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Documents historiques - Lettre du Colonel Lotfi (16-3-1960)

Date de création: 19-02-2014 15:16
Dernière mise à jour: 24-03-2014 09:58
Lu: 1282 fois


HISTOIRE –DOCUMENTS ET TEXTES REGLEMENTAIRES – DOCUMENTS HISTORIQUES - LETTRE DU COLONEL LOTFI (16-3-1960)

Le 27 mars 1960 tombait au champ d'honneur à Djebel Béchar le colonel
Lotfi, de son vrai nom Benali Boudghène. Il avait 26 ans. Le 16 mars,
il avait écrit une lettre émouvante à sa femme, une lettre d'adieu, pleine d'amour pour son épouse et pour le ^patrie :


A ma très chère femme,


Je m'excuse à l'avance de n'avoir pas osé t'annoncer de vive voix ce
que je vais t'écrire. J'espère que lorsque tu recevras cette lettre,
je serai bien loin en Algérie, ma Patrie Chérie.

En effet, je suis en pleins préparatifs et je dois rejoindre
l'intérieur dans les plus brefs délais. Je crois ne t'apprendre rien
de neuf en te disant que c'est la seule place possible pour moi en ce
moment. Il m'est devenu impossible, intolérable, insoutenable de
continuer à vivre à l'extérieur, ceci en dehors de toute considération
de quelqu'un d'autre que ce soit. Ensuite, en tant que chef, que
Révolutionnaire, qu'idéaliste imbu de principes, je dois être aux
côtés de mes hommes pour les soutenir et du Peuple pour le réconforter
et renforcer son moral.

De ton côté, je crois avoir tout fait pour t'ôter dès le premier jour
toute illusion concernant ma présence à tes côtés tant que durerait la
Révolution. Je t'ai toujours dit que je n'ai été et que je ne suis que
par la Révolution et pour la Révolution. Il m'est même très difficile
d'envisager pour moi une autre vie que la vie Révolutionnaire. Je te
demanderai donc de faire preuve de beaucoup de courage et de patience
; je sais que tu en es capable. De mon côté, j'espère que tout se
passera bien. Dans le cas contraire, j'aurais connu la plus belle fin
qu'aurait pu souhaiter et rêver un jeune Révolutionnaire. Alors il
faudra que tu fasses preuve de beaucoup plus de courage encore. Tu
pourras être très fière de ton mari et celui que je te confie, mon
fils, le sera aussi beaucoup de son père. Au nom de l'Algérie, pour
laquelle j'aurais vécu et j'aurais tout donné, et au nom de notre
Amour, je te recommande instamment de veiller sur mon fils, sur son
éducation, de lui donner une très solide instruction et d'en faire
surtout un grand Nationaliste et un grand Révolutionnaire capable de
réaliser ce que son père n'aura pas pu faire parce que la vie ne lui
aura pas accordé assez de temps.

En ce qui te concerne personnellement, je te recommande encore une
dernière fois de t'améliorer, de te perfectionner, d'approfondir tes
connaissances et d'être toujours à l'avant-garde des jeunes femmes
algériennes et un exemple sans reproche aucun.

C'est tout. Embrasse pour moi toute la famille.

Je t'embrasse.