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Enfance- Bonheur

Date de création: 14-06-2018 12:33
Dernière mise à jour: 14-06-2018 12:33
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POPULATION – ETUDES ET ANALYSES – ENFANCE – BONHEUR


Une étude internationale, établie par Children’s Worlds sur le bien-être des enfants dans quinze pays, classe les enfants algériens à la quatrième place des enfants les plus heureux du monde. Cette étude, publiée ce mois de mai 2015, à laquelle ont participé plus de 50 000 enfants âgés entre 8 et 12 ans, établit le bien-être à partir d’indicateurs multidimensionnels tels que la relation avec la famille, son entourage, sa famille, sa vie scolaire ainsi que son environnement. L’Algérie se classe quatrième derrière la Roumanie (1e), la Colombie (2e) et Israël (3e).
Le rôle de la vie familiale et scolaire dans le bonheur de l’enfant
Pour mesurer le sentiment du bien-être, l’étude a utilisé des échelles internationales psychométriques ainsi que des questions individuelles sur le niveau de satisfaction des enfants. Elles ont comme objectif de quantifier le bonheur dans toute sa complexité. L’étude a été menée en Algérie par le professeur Habib Tiliouine, responsable du Laboratoire Processus Educatifs et Contexte Social (Labo-PECS) à l’Université d’Oran. « On a trouvé qu’en Algérie, les enfants sont plus satisfaits de leur vie familiale et leur vie scolaire que leur vie sociale (amis, etc.), alors qu’en Allemagne, par exemple, leur satisfaction vient plutôt de leurs relations avec leurs amis », a analysé le professeur.
« En Algérie, ce qui est frappant est la satisfaction des enfants de leur vie à l’école, bien plus que des pays développés comme la Corée du Sud, » poursuit-il. Selon le professeur Tiliouine, l’explication viendrait du fait que l’enfant algérien « n’a pas d’autre espace où jouer. L’école est le seul endroit où l’enfant peut rencontrer d’autres enfants, car s’il n’est pas à l’école, il est généralement chez lui. L’école devient donc l’unique lieu de socialisation. Un phénomène qu’on observe dans les pays sous-développés. » De plus, malgré l’absence de biens matériels, l’enfant algérien reste quand même globalement heureux. Pour le responsable de l’étude, l’explication est toute simple : « Le bonheur n’est tout simplement pas conditionné par l’aspect matériel », affirme-t-il.

Un climat de peur qui affecte l’enfant algérien
L’étude sur le bien-être de l’enfant algérien ne se cantonne qu’à la région ouest de l’Algérie, principalement El Bayadh, Tlemcen et Oran. « On aurait bien aimé représenter tout le pays, mais nous manquons sérieusement de moyens. » Pour le professeur Tiliouine, une étude sur tout le pays aurait néanmoins donné les mêmes résultats : « L’étude que nous avons menée reflète l’Algérie profonde, » déclare-t-il, « Nous sommes allés jusque dans des régions rurales où il n’y a absolument rien. À El Bayadh, nous avons même travaillé avec les enfants des nomades, des internes à partir de l’âge de six ans. De plus, nous avons observé toutes les conditions par rapport à l’échantillonnage. L’étude est représentative de la situation de l’enfant algérien. »
Interrogé sur ce qui distingue l’enfant algérien des autres enfants du monde, le professeur Tiliouine estime que « les enfants algériens ne se sentent pas en sécurité par rapport à leur environnement. » Le climat de peur de ces dernières années dû aux multiplications de kidnappings aurait donc joué un rôle sur la psyché de l’enfant, « surtout lorsque l’enfant ne cesse de se faire avertir par ses parents des risques d’être kidnappé,» précise le professeur.
L’attitude positive, un choix
Qu’en est-il lorsqu’on fait un comparatif entre l’enfant et l’adulte algérien ? Pour le professeur Tiliouine, qui a aussi travaillé sur le bien-être des adultes, il n’y a aucun doute : « Avec l’âge, on perd beaucoup de notre bonheur. Même dans l’enfance, les enfants de 12 ans sont moins heureux que les enfants de 8 ans. » Le responsable du Labo-PECS à l’Université d’Oran explique ce phénomène par le fait que « le mode par défaut de l’être humain est d’être heureux. Par la suite, la réalité lui tombe dessus et affecte ce bonheur. »
Comment faire donc pour lutter contre l’atmosphère de sinistrose ambiante, le fameux « dégoutage » que semblent vivre les Algériens ? Le professeur Tiliouine offre sa perspective : « En Algérie, on voit les problèmes d’une manière brusque, on est choqués par la vie, » observe-t-il. « Il faut avoir une attitude positive. La vie de l’Algérien est difficile, personne ne peut le nier, mais avoir une attitude positive est un choix. Les choses ne sont jamais aussi sombres qu’elles en ont l’air. Il faut juste avoir la volonté de regarder la vie d’une manière positive, » conclut-il.