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Crash d'avions militaires - Tlemçani Salima/El Watan

Date de création: 05-01-2015 15:11
Dernière mise à jour: 05-01-2015 15:11
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DEFENSE- ENQUETES ET REPORTAGES – CRASH D’AVIONS MILITAIRES – TLEMÇANI SALIMA/EL WATAN

Délégation des hauts gradés de l'ANP à Moscou

Mystère autour des crashs d’avions militaires

© Salima Tlemçani/El Watan,  2 décembre 2014

 

 

 

Pour élucider le mystère des nombreux crashs d’avions militaires, deux commissions d’enquête ont été installées par le ministère de la Défense nationale, alors qu’une délégation d’officiers s’est rendue en Russie, pour discuter avec le constructeur des avions concernés par les accidents aériens.Jamais l’armée algérienne n’a subi autant de crashs que durant cette dernière décennie.

Au moins six ont eu lieu durant la période 2001-2006 et presque autant entre 2006 et 2014. Le plus récent a eu lieu le 11 novembre dernier à Hassi Bahbah. C’était lors d’une séance d’entraînement avec un Mig 25 ; le pilote avait réussi à s’éjecter avant que l’appareil ne s’écrase. Moins d’un mois auparavant, le 13 octobre, un bombardier de type Soukhoi (SU 24) s’est crashé dans la même région, causant la mort du pilote et de son officier navigateur. Le 9 mars 2014, un hélicoptère de l’ANP rate son décollage à l’aéroport d’In Amenas, et retombe quelques centaines de mètres plus loin. Moins d’un mois plus tôt, le 11 février, un avion de transport type Hercule C130 s’écrase sur le mont Djebel Fartas, à Oum El Bouaghi, tuant les 77 passagers qui étaient à son bord.

Pour les forces aériennes, c’est une véritable catastrophe. Cela rappelle les accidents qui ont eu lieu durant la première décennie des années 2000, marquée par au moins 15 accidents aériens. Le premier a eu lieu à Aïn Turck, dans la wilaya d’Oran : un Mig 29 s’écrase, faisant un mort et un blessé grave. Le 16 septembre 2002, c’est un hélicoptère qui se crashe à Sidi Bel Abbès, causant la mort des deux officiers qui étaient à son bord. Le 13 juin 2003, un Mig 21 s’écrase lors d’un entraînement à El Bayadh, tuant le pilote. Le 18 septembre 2005, un autre Mig s’écrase à Sidi Bel Abbès, tuant les deux passagers qui étaient à son bord, puis un autre le 11 décembre 2005 à Bousfer.

Le 1er février 2006, un avion de combat Soukhoi s’écrase à Mechria, causant la mort du pilote, et le 16 juin 2007, un Mig 29 connaît le même sort à Boutlelis. Le 19 février 2008, deux Mig 29 se télescopent en plein ciel, au sud d’Oran, entraînant la mort des trois militaires qui étaient à bord. Au mois de février 2009, un autre Mig s’écrase à Bou Hanifia (Mascara), puis deux autres : le 23 février 2009 à Sidi Bel Abbès et le 14 janvier 2010 entre Bel Abbès et Mascara. En juillet 2011, un Mig 29 se crashe non loin d’Oran. Après six accidents, au début des années 2000, le ministère de la Défense nationale avait ouvert une enquête sur les conditions dans lesquelles les marchés relatifs à l’acquisition, notamment auprès de l’Ukraine et de la Biélorussie, des avions de types Mig 29 et Sukhoi.

En 2006, «trois officiers supérieurs de l’armée ont été déférés devant le tribunal militaire pour corruption. Ils ont écopé d’une peine de six mois de prison», nous confient des sources proches du dossier. La même année, à l’occasion de la visite en Algérie du président russe, Vladimir Poutine, des contrats pour la livraison d’avions plus performants devaient permettre de remplacer la flotte vieillissante durant la période 2007-2010. Après l’acquisition des Mig 29-SMT, les techniciens de l’aviation militaire ont émis de nombreuses réserves quant à la qualité des appareils. L’affaire a fait scandale et le contrat a été revu pour inclure d’autres avions plus performants.

Néanmoins, la multiplication des crashs d’avions, dont certains nouvellement acquis, suscite de lourdes interrogations sur les capacités techniques des équipements dont ils sont dotés. Les deux derniers crashs – un Mig 25 et un Sukhoi 24 – ont poussé le ministère de la Défense nationale à installer deux commissions d’enquête chargées d’élucider les circonstances dans lesquelles ces accidents ont eu lieu. La première est présidée par un officier de la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA), alors que la seconde est dirigée par un colonel de l’Ecole de l’air de Tafraoui. «Il est question de mener une enquête axée sur le volet technique des appareils qui se sont crashés, mais aussi sur l’ensemble des avions de la flotte, particulièrement les types touchés par les accidents», expliquent nos sources.

Dans ce cadre, précisent-elles, une délégation formée par des membres des deux commissions s’est rendue en Russie et a été reçue par les dirigeants du constructeur russe Soukoï et Mikoyan-Gourevitch, ainsi que par de hauts responsables du ministère de la Défense nationale afin de comprendre pourquoi de tels accidents surviennent. «En matière d’enquête sur les crashs, le constructeur est toujours impliqué. Il doit, lui aussi, trouver des réponses à l’accident. Raison pour laquelle la délégation s’est déplacée à Moscou, où une enquête a été ouverte.»

Officiellement, rien n’a filtré sur ces commissions d’enquête. Le ministère de la Défense nationale n’a pas pour habitude d’informer l’opinion publique sur les résultats des enquêtes qu’il dit mener sur les nombreux crashs connus jusqu’ici. Pourtant, leur répétition et leur gravité – comme cela a été le cas pour celui d’Oum El Bouaghi avec ses 77 morts – laissent planer le doute sur les conditions dans lesquelles les marchés d’acquisition d’avions militaires sont conclus. A ce jour, les dépenses militaires restent loin de tout contrôle parlementaire.
 

© Salima Tlemçani/El Watan