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Essai Ibn Khaldoun- "Les Prolégomènes"

Date de création: 05-04-2024 17:10
Dernière mise à jour: 05-04-2024 17:10
Lu: 14 fois


SCIENCE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ESSAI IBN KHALDOUN – «  LES PROLÉGOMÈNES »

 

Ibn Khaldoun (ou Ibn Khaldûn) est sans doute le seul grand penseur de l'Histoire qui ne fut pas européen et indéniablement le plus grand historien du Moyen Âge. Il raconte l'Histoire universelle à partir des écrits de ses prédécesseurs, de ses observations au cours de ses nombreux voyages et de sa propre expérience de l'administration et de la politique. Son introduction, intitulée la Muqaddima (les Prolégomènes en français), expose sa vision de la façon dont naissent et meurent les empires. Ibn Khaldoun est issu d'une grande famille andalouse chassée d'Espagne par la Reconquête chrétienne. C’est en 1350 (753 Hégire) que commence sa carrière politique ; il passe au service du Mérinide Abu Ishaq. Il entreprend un premier voyage coupé de plusieurs séjours dans les marges de l’Ifriqiya, à Tébessa, ensuite Gafsa et, en dernier lieu, Biskra où il passe l’hiver chez les Béni Muzni, amis de sa famille. Le jeune érudit s’arrête pour quelques mois à Béjaïa (1352- 1353). Il fait venir sa famille à Tlemcen (1375) et, pendant quatre ans, il demeure au château d’Ibn Salama à Tagurzout, près de Frenda. C’est dans cette retraite paisible qu’il rédigea la «Mukaddima». Cette «introduction» au Kitab al ‘Ibar (Histoire universelle) est son œuvre maîtresse. Cet ouvrage d’un historien génial et parfaitement lucide compte six parties après l’introduction où l’Histoire est définie comme une Science, les bases de la méthodologie de l’historiographie sont exposées. La «Mukaddima» est l’œuvre majeure d’Ibn Khaldoun réalisée au VIIIe siècle de l’Hégire (XIV de l’ère chrétienne), grâce à laquelle il a lui été attribué l’invention d’une nouvelle science, avec, toutefois, des divergences subsistant autour de la nature de la discipline. Fut-il Théologien ? Historien ? Sociologue ? Philosophe de l’Histoire ? La complexité de son œuvre est telle que toutes les branches des sciences humaines peuvent prétendre représenter la science qu’il a théorisée grâce à une pensée qui a transcendé son époque et sa géographie, pour s’édifier comme un véritable patrimoine scientifique et culturel de l’humanité. Autre fait capital, l’œuvre d’Ibn Khaldoun se place dans la deuxième partie du XIVe siècle, c'est-à-dire dans ce qu’on appelle la période de déclin de la civilisation musulmane. Cependant, il est indispensable d’examiner les grands traits de cette civilisation dans sa période de croissance et d’apogée. Car si les phénomènes de déclin de la civilisation expliquent une partie de son œuvre, les conséquences intellectuelles d’une société croissante quelques siècles plus tôt expliquent des aspects de l’œuvre tout aussi importants. Sa façon d'analyser les changements sociaux et politiques qu'il observe dans le Maghreb et la péninsule Ibérique de son époque conduit à le considérer comme un précurseur de la sociologie et de la démographie modernes. Les savants européens du XIXe siècle reconnaissent l'importance des Prolégomènes, et considèrent Ibn Khaldoun comme l'un des plus grands philosophes du Moyen Âge. Georges Marçais, historien, orientaliste et universitaire français affirme que l'œuvre d'Ibn Khaldoun est «un des ouvrages les plus substantiels et les plus intéressants qu'ait produits l'esprit humain». Selon Gabriel Martinez-Gros, historien, spécialiste de l’histoire politique et culturelle d’Al Andalus, il «est le seul grand philosophe de l'histoire et du pouvoir qui ne soit pas européen». Aux yeux des historiens contemporains, Ibn Khaldoun est considéré comme le fondateur génial de l’histoire scientifique telle que la conçoivent aujourd’hui certaines écoles, telles que l’école des Annales, l’histoire des mentalités et autres. Plus simplement, il faut dire qu’Ibn Khaldoun a introduit la sociologie et la plupart des sciences humaines dans la trame historique. Donnant à sa recherche historique une dimension qui élève l’Histoire au rang d’une Science, Ibn Khaldoun nous paraît étonnamment moderne dans le rationalisme de sa démarche

CITATIONS : «L'histoire est une discipline des plus répandues entre les nations (umam) et les races (ajyâl). Le vulgaire voudrait la connaître. Les rois, les dirigeants la recherchent à l'envie. Les ignorants peuvent aussi bien la comprendre que les gens instruits. En effet, l'histoire n'est, en apparence, que le récit des événements politiques, des dynasties (duwal) et des circonstances du lointain passé, présenté avec élégance et relevé par des citations. Elle permet de distraire de vastes publics et de nous faire une idée des affaires humaines. Elle fait voir les effets des changements, elle montre comment telle dynastie vient conquérir tel vaste pan de terre, jusqu'au jour où retentit l'Appel, lorsque son temps fut révolu. Cependant, vue de l'intérieur, l'histoire a un autre sens. Elle consiste à méditer, à s'efforcer d'accéder à la vérité, à expliquer avec finesse les causes et les origines des faits, à connaître à fond le pourquoi et le comment des événements. L'histoire prend donc racine dans la philosophie, dont elle doit être comptée comme une de ses branches «Le secret, l'esprit du langage, c'est-à-dire de l'expression et du message, consiste à communiquer des idées. Sans transmission de la pensée, le langage n'est qu'une terre morte

«Chez les peuples animés d'un même esprit de corps, le commandement ne saurait appartenir à un étranger.»

«M'introduisant, par la porte des causes générales, dans l'étude des faits particuliers, j'embrassai, dans un récit exhaustif, l'histoire du genre humain ; aussi ce livre rend-il accessible toutes les leçons si difficiles à saisir de la sagesse; il assigne aux événements politiques leurs causes et leurs origines, et forme un recueil philosophique, un répertoire historique.»

 «L’histoire (târîkh) est une branche du savoir au chemin escarpé ; elle est de grande utilité et de noble but ; elle nous fait connaître les conditions (ahwâl) des nations passées, des prophètes, des rois respectivement quant à leurs caractères, leurs conduites, leurs dynasties et leur politique. Ainsi qui le désire y peut bénéficier pleinement d'exemples pour les choses religieuses ou mondaines