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Roman Rabéa Douibi- "Journal d'une jeune schizophrène"

Date de création: 16-06-2023 18:58
Dernière mise à jour: 16-06-2023 18:58
Lu: 190 fois


Journal d’une jeune schizophrène. Roman (Récit ?) de Rabéa Douibi. Anep Editions, Alger 2021, 173 pages, 800 dinars

Dounia une jeune fille, enfant d’une famille aisée (mère médecin, gros entrepreneur et......chef d’ un parti politqiue islamique..... « modéré»), étudiante en sciences  politiques brillante et  promise à un bel avenir, dotée d’une intelligence naturelle supérieure, met fin à ses jours. Une overdose de neuroleptiques ! Laissant des parents qui s’interrogent sur les raisons profondes de l’acte fatal .Tout en sachant que leur enfant, ni gâtée, ni opprimée, traversait depuis quelque temps une mauvaise passe psychologique et était même suivie par une psychiâtre.

Chacun y va, bien sûr , de son raisonnement pour chercher les raisons de l’issue fatale : le père, la mère, la psy.....Chacun, bien sûr, tentant de se

déculpabiliser. La père qui a tout fait pour rendre heureseu la vie de ses enfants et ne leur impoosant pas ses idées d’ « islamiste » et de conservateur (mis à part le foulard) .La mère, une « maman-douce ». La psy’ qui a « tout essayé »....Le hasard a voulu que le journal intime de Dounia soit découvert après sa mort....journal où il y raconte ,avec détails, sa schizophrénie. Lisez-le, vous irez de découverte en découverte....sur une vie de famille (en apparence heureuse et comblée de biens....mais pas en affection , en bisous et en loisirs), sur la communication parentale, sur le viol d’une enfant encore toute jeune par un cousin pervers, sur la vie estudiantine, sur la perfidie du monde extérieur, l’égoïsme des gens, la superficialité des rapports humains, sur l’aliénation mentale..... Pour un naïf, de quoi récolter une masse de pensées morbides .De quoi se suicider ?

L’Auteure : Née en 1957  à Bordj-Bou -Arréridj. Licence d’enseignement de la langue française et maîtrise en didactique. Auteure de plusieurs autres ouvrages. Vit entre  Tamanrasset et Alger

Extraits : « C’est fou comme les jeunes rejettent l’autorité parentale pour mieux affirmer leur personnalité et se démarquer du modèle social imposé par leur milieu » (p 24), « Nos enfants nous renvoient un reflet fidèle à notre image.Si le tableau esquisé est parfois blessant, il n’en demeure pas moins que des vérités nous sont  assénées comme des coups de massue » (p 50) , « Les femmes sont les plus lésées dans notre pays car on exige d’elles une soumission à des normes dépassées qui n’ont rien à voir avec la religion. Elles souffrent en silence ou affrontent leurs problèmes avec courage » (p 63), « Beaucoup de gens se laissent vivre et traversent leur destinée comme on passe un pont, satisfaits d’avoir à vivre leur petit bohomme de chemin. Je les appelle les bienheureux de la désolation » (p 93), « Je me demande souvent pourquoi on ne nous laisse pas exprimer nos peines et nos joies dans la rue. Pourquoi vouloir faire de nous des robots tristes et sans étoffe qui déamulent comme des automates ? » (p 97), « Supporter les orientations de mon paternel revient à porter des chaussures trop étroites et m’empêcher donc de marcher.Faire quelques pas dans ce cas -là s’effectue en titubant jusqu’à en perdre l’équilibre »  (p122),

 Avis : Roman ? Récit ? Une écriture entre deux mondes, deux vies vécues en même temps dans un monde qui n’est plus celui de la « jeune schizophrène ». Ecriture toute simple et toute claire qui vous amène à découvrir (ou à prendre conscience)  les déchirements et les souffrances des « autres »

 Citations « Le génie s’accompagne de folie et il est source de désespoir dans certains cas »  (p33), « Nul ne peut influencer une personne intelligente et instruite qui ne se fie qu’à ce qu’elle découvre par elle-même.Ce sont des éclairés (....) qui redoreront le blason de notre religion » (p 72), « L’insatiabilité crée le manque et plonge l’individu dans une existence basée sur le superflu »  (p 93), « L’intelligence est une arme à double tranchant.Elle offre de fantastiques aptitudes mais peut mener à tout remettre en question et à créer des courts-circuits »  (p 96), « La cellule familiale est la première structure d’emprise sur les femmes.C’est là que commence à s’exercer le pouvoir des sexes » (p99), « Ce qui manque à notre corporation (note : journalisme), c’est le style et la précision.Le caractère emphatique de la langue arabe qu’ils transposent maladroitement à la langue française nuit considérablement à la qualité de leurs articles » (p143)