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Déchets urbains et agro industriels - Rapport Anpep 2012

Date de création: 24-12-2012 20:06
Dernière mise à jour: 24-12-2012 20:17
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 ENVIRONNEMENT - DECHET - DECHETS URBAINS ET AGRO INDUSTRIELS- RAPPORT ANPEP 2012

 

 

(Rapport de l’Association nationale de protection de l’environnement et la lutte contre la pollution , ANPEP, . Extraits et  article de Naima Benouaret d'El Watan, 12 novembre 2012)

S’appuyant sur des données officielles, jusque-là tenues confidentielles par le ministère de tutelle, l’association a dressé un état des lieux sur la gestion des déchets urbains et agro-industriels en 2012. En la matière, les indicateurs sont au rouge, les données sans appel : les 124 611 tonnes de déchets hospitaliers issus des établissements et structures sanitaires, publics ou privés, sont en grande partie déversées dans la nature ou finissent dans les décharges publiques implantées un peu partout à travers le pays.        

En ces lieux, les 66 503 tonnes de déchets ordinaires, 21 900 tonnes à risques infectieux, 29 200 tonnes toxiques, radioactifs y compris, et les 7008 tonnes de déchets spéciaux servent d’aliments à des milliers d’animaux domestiques - vaches surtout - ou errants et sont manipulées, mains nues, par des milliers d’enfants et de jeunes adultes vivant aux abords. A cela viennent s’ajouter les 23 000 tonnes/an de produits alimentaires périmés - conserves de tomate, de confiture, de sardines, chocolats et fromages - qui y sont récupérées pour être remis à la consommation sur les marchés informels, notamment dans les zones les plus reculées.

Par ailleurs,  des centaines voire des millions de tonnes de déchets liquides sont, dans l’impunité absolue, larguées dans les oueds. Les dernières statistiques officielles font ressortir que les 5 millions de voitures, parc automobile arrêté à octobre 2012, en Algérie déversent pas moins de 20 millions de litres d’huile tout les 5000 km. Seulement 10% de ces huiles sont recyclées, le reste étant déversé dans les oueds et les tranchées qui, à leur tour, les déversent dans les terres agricoles, les barrages, les eaux superficielles et souterraines ainsi que les eaux de mer, causant ainsi des dégâts incommensurables à l’homme et à l’environnement.

 L’exemple le plus édifiant des ravages que peuvent provoquer leur laxisme et laisser-faire devenus chroniques est  l’oued Seybouse où les industriels n’hésitent pas à larguer près de 4,5 millions de m3/jour de différents déchets liquides et substances chimiques dangereuses, en plus des 3,7 millions m3/an d’eaux usées. Fort de 240 kilomètres de long, cet oued traverse 7 wilayas de l’Est du pays. La presse a signalé  la catastrophe écologique que a  frôlé la commune d’Essebt ( daïra de Azzaba) . Certains habitants de cette commune située à moins de 50 km au sud-est de Skikda ont,  été surpris, à leur réveil, par la présence d’une étrange couche blanche et poudreuse qui recouvrait les toits de leurs maisons.

D’autres ont été intrigués par l’épais nuage qui s’appesantissait, tard dans la nuit et pendant plus d’une semaine, sur l’oued Fendek . A la surface de l’eau, s’élevait sur une dizaine de centimètres une couche mousseuse. L’origine de ce qui a causé la mort à des milliers de poissons, plusieurs vaches et des irritations aux yeux ainsi que sur la peau dont se sont plaints les riverains ?  Des rejets récurrents d’effluents liquides contenant des substances chimiques, auxquels a recours, à l’abri des regards indiscrets, la société italienne Sicilsaldo, intervenant dans la réalisation du gazoduc GK 3, accusent les responsables du bureau de l’ANPEP Skikda.

 

 Les chiffres que fait ressortir le même rapport sont sans appel : à fin octobre 2012, plus de 2,3 millions de tonnes de pesticides périmés sont stockés dans 500 sites à travers 44 wilayas. 40% des entrepôts se trouvent à l’Ouest et le Sud-Ouest du pays. 53,72 % du contenu de ces entrepôts sont classés dans la catégorie des Produits organiques persistants (POPs). 38,2% des dépôts présentent un très mauvais état de stockage, alors que pas moins de 630 tonnes de ces pesticides dangereux avaient été déclarées introuvables et ce, dans différents sites de stockage ! Selon le rapport de l’ANPEP, pas moins de 145 sites sont contaminés dans tout le pays.

S’agissant des sites contaminés par les produits organiques persistants et non persistants, qui peuvent être vecteurs de graves maladies, telles que le paludisme et la leishmaniose, les relevés du cadastre national livrent un constat non moins inquiétant : 145 sites contaminés par ces produits recensés à travers le pays dont près de la moitié concentrée dans la région du Centre. Celle-ci comptabilise à elle seule 67 sites renfermant plus de 280 tonnes. Le reste est partagé par les régions est-sud-est et ouest-sud-ouest, avec respectivement 51 et 27 sites.

La wilaya de Laghouat est la plus touchée avec 317 tonnes, soit 77% du total des terres contaminées, rappelle M. Halimi.  Quelles sont les mesures prises par les pouvoirs publics pour remédier à cette situation, et quels sont les organismes à même d’intervenir efficacement ? A ces deux questions, le président de l’ANPEP a déclaré : «Un plan national d’action pour la prise en charge des POPs avait été mis en œuvre en 2005 par le ministère de l’Environnement. Des organismes et institutions internationales sollicités pour apporter leur aide technique et financière ainsi que leur savoir-faire en matière d’élimination et de traitement. Dans ce plan d’action, la priorité avait été donnée à la wilaya de Laghouat, de par la sérieuse menace qui pesait sur la santé des populations. A ce jour, rien n’a filtré sur la question», tient à souligner M. Halimi.

Manque de savoir-faire

Par ailleurs, et d’après la même source, le problème des polychlorobiphényles (PCB) est un autre grand souci environnemental. Ces huiles de synthèse utilisées dans les transformateurs, condensateurs et disjoncteurs ne cesse de préoccuper les défenseurs de l’environnement. Et pour cause, près de 3 444 tonnes d’huiles askarel, issues d’appareils en service et autres en rebut, requièrent des opérations de décontamination urgentes. En termes relatifs, reconnaît l’ANPEP, le complexe sidérurgique est un exemple à suivre. Les 61 transformateurs rebutés et stockés depuis des décennies dans de mauvaises conditions ont pour la plupart été éliminés et exportés par l’indien ArcelorMittal.

«L’Algérie n’a pour le moment ni l’infrastructure ni la technologie requises à même de lui permettre de régler ce problème. L’élimination des déchets PCB ou autres doit passer par deux phases : vidange des huiles et des terres contaminées, décontamination des appareils électriques sur site et exportation des résidus de la décontamination», ajoute-t-on . De par sa complexité et son caractère à la fois sensible et onéreux, le problème de l’élimination et de décontamination reste posé.