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Roman Wadi Bouzar- "Les fleuves ont toujours deux rives"

Date de création: 21-07-2023 17:41
Dernière mise à jour: 21-07-2023 17:41
Lu: 180 fois


POPULATION-BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN WADI BOUZAR- «  LES FLEUVES ONT TOUJOURS DEUX RIVES »

 Les fleuves ont toujours deux rives. Roman de Wadi Bouzar. Entreprise nationale du livre, Alger1986, 157 pages, 24,84 dinars....en 1986.Prix de l’Afrique méditerranéenne 1987.

 Une histoire en apparence banale,celle d’un intellectuel (journaliste) durant les premières années de l’Algérie  indépendante.....en butte aux tracasseries et les jalousies internes de la part de ceux qui font et défont le secteur , le directeur, le red’chef et même son ancien ami d’études, le ministre en charge du secteur.  Trop compétent, honnête, professionnel engagé jusqu’au bout de sa plume, il s’est assez vite retrouvé « mis en disponibilité sans salaire » et obligé de s’exiler à Paris, l’herbe étant plus verte. Il y sera bien accueilli et il y rencontrera même l’amour d’une réfugiée d’origine arabo-égyptienne. Mais cela ne va pas  suffire à calmer sa douleur....être loin de son pays, constater qu’un système prédateur est en place, voir le monde arabe s’empêtrer dans des conflits sans fin.....Pour finir, il s’engagera auprès des Libanais  pour combattre les envahisseurs sionistes.

Une histoire en apparence banale mais multipliée par dix, par cent, par mille, elle résume le mal-vivre, le mal-être de toute une génération de journalistes et d’intellectuels (l’enseignement y compris) arrivés (fin des années 60 et années 70-80) sur la nouvelle scène nationale plein d’espoirs   et de projets  mais  qui se heurtent au mur de l’affairisme, de la corruption,du ben’amisme, des amitiés douteuses, des compromissions intellectuelles et politiques.....La solution ! L’exil...cette autre forme de suicide.

En juin 2019, l’auteur  avait accordé un entretien à un  quotidien algérien. Il donnait à lire l’importance du droit et de l’Etat de droit en partant du terrain social et politique: « La priorité est de créer un Etat de droit, tâche difficile, longue et délicate, parcours semé d’obstacles en raison des habitudes prises depuis longtemps par des groupes et des individus. (…) Le citoyen doit avoir le droit de réclamer, de se plaindre, de porter plainte sans difficulté. L’Etat de droit se joue d’abord dans ces « détails », dans la vie quotidienne. ». C’est tout dit et cela résulme assez bine le roman.

L’Auteur : en 1938 à Rabat, professeur des Universités (sociologie culturelle) . lUn des plus grands sociologues du Maghreb, au savoir singulier et l'un des plus inventifs. Il a écrit beaucoup, mais apparemment peu connu en Algérie, lui qui a formé énormément de monde à l’université d’Alger et ailleurs. Plusieurs œuvres : Romans, études universitaires, articles de presse, essais (dont le monumental « La mouvance et la pause : Regards sur la société algérienne », Alger 1983, 819 pages), édités en Algérie ( Sned,Enal, Enag, Opu..) et à l’étranger

Extraits : « Le fait religieux devait se vivre d’abord face à sa propre conscience et devant Dieu et non seulement sous le regard d’autrui » (p 26), « Allez donc faire comprendre cela (note : la réalité) aux grandes personnes ! Elles avaient leur monde à elles, un monde bien étrange, lui aussi, fait de conversations sérieuses, soudain entrecoupées de rires inexplicables.Un monde de certitudes » (p38) , « Avant d’être ainsi emportés (note : par le fleuve), nous nous immergeons tant et plus , en général, nous revenons toujours à la rive familière où nous sommes nés » (p133)

Avis : L’Algérie des années 60-80.Autre temps, autre style, mais même récit. Les (més-) aventures d’un intellectuel vrai , engagé..... et broyé par le « Système ». Lecture déprimante mais utile, ..pour comprendre les crises d’aujourd’hui .

Citations : « L’impérialisme des grandes puissances, multiforme, existait toujours mais c’était aussi l’impérialisme interne, la soif de puissance, l’héritage féodal de tout un chacun qu’il fallait combattre » (pp 26-27), « Quand vous n’étiez pas un responsable, vous n’aviez pas droit à un bureau, même en travaillant comme un forcené. Dans un tel contexte, n’être pas chef revenait à n’être pas » (p 29), « Le temps ne nous suffit jamais de vivre, de revivre et de faire revivre » (p44), « Etre un intellectuel complique plutôt les choses.On est plus informé, plus conscient, plus lucide.On est enclin à dramatiser davantage, du moins aux yeux de la majorité.Un intellectuel n’est jamais indifférent et, en fait, il n’est jamais désengagé.Quand on est devenu un véritable intellectuel, il n’est pas sûr qu’on l’ait toujours choisi » (p110), « L’hiver arabe est un homme arabe en colère » (p135)