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Ouargla- Ksar

Date de création: 03-01-2013 11:21
Dernière mise à jour: 03-01-2013 11:21
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HABITAT – VILLE – OUARGLA – KSAR

 A quelque 800 km d’Alger, le ksar de Ouargla s’étale dans l’ultime cuvette aquifère d’une rivière, l’oued Mya, «le fleuve aux cent affluents».

Selon l’historien et sociologue Ibn Khaldoun, Ouargla fut, un temps, une liaison avec l’Egypte, le Niger, Kairouan, Béjaïa, Tlemcen, Fès, etc. Comme il raconte, dans le tome III, page 286, L’histoire et l’évolution du ksar. Un outillage en silex taillé datant de l’ère paléolithique et des pierres polies du néolithique ainsi que des ossements ont été trouvés aux alentours du ksar. Actuellement, ils sont conservés au Musé de Ouargla, fermé depuis trois ans pour des travaux de restauration. Au nord et à l’est du ksar, s’étend une gigantesque palmeraie verdoyante. A l’est également, d’immenses dunes de sable doré culminent à Aïn Beïda. Plus loin encore, toujours à l’est, on peut voitr quelques timides hamadas. A 4 km au sud, florissait autrefois la ville mythique de Sedrata, engloutie par le sable.

Selon Jean Lethielleux, dans son livre d’histoire Ouargla, cité saharienne. Des origines au début du XXe siècle, le ksar de Ouargla a été construit après la destruction de Sedrata. «Après les sauvages destructions de l’an 1075, il restait pourtant, surtout dans la périphérie de la cuvette, loin de Sedrata, des maisons dans les villages, des palmiers dans les jardins. Ceux qui n’avaient rien et qui ne voulaient pas émigrer constituèrent un groupe assez important. Oublieux de leurs querelles personnelles, ibadites et malékites décidèrent de construire des habitations». Par contre, l’archéologue Marguerite Van Berchem considère que «les ibadites, lorsqu’ils sont venus s’installer dans la région de Ouargla pour ériger Sedrata, ont trouvé une ville déjà construite depuis des siècles». Les habitants du ksar sont des berbères de Znata (Zénètes), issus de Si Ouargli.

Actuellement, plus de 10 000 habitants peuplent le ksar. Ils communiquent entre eux en tiguerguert, une branche de l’amazigh, et en arabe dialectal avec les autres. Sur la superficie des 30 ha du ksar, trois clans ou aârouch partagent le terrain, les Beni Ouaggine, les Beni Sissine et les Beni Brahim. Tout autour du ksar se dresse une muraille protectrice et une tranchée. Pour pénétrer dans le ksar, notre guide, le professeur Karim Kouchy, nous mène aux sept portes du ksar. Deux portes pour chaque tribu, sauf pour les Beni Ouaggine qui en ont trois.

Une porte pour l’entrée des nouveaux mariés, et l’autre pour la sortie des cortèges funèbres. La composante de la population du ksar est répartie entre sunnites, ibadites ainsi que quelques chrétiens. Côté architecture, le style saharien est prédominant. Selon Abderaouf Bouziène, architecte, l’usage des matériaux de construction sont naturels à 100%. «Le ksar est construit avec le tuf blanc, le ‘‘timchemt’’, qui servait comme ciment ou plâtre. Les troncs des dattiers servaient de poutrelles, portes, etc. Les murs ont une forme pyramidale, une base large qui rétrécit en remontant. Les poids du toit et du premier étage d’une maison sont bien supportés par ces murs.

L’épaisseur du toit arrive jusqu’à un mètre, qui est composé de couches légères et superposées de ‘‘timchemt’’ et d’engrais d’animaux. Cette technique protège de la chaleur extrême et des pluies», dira l’architecte. A l’intérieur des habitations, l’espace est partagé en chambres sur les côtés latéraux et d’une ouverture centrale qui sert à l’aération appelée ‘‘imzarguen’’. Une autre curiosité intéressante est visible au ksar, c’est le signe de «Tanit», avec des variations, qui est omniprésent sur tous les frontons des portes des maisons du ksar. Il est connu à Ouargla sous l’appellation de ‘‘lam-alif’’. Le Tanit est une divinité carthaginoise, dont le signe est formé d’un triangle surmonté d’un petit cercle en haut. Le dernier signe a disparu en 1997. Ce ne sont que d’anciennes photos qui le démontrent. Cependant, la vie moderne semble prendre le dessus au sein du ksar. Plusieurs habitations abandonnées sont en ruine. Un autre patrimoine qui disparaît…

Omar Arbane (publié in El Watan, jeudi 3 janvier 2012)