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Dinar algérien - Histoire

Date de création: 06-05-2014 15:42
Dernière mise à jour: 17-06-2018 12:35
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FINANCES - MONNAIE - DINAR ALGERIEN - HISTOIRE

"Au lendemain de l’accession de l’Algérie à l’indépendance, il importe que notre pays recouvre pleinement l’exercice de tous les attributs de sa souveraineté.  À cette fin, il convient, en particulier, que l’État algérien exerce désormais, par l’entreprise d’un Institut d’Emission spécifiquement algérien, son droit régalien d’émettre de la monnaie»,

(extrait de la loi 62-144 du 13 décembre 1962 portant création et fixant les statuts de la Banque centrale d’Algérie)

La première institution financière créée au lendemain de l’indépendance est la Banque centrale d’Algérie. Cette création répondait aux aspirations de l’Algérie, qui voulait exercer pleinement tous les attributs de sa souveraineté. La création d’une monnaie propre à elle lui a permis  de sortir définitivement de la «zone franc», en vigueur depuis 1848. L’ancien directeur de l’Hôtel de la monnaie, Aberrahmane Ammour ( 1964 – 2009), invité début mai 2014 du  Forum de la Mémoire d’El Moudjahid, initié en coordination avec  l’association Machaâl Echahid, à l’occasion du cinquantenaire du dinar algérien, a revisité l’histoire de  la monnaie algérienne, le dinar algérien, unité monétaire du pays depuis le 1er avril 1964. Date à laquelle il a remplacé le franc algérien, par la loi 64-111 du 10 avril 1964 , qui était, jusqu’en 1970, coté plus ou moins à 1 DZD pour 1 FRF ou 180 milligramme d’or.  En frappant sa propre monnaie, l’Algérie est devenue, le premier pays arabe et africain à avoir fabriqué sa propre monnaie. L’imprimerie de billets de banque existait déjà en Algérie en 1925, parce que la France coloniale avait choisi Alger, par mesures de sécurité, pour implanter «l’usine des billets». Faisant, ainsi, de l’Algérie, le seul pays encore colonisé, à disposer d'une imprimerie fiduciaire pour imprimer une monnaie «locale». «L'Algérie a été par ailleurs le premier pays arabe, avant le Maroc, et le premier d'Afrique, avant même l'Afrique du Sud, à imprimer ses propres billets de banque», a indiqué Ammour.
Cet ancien cadre responsable dans les finances a présenté, dans le détail, le processus d'imprimerie en expliquant les différentes étapes de production fiduciaire depuis sa fabrication jusqu'à sa mise en circulation, après vérification de chaque billet recto-verso par les employés, essentiellement des femmes, qui procédaient à un contrôle de 1.000 feuilles par jour. Auparavant, ce sont seulement 60.000 billets de banque qui étaient imprimés, aujourd'hui ce sont 60 millions de coupures de billets.
Le conférencier, qui n’a pas la passion des historiens, a tout de même, avec un bref aperçu historique sur l’appellation «dinar», réussi à emmener les présents dans un long voyage à travers le temps pour démontrer que la première monnaie officielle en Algérie a été frappée bien avant l’époque de Massinissa. Au lendemain de l’indépendance, il fallait donc choisir une appellation. Trois possibilités s’étaient présentées, le dirham, le dinar ou le ryal. Des appellations très répandues dans le monde arabe. À propos de l’origine du dinar, il existe plusieurs hypothèses. Pour certains, le mot est évoqué dans le Coran, pour d’autres, il trouve ses racines dans le drachm, pour d’autres historiens  le dinar tirerait son nom d’un célèbre général arabe, Abou Mouhadjir Dinar. Ce conquérant s’était emparé, en l’an 55 de l’Hégire, de l’empire de Byzance qui occupait, en ce temps-là, l’ensemble du Maghreb. Bref, les autorités algériennes avaient opté pour l’appellation du dinar.
Mais le plus important à retenir, c’est que la monnaie algérienne a de tout temps existé. L’émir Abdelkader s’était, lui aussi, fait un devoir de frapper sa monnaie. Mais, après sa défaite, la puissance coloniale avait imposé ses lois et sa monnaie.
Le conférencier dit qu’«au départ, en raison du manque de cadres, il fallait l’assistance technique des Français». Les billets étaient fabriqués en Algérie. Ce qui peut paraître anodin ne l’est pas. Les billets «made in Algeria» ne sont pas le fruit du hasard, mais cela s’est fait grâce à la volonté politique et à l’engagement de cadres qui ont su être à la hauteur de ce défi.
L’ancien directeur de la monnaie a conclu son intervention, en soulignant qu’«en 1962, la circulation monétaire était de 2 milliards de dinars, et qu’aujourd’hui elle est de l’ordre de 2.000 milliards de dinars».
(c) Nora Chergui/El Moudjahid

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2 questions à Abderrahmane Ammour, ancien directeur général de l’Hôtel des monnaies

M. Abderrahmane Ammour, vous êtes ancien directeur général de l’Hôtel des monnaies. Compte tenu du rôle et de la place de la Banque d’Algérie, Avez-vous été sollicité pour fabriquer des monnaies pour des pays étrangers ?
La Banque d’Algérie a créé l’ouguiya, la monnaie mauritanienne. Nous avons également fabriqué des billets pour la Guinée-Bissau. Ce sont-là, deux opérations politiques. Ce ne sont pas des opérations commerciales.

Quelles ont été donc les opérations commerciales de l’imprimerie de la Banque d’Algérie ?
L’imprimerie n’effectue en fait que les opérations liées à la souveraineté ou à la sécurité des documents. Elle ne travaille que pour le compte des autorités du pays. Nous ne faisons pas de bénéfices. On refacture le coût de revient seulement. Cela dit, nous avons effectué plusieurs réalisations. Je pourrai citer, notamment, les diplômes universitaires et d’études supérieurs,  les bons de caisse, les chèques de différentes sortes. On a également  fabriqué  des passeports. Cependant, on n’a pas fabriqué les permis de conduire et les cartes d’identité nationale, parce que ces pièces d’identité sont faites en Algérie par l’Imprimerie officielle. Or, on ne concurrence pas l’Imprimerie officielle de notre pays. On concurrence les établissements étrangers.
Propos recueillis par Soraya G.

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Rôles et missions de la Banque d’Algérie :
La Banque d’Algérie a pour mission de maintenir dans le domaine de la monnaie, du crédit et des changes, les conditions les plus favorables à un développement ordonné de l’économie. La Banque d’Algérie établit les conditions générales dans lesquelles les banques et les établissements financiers algériens et étrangers peuvent être autorisés à se constituer en Algérie et à y opérer. Elle établit, en outre, les conditions dans lesquelles cette autorisation peut être modifiée ou retirée.
La Banque d’Algérie détermine toutes les normes que chaque banque doit respecter en permanence, notamment celles concernant :
— les ratios de gestion bancaire
— les ratios de liquidités
— l’usage des fonds propres
- risques en général, etc.
Soraya G.

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Les émissions de billets
Les articles de 37 à 40 de la loi n°62-144 du 13 décembre 1962 portant création et fixant les statuts de la Banque centrale d’Algérie, relatifs au privilège d’émission, stipulent que :
La Banque centrale exerce seule, par délégation de l’État, le privilège d’émettre en Algérie des billets de banque. Les billets émis par la Banque centrale ont seuls cours légal à l’exclusion de tous les autres. Les billets émis par la Banque centrale ont un pouvoir libératoire illimité. Sous réserve de dispositions de l’article 31, le conseil décide de la création des billets, de leur retrait, des conditions de leur échange et de leur annulation, il en ratifie l’émission. Il détermine la valeur faciale et le type, ainsi que toutes les autres caractéristiques de coupures. Le remboursement d’un billet mutilé ou détérioré est accordé lorsque la coupure comporte la totalité des indices et signes recognitifs. Dans les autres cas, le remboursement total ou partiel relève de l’appréciation de la Banque centrale. Aucune opposition ne peut être signifiée à la banque centrale, l’introduction, l’usage, la vente, le colportage et la distribution des billets falsifiés ou reproduits sont sanctionnés par les dispositions pénales en vigueur.                                                                                              
S. G.

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À retenir…
- La Banque centrale d’Algérie fut créée par la loi numéro 62-144 votée par l’Assemblée constituante le 13 décembre 1962, portant création et fixant les statuts de la Banque centrale, souligne le site web de la Banque d’Algérie.
- Des aménagements furent apportés au cours des années 1970 et le début des années 1980. La réforme du système financier, tant dans son mode de gestion que dans ses attributions, devenait néanmoins impérative.
- La loi n° 86-12 du 19 août 1986 portant régime des banques marque l’amorce de la refonte du système bancaire algérien.
- C’est ainsi que la Banque centrale recouvre des prérogatives en matière de définition et d’application de la politique monétaire et de crédit, en même temps qu’étaient revus ses rapports avec le Trésor public. Ces aménagements se sont toutefois avérés peu adaptés au nouveau contexte socio-économique marqué par de profondes réformes, souligne le même site.
- La loi n° 90-10 du 14 avril 1990 modifiée et complétée relative à la monnaie et au crédit allait redéfinir complètement la configuration du système bancaire algérien.
- La loi confère ainsi une large autonomie, tant organique que fonctionnelle à la Banque centrale, désormais dénommée Banque d’Algérie.


Malgré toutes les décadences qu’il a connues ces dernières années, le dinar algérien a célébré, le 10 avril 2016, son 52e anniversaire.
Créé le 10 avril 1964, après la promulgation du décret n°64-111, il fut suivi le même jour par la création de nouveaux billets de 100, 50 et 10 DA pour remplacer les billets de 100, 50 et 10 nouveaux francs algériens et les anciens billets de 10 000, 5000 et 1000 anciens francs algériens. Une action majeure dans le processus de l’indépendance monétaire de l’Algérie survenue sur proposition du président de la Banque centrale d’Algérie, Mohamed Seghir Mostefaï. La création du billet de 5 DA n’a été décidée qu’en décembre 1964, pour remplacer les billets de 5 nouveaux francs algériens et 500 anciens francs algériens.
Ce billet est une œuvre d’art dessinée par le grand peintre M’hamed Issiakhem. Le dinar algérien est passé par plusieurs étapes au cours de cette cinquantaine d’années. Il a certes changé de forme, passant du billet à la pièce de monnaie. De nouvelles pièces ont été introduites, d’autres retirées sans pour autant apporter une valeur ajoutée à la monnaie elle-même. Depuis son adoption en tant que monnaie officielle de l’Algérie indépendante, le dinar n’a eu de cesse de connaître des dévaluations. La toute dernière date de l’an passé, où il a perdu encore de sa valeur. Peu après cette dévaluation, l’Algérie a perdu le premier gouverneur de la Banque d’Algérie qui avait eu le privilège de signer sur le premier billet de banque algérien.
Le 18 janvier dernier, Mohamed Seghir Mostefaï s’est éteint à l’âge de 90 ans. Avec la mort de ce grand homme, militant et un des négociateurs des Accords d’Evian signés en mars 1962, une figure de l’histoire de l’Algérie colonisée et indépendante s’en est allée. Feu Mostefaï faisait aussi partie de la délégation algérienne qui, avec Mohamed Seddik Benyahia, ministre des Affaires étrangères à l’époque, avait joué un rôle important entre les Etats-Unis et l’Iran dans la crise des otages américains retenus l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran.