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Risques démographiques Monde et Algérie/ Etude A. Bessaha (II/II)

Date de création: 27-06-2023 19:38
Dernière mise à jour: 27-06-2023 19:38
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POPULATION- ETUDES ET ANALYSES-RISQUES DEMOGRAPHIQUES /ETUDE A. BESSAHA (II/II)

© El Watan, Abdelrahmi Bessaha, 25/06/2023

 

Les grands axes des politiques publiques destinées à contenir les impacts du vieillissement : (1) des cadres budgétaires à moyen terme pour prendre en considération une hausse de la fiscalité et/ou des pensions publiques, un ajustement des dépenses de santé et des soins de longue durée ; (2) des réformes structurelles pour renforcer la productivité, la croissance économique et l’innovation (recours aux personnels féminin, rappel des retraités, automatisation, robotique et intelligence artificielle), accroître la flexibilité des marchés du travail ; (3) la mise en place de nouveaux mécanismes plus flexibles en termes de vieillissement et de retraite et de maintien de l’équité intergénérationnelle (sécurité sociale et transferts publics) ; et (4) le renforcement de la supervision et la surveillance bancaire pour atténuer les risques d’instabilité financière liées aux nouvelles tendances démographiques. 

Le cas de l’Algérie : la forte croissance démographique à l’horizon 2050 est un facteur d’aggravation des défis macroéconomique et social actuels et impliquent dès maintenant des politiques publiques appropriées fortes.  Les indicateurs démographiques entre 1962 et 2022 : La population algérienne a quadruplé depuis 1962, passant de 11,6 millions à 45,7 millions en 2022. Cette forte augmentation est le résultat essentiellement : (1) d’une chute combinée du taux de natalité (qui est passé de 49,6% en 1962 à 21,5% en 2021) et du taux de mortalité (qui a baissé de 19,6% en 1962 à 4,5% en 2021) ; et (2) de flux migratoires nets qui ont varié au cours des décennies (10,000 personnes en 2021). Le taux d’accroissement naturel (naissances moins décès) a presque doublé entre 1962 (1,8%) et 1982 avant de baisser de 50% en 2021 (1,7%).  La plus forte augmentation de la population est intervenue en 1983 (3,17%) et la plus faible en 2002 (1,28%). En 2022, la répartition de la population par sexe donnait 23,6 millions d’hommes (55% du total) et 22,5 millions de femmes (49,3% du total). Par tranche d’âge, les moins de 25 ans représentaient 44,1% du total, alors que celles des 20-64 ans (la force de travail) et des plus de 65 ans s’établissaient à 55% et 0,9%, respectivement.  L’âge médian (celui qui partage la population en deux groupes) est de 28,92 ans (moyenne mondiale 29,74). Finalement, le taux d’urbanisation est de 74% (75e rang mondial). Un tel taux d’urbanisation contribue certes à la croissance économique mais est également source de changement climatique, de pollution, d’embouteillages et d’habitat précaire. 

Croissance économique et démographie (2000-2022) : Au cours de ces vingt dernières années (marquées par un retour progressif à la sécurité, le super-cycle des produits de base et des chocs externes multiples), on note une remontée de l’investissement (37,8% du PIB par rapport à 31% entre 1980-1999), la croissance est restée stagnante (2,4% en moyenne par rapport à 2% entre 1980-1999), se situant légèrement au-dessus du taux de croissance de la population (1,7%). Le taux de chômage a fortement baissé pour atteindre 13,8% (21,6% entre 1980-1999). A fin 2022, du fait de la remontée des prix des hydrocarbures liés au conflit en Ukraine, le revenu par tête d’habitant rebondissait pour s’approcher de son niveau de 2013 soit $4300. 

Pourquoi une croissance faible ? Une analyse de la contribution des divers facteurs de production à la croissance économique en Algérie sur la période 1990-2020 fait ressortir ce qui suit : (1) capital et travail (75%) ; (2) progrès technologique (4% environ) ; et (3) facteurs macroéconomiques et structurels (21%). Ces données montrent que la croissance économique en Algérie est fortement liée à la seule accumulation des facteurs de production (capital et travail) et que la productivité totale des facteurs est en recul d’environ 1%. Cet état de fait s’explique par : (1) l’inefficience de l’investissement public ; (2) l’absence d’investissements directs extérieurs ; (3) la persistance des déséquilibres macroéconomiques  ; (4) la faible qualité de l’environnement des affaires  ; et (5) le manque de flexibilité et de modernisation de l’économie. 

Les projections démographiques à fin 2050 : la population de l’Algérie devrait atteindre 60,9 millions, soit une forte augmentation de 15,1 millions de personnes en l’espace d’un quart de siècle.  Par ailleurs, si la part de la population de moins de 24 ans baissera de 6 points de pourcentage, la tranche de la population active (20-64 ans) augmentera uniquement de 1 point de pourcentage et la cohorte des plus de 65 ans va subir un bond conséquent de 4,3 points de pourcentage. In fine, au lieu du vieillissement, c’est la forte croissance à venir de la population qui ne manquera pas d’aggraver le bilan actuel démographique actuel, concentré de défis macroéconomiques (en termes de croissance, emplois), sociaux et environnementales. 

Feuille de route possible : La prise en charge des défis démographiques implique, entre autres, des choix stratégiques et des politiques ciblant l’espacement des naissances (dans le cadre d’une nouvelle politique de la famille et de la santé reproductive) et des améliorations au niveau de toutes les sources de croissance, y compris le capital et le travail et la qualité de la gouvernance. 

Les propositions dans ce sens sont les suivantes :  (1) articuler une stratégie de développement provisoire pour la période 2023-2030 afin de donner au pays la visibilité économique vis- à vis des citoyens et des partenaires internationaux ; (2) établir des objectifs macroéconomiques crédibles pour 2024-2026 (croissance, inflation, finances publiques, balance de paiements, niveau des réserves internationales de change)  ; (3) entreprendre des réformes macro -structurelles pour renforcer la gestion macroéconomique (recouvrement des recettes, gestion des finances publiques, gestion de la dette, gestion de la liquidité, meilleures transmission de la politique monétaire) ; (4) mettre en œuvre des réformes structurelles ambitieuses pour améliorer le cadre des affaires, attirer l’investissement privé domestique et international et renforcer la gouvernance économique : (5) définir des nouvelles politiques sectorielles avec un focus sur l’agriculture, le manufacturier, les services et les secteurs sociaux et des investissements conséquents dans le numérique et le vert ; et (6) prendre des mesures pour accroître la taux de participation, notamment celui des femmes (17% pour les femmes et 64% pour les hommes en 2021). Parallèlement, il faut se doter de capacités techniques de suivi macroéconomique et de gestion des crises afin de pouvoir formuler des réponses aux chocs et aux développements économiques et financiers inattendus en temps opportun.