RELATIONS INTERNATIONALES- BRICS- 19^ème SOMMET BRICS AOÛT 2023 , JOHANNESBURG

FORUM DU GROUPE DES BRICS : QUELS ENJEUX GÉOSTRATÉGIQUES ET ÉCONOMIQUES FACE AU G7

© Par ABDERRAHMANE MEBTOUL, professeur des universités/El Moudjahid, mardi 22 août 2024

À partir d’aujourd’hui et jusqu’au 24 août 2023, se tiendra une importante rencontre qui sera suivie avec attention par l’ensemble de la communauté internationale, et notamment le G7. Il s’agit de la tenue du sommet des BRICS en Afrique du Sud (Jhannesburg)  qui assure la présidence tournante, où seront présents les Présidents de la Chine, du Brésil, de l’Afrique du Sud, du Premier ministre indien et du ministre russe des Affaires étrangères. Il est attendu que le Président Poutine intervienne par vidéoconférence

Le pays hôte a invité 67 pays d’Afrique et du Sud global à participer aux événements consacrés aux contacts entre les BRICS et l’Afrique et aux dialogues BRICS. Représentant le président de la République, l’Algérie est représentée par le ministre des Finances. Selon le secrétariat de l’organisation, plusieurs pays ont formulé une demande d’adhésion ou un statut d’observateur. Les nouvelles adhésions devraient s’appuyer sur des critères économiques et sociaux objectifs avec un système de pondération, notamment le produit intérieur brut (PIB) avec une structure diversifiée et des produits exportables compétitifs et à très forte valeur ajoutée, le PIB par tête d’habitant, le niveau des réserves de change et l’indice du développement humain. Cependant, existe un véritable problème qui doit être résolu : actuellement, comme au Conseil de sécurité ou au niveau de l’OTAN, un seul membre des BRICS peut par son véto bloquer toute adhésion : les nouveaux membres bénéficierontils du droit de véto ou seront élaborées d’autres règles où le vote à la majorité remplacerait le vote à l’unanimité ?

Pour mesurer le poids actuel des cinq pays des BRICS, il est intéressant de le comparer à partir de ces indicateurs au poids économique du G7, objet de cette contribution. Le produit intérieur brut vise à mesurer la richesse créée par tous les agents, privés et publics, sur un territoire national pendant une période donnée. Agrégat clé de la comptabilité nationale, il représente le résultat final de l'activité de production des unités productrices résidentes. Le G7 totalise un PIB de 43.706 milliards de dollars sur un PIB mondial de 103.000 milliards de dollars en 2022, soit près de 44% du PIB mondial pour moins d’un milliard d’habitants : l’Allemagne, 4.072 milliards de dollars, le Canada, 2.139, les Etats-Unis d’Amérique, 25.462, la France, 2.782, le Royaume-Uni, 3.070, l’Italie, 2.010 et le Japon 4.131 milliards de dollars En 2022, le PIB des cinq pays des BRICS était de 25.914 milliards de dollars soit près de 26% du PIB mondial pour une population approchant 3,2 milliards d’habitants. Cinq pays constituent les BRICS : la Chine, 17.963 milliards de dollars, l’Inde, 3.385, la Russie, 2.240, le Brésil, 1.920 et l’ Afrique du Sud, 406 milliards de dollars, la Chine représentant, en 2022, 69,32% du PIB des BRICS et près de 18% du PIB mondial. Le produit intérieur brut par tête d’habitant est un indicateur représentant la valeur du PIB divisé par la population. Il est beaucoup plus pertinent que le PIB global, mais il n’est qu’une moyenne ne permettant pas de rendre compte des inégalités de revenu et de richesse par couches sociales. Concernant le G7 et selon les données de 2022 de la Banque mondiale, nous avons l’Allemagne, 63.150 dollars, le Canada, 58.400, les EtatsUnis d’Amérique, 76.399, la France, 55.493, le R o y a u m e - U n i , 54.603, l’Italie, 51.865 et le Japon, 45.573 dollars par habitant. Pour les cinq pays des BRICS, nous avons un autre classement par ordre décroissant : Brésil, 246 millions d’habitants et un PIB par tête de 16.594 dollars ; Russie, une population de 146 millions et un PIB par tête d’habitant de 11.387 dollars ; Chine, pour une population d’un milliard 400 millions et un PIB par tête d’habitant de 9.605 dollars ; Afrique du Sud , pour une population de 66 millions et un PIB par tête d’habitant de 6.377 dollars ; Inde, pour une population de 1,38 milliard d’habitants en 2021 mais a dépassé la Chine en 2023 avec 1,4286 milliard d’habitants et un PIB par tête d’habitant de 2.036 dollars. Les réserves de change et le niveau de l’endettement sont une condition nécessaire mais non suffisante, devant provenir du travail et non d’une rente devant transformer cette richesse virtuelle en richesses réelles. Ce niveau est fluctuant de mois en mois pour fin 2022, à février 2023 selon le FMI pour le G7 est le suivant: Allemagne, 292 milliards de dollars, Canada, 108, Etats-Unis d’Amérique, 37, France, 221, Grande-Bretagne, 180, Italie, 224 et le Japon 1.226 milliards de dollars. Pour les cinq pays des BRICS, pour la même période nous avons : Chine, 3.133,- l’Inde, 572 - la Russie, 574 -le Brésil, 331 et l’Afrique du Sud 61 milliards de dollars.

L’IDH se présente sous la forme d’un nombre situé entre zéro et un, ce dernier chiffre symbolisant le niveau le plus élevé. Cet indicateur créé en 1990 est désormais préféré au revenu par habitant qui apparaît aujourd'hui comme trop réducteur pour évaluer le niveau de développement. Pour les pays du G7, nous avons : l’Allemagne à la 9e position, le Canada, 15e position, les Etats-Unis d’Amérique à la 21e position, la France à la 28e position, le Royaume-Uni à la 18e position, l’Italie à la 30e position et le Japon à la 19e position. Pour les cinq pays des BRICS et par ordre décroissant : la Russie à la 52e position, la Chine à la 79e position, le Brésil à la 87e position, l’Afrique du Sud à la 109e position et l’Inde à la 132e position.

Le Forum qui s’ouvre aujourd’hui à Johannesburg abordera le rôle de la banque de développement des BRICS dont l’objectif vise à s’affranchir des institutions de Bretton Woods mises en place après la Seconde guerre mondiale (Fonds monétaire international et Banque mondiale). Depuis mars 2023, cette banque dotée d’un capital initial de 50 milliards de dollars, capital qui a ensuite été porté à 100 milliards de dollars dont la Chine détient plus de 40 % du capital, est présidée par Dilma Rousseff, ancienne présidente du Brésil. Les avantages de la Nouvelle Banque de développement devraient tourner autour de cinq axes directeurs: transformer le forum de stabilité financière en conseil de stabilité financière, les fonds de couverture, le shadow banking, les produits dérivés financiers des marchés offshore et les agences de notation. La Nouvelle Banque de développement ferait la promotion de l’usage des monnaies nationales des pays membres, ce qui pourrait promouvoir le commerce intérieur et l’investissement réciproque de ces pays, réduisant ainsi la dépendance au dollar. Il est prévu la mise en place d’un mécanisme de paiement durable pour le commerce bilatéral des pays BRICS. L’objectif à moyen et long terme serait la création d’une monnaie commune adossée à l’or. Selon les données du FMI du 28 avril 2023, la part du dollar, dans les paiements mondiaux s’élève à environ 38 %, l’euro faisant jeu égal avec le dollar et la part du dollar dans les réserves de change mondiales est passée de 71 % en 1999, à 58 % en 2022, l’euro 20,5 %, le yen 5,5 %, la livre sterling 5 % et le yuan chinois 2,7 %. Malgré le poids croissant des BRICS avec une démographie de 3,2 milliards d’habitants, le groupe ne dispose que de 15 % des droits de vote à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international. Or les BRICS accroissent leur part dans le commerce mondial qui a atteint, en 2022, 32.000 milliards de dollars. L’action des BRICS a permis de soulever des problèmes jusque-là ignorés par les pays développés comme le déséquilibre de l’économie mondiale. Il ne peut y avoir de développement global sans le développement et la prospérité de la majorité des pays en voie de développement. Il s’agit de créer un partenariat global fondé sur le dialogue productif par une compréhension mutuelle et une coordination des efforts entre le Nord et le Sud afin de résoudre les nombreux défis de notre monde, de favoriser le co-développement, se fondant sur le respect du choix du système politique et économique de chaque nation, tenant compte de son histoire et de son anthropologie.

. La ville du Cap, en Afrique du Sud, avait accueilli la réunion préparatoire des BRICS, les 02 et 03 juin 2023. Les ministres des Affaires étrangères du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de l’Afrique du Sud et le vice-ministre chinois des Affaires étrangères avaient alors étudié le dossier de l’élargissement des BRICS à de nouveaux membres, soit comme membres soit comme observateurs. Outre certains facteurs géopolitiques, les différents critères retenus sont le produit intérieur brut (PIB), une structure diversifiée notamment des produits exportables à forte valeur ajoutée, le PIB par tête d’habitant, l’indice du développent humain et le niveau des réserves de change.