprises par l’être humain. Depuis quelques années, on note en moyenne trois inondations par an à travers le territoire national. Selon certaines statistiques d’experts, Constantine se distingue fortement parmi les différentes localités touchées et accumule 15,6% des cas sur l’ensemble des données recensées, suivie de Tizi Ouzou avec 8,9%, Aïn Defla avec 5,6%, puis Alger, Ghardaïa et Bouira avec 4,4%. Ce phénomène s’accentue surtout avec l’absence d’une cartographie nationale qui identifie les zones inondables dans notre pays.


Principaux événements
En Algérie, les inondations figurent parmi les catastrophes naturelles les plus fréquentes et les plus dévastatrices dans certains cas, touchant plusieurs régions, atteignant parfois l’ampleur d’une catastrophe nationale telles que :
- Tizi Ouzou (1971) : 42 morts et des centaines d’habitations détruites
- Tizi Ouzou (1974) : 52 morts et 18 000 sinistrés
- El-Eulma (1980) : 44 décès
- Annaba (1982) : 28 décès et 9 500 sinistrés
- Jijel (1984) : 29 décès et 11 000 sinistrés
- Bordj Bou-Arréridj (1994) : 18 décès et des milliards de dégâts
Bab El-Oued (2001) : 800 décès et 115 disparus
- Ghardaïa  (2008): 100 victimes
- Khenchela (2013)


Il faut noter que les quatre premières catastrophes citées dans ce tableau relèvent de la catégorie liée à des situations météorologiques exceptionnelles. Les deux dernières ont trait à l’activité humaine comme celles qui inondent presque chaque hiver la ville de Tiaret. Parmi les régions sujettes aux inondations dues principalement au site topographique défavorable, on peut citer les villes de Batna, de Médéa, d’Aïn Defla et de Tizi Ouzou, situées au piémont de montagnes. Oued Rhiou, Sidi Bel-Abbès, BBA, Batna et M’sila sont, elles, traversées par des oueds. Il n’existe pas de régions en Algérie prémunies contre ce risque. Ces événements demeurent imprévisibles dans le temps et l’espace, et constituent une des contraintes majeures pour le développement durable du pays.


25 milliards de dinars de dégâts en 2018
Les catastrophes naturelles enregistrées en Algérie en 2018 ont causé 25 milliards de dinars de dégâts, a indiqué, jeudi dernier, à Constantine, le délégué national aux risques majeurs auprès du ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Tahar Melizi. Il a indiqué que jusqu’au 19 septembre dernier, les catastrophes naturelles, notamment les inondations qui ont touché diverses régions du pays (18 wilayas), ont coûté à l’État 25 milliards de dinars.


Deuxième risque majeur après les séismes

< Parmi les quatorze risques majeurs répertoriés par l’ONU, le risque d’inondations en Algérie fait partie des dix risques majeurs répertoriés sur le territoire et cités par la loi 04-20 du 25 décembre 2004 relative à la prévention des risques majeurs et la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable (Jora., 2004). Il est en deuxième position après les séismes et les risques géologiques dans le classement national des risques majeurs, vu l’ampleur des dégâts matériels et immatériels engendrés.