Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Ain Témouchent- Viticulture

Date de création: 24-06-2018 08:52
Dernière mise à jour: 24-06-2018 08:52
Lu: 1398 fois


AGRICULTURE- REGIONS- AIN TEMOUCHENT – VITICULTURE
Aïn Témouchent
La viticulture en difficulté
©Par Mohammmed Kali/El Watan, mercredi 20 juillet 2016
Deux aspects des vendanges 2016 auront des impacts positifs.
Le premier concerne le raisin de table, dont les vendanges ont débuté avec les raisins précoces, et le second a trait aux crus de bonne qualité que vont élaborer les transformateurs à partir de la mi-août, début de la cueillette du raisin de cuve. Pour ce qui est de la vigne de table, ses progrès vont être accentués du fait que le créneau est plus porteur que jamais, la demande étant plus forte cette année. Elle l’est en raison des dommages subis par les autres fruits de saison subséquemment à la sécheresse et aux effets pervers d’un usage fâcheux des produits phytosanitaires, des engrais et de la culture sous serre qui leur ont fait perdre leurs qualités gustatives.
Quant aux transformateurs, ils sont gagnants du fait que les grappes de raisin de cuve qui, elles, n’ont pas souffert de maladies cryptogamiques jusqu’à l’heure actuelle leur poids sera moindre du fait que la grosseur des baies va être amoindrie. Il y aura moins de suc mais il sera plus concentré avec plus de sucre et d’arômes. De la sorte, ce qui sera perdu en termes de quantité sera récupéré en termes de qualité des vins. L’ennui dans l’affaire, c’est qu’ils font payer cette dernière à leur clientèle sans répercussion d’une partie des gains au profit du viticulteur, qui, lui, n’est rémunéré que sur la base des quantités livrées.
Pourtant, depuis des décennies, la tendance à l’échelle mondiale, est à la promotion de la qualité en raison d’une constante baisse de la consommation et la concurrence de la production de nouveaux pays viticoles. Qu’en est-il des chiffres ? Question pluviométrie, à Témouchent, il est tombé 294mm en 2016 contre 446 en 2015, sachant que le déficit aurait pu être sans gros effets si les précipitations n’avaient pas fait défaut en automne durant la période critique du développement des ceps.
En effet, la vigne de cuve étant un arbuste rustique, le stress hydrique, s’il n’est pas étalé sur quelques années successives, ne l’empêche pas de produire. Concrètement à Témouchent, première région viticole du pays, ses 8 337 ha de vignoble de cuve, selon une estimation de la DSA, vont produire cette année 210 000 q, soit 15 à 20% de moins en termes de quantité qu’en 2015.
C’est dire si, encore cette année, la concurrence va être rude entre les grands crus de l’Ouest (GCO), principal transformateur privé, et l’Office national de la commercialisation des vins (ONCV). Face à eux, les producteurs de raisin n’en tireront aucun bénéfice, la profession ayant été émiettée par une catastrophique politique des pouvoirs publics. La rivalité entre les deux transformateurs a reçu un coup de fouet inespéré, car il n’était pas dit que l’ONCV allait acheter du raisin cette année en raison de ses surstocks, dans la mesure où 60% du marché national sont passés entre les mains des importateurs, ces derniers profitant de leur mainmise sur les circuits de commercialisation pour ne pas écouler la production nationale.
C’est d’ailleurs, curieusement, le seul créneau où l’Etat n’est pas intervenu pour limiter les importations. En fait, c’est grâce à une importation de 3 millions de bouteilles, soit 22 500 hl, par Singapour que l’ONCV au bord de la faillite s’en est tiré. On s’attend à ce que la Turquie importe pour sa part 15 millions de bouteilles. Mais encore, GCO a sollicité l’ONCV pour l’achat de vins en vrac. On ne sait quelles quantités ni pour quelles variétés de vins. Il n’est pas difficile de le deviner sachant que GCO qui a consenti un notable investissement en matière d’équipement vinaire de ses caves pour l’élever au rang des standards internationaux, ne possède comme cépages de qualité que le Grenache et le Carignan lesquels, ajoutés au terroir, font la typicité des vins algériens et dont GCO tire des vins de qualité. Il lui fait défaut les cépages améliorateurs que seul l’ONCV possède pour les avoir introduits il y a plus d’une décennie. L’ONCV acceptera-t-il le marché ?
L’Algérie à la traîne
A titre comparatif, en France, la viticulture représente 15% de la valeur de sa production agricole, cela pour seulement 3% de la SAU, soit près du double de ce qu’il en était en Algérie jusque dans les années 1970. Les exportations françaises de vin rapportent 7,6 milliards d’euros, le vin étant le second secteur d’exportation français. Pour ce qui est du Maroc, le vin y est un secteur économique en plein essor, avec 49 000 ha pour 230 000 t de raisin, dont 58 000 de raisin de cuve, soit une production de 400 000 hecto de vin par an dont 40% sont exportés, ce qui fait du Maroc le deuxième grand producteur vinicole dans le monde arabe. La Tunisie, sur 15 000 ha produit 300 000 h. Quant à l’Algérie, sur 50 000 ha, elle ne produit que 500 000 hectolitres. Normal diront d’aucuns, ne serait-ce que parce que le secteur de l’agriculture a connu, en cinq ans, trois ministres sans qu’aucune stratégie claire soit dégagée.
©Mohammed Kali