RELATIONS
INTERNATIONALES- OPINIONS ET POINTS DE VUE-PARLEMENT EUROPÉEN/OPINION A. BENSAADA (CONTRIBUTION
PRESSE MAI 2023)
© Ahmed Bensaada/L’Expression,
lundi 15 mai 2023
Il y a quelque chose de pourri au Parlement européen
Ne sentez-vous pas ces relents pestilentiels s'exhaler
du Parlement européen? Ces odeurs fétides qui
caractérisent l'argent pourri de la corruption, les miasmes de la mauvaise foi
et les remugles de l'improbité? Sinon, comment
expliquer cet acharnement maladif contre l'Algérie et ce silence complice
envers d'autres pays comme, entre autres, le Maroc ou Israël?
Pourquoi ce Parlement a-t-il passé sous silence la condamnation du militant
rifain Nasser Zefzafi à 20 ans de prison, sa torture
et sa sodomisation?
Comment interpréter le mutisme de ce même Parlement, lorsque la journaliste
palestinienne Shirine Abu Aqleh
a été froidement assassinée par un militaire israélien et que sa dépouille a
été publiquement profanée? Et que dire de la cinquantaine de journalistes
palestiniens tués par l'armée israélienne depuis le début de ce siècle?
Ce Parlement gangrené par la corruption comme l'a révélé l'enquête sur le Marocgate s'érige ridiculement en donneur de leçons et en
gardien des valeurs universelles. Et qu'on ne vienne pas me dire que les
quelques eurodéputés accusés dans le cadre de ce scandale sont les seuls
bénéficiaires des pots-de-vin marocains. Pour avoir profité de la «cécité volontaire» du Parlement européen et de sa protection
active pendant pas moins d'un quart de siècle, le Maroc a dû soudoyer un très
grand nombre de députés. Et quid d'Israël? Ce pays
dont les innombrables exactions, meurtres et atteintes aux droits humains
contre les Palestiniens sont invisibles et inaudibles par les parlementaires
européens et ce, depuis des décennies!
Au sein même de l'Union européenne (UE), le journaliste espagnol Pablo Gonzalez
est emprisonné depuis plus d'un an en Pologne avec un dossier considéré comme
vide. Pourquoi ne pas voter une résolution contre la Pologne pour détention
arbitraire de journaliste dans des conditions très dures?
Et en Grande-Bretagne, ces députés si enclins à toiser l'Algérie, ne voient-ils
pas Julian Assange mourir à petit feu dans une sinistre geôle alors qu'il
mériterait le prix Nobel de la paix? Peuvent-ils lever ne serait-ce que le
petit doigt pour lui venir en aide et manifester un zeste de compassion pour
celui qui est le symbole de la liberté d'expression?
De grâce, une résolution, une toute petite résolution!
La Cour européenne infiltrée
En plus de ces effluves nauséabonds, une autre odeur infecte s'ajoute:
celle des lobbys qui dépravent les institutions européennes de l'intérieur.
Ainsi pouvait-on récemment lire à la Une d'un magazine français:
«La mafia Soros - Copinages, corruption et propagande: comment les ONG
progressistes de l'Open Society ont infiltré la Cour européenne des droits de
l'homme»...
Et l'Open Society n'est pas la seule à noyauter l'UE. D'autres organisations droit de l'hommiste
travaillent d'arrache-pied pour faire passer leurs agendas de déstabilisation
des pays ciblés pour leurs courageuses positions politiques loin des diktats
des puissances rogues et vieillissantes.
Des médias syriens «indépendants»
Il faut cependant reconnaître que dans le cas précis de l'affaire concernant
Radio M et son patron, l'UE est directement impliquée.
En effet, j'ai montré dans un précédent article que cette radio a été
subventionnée par Canal France International (CFI), un organisme français
financé par le Quai d'Orsay dans le cadre du projet Ebticar-Media.
Mais le plus intéressant c'est que l'UE a été impliquée dans ce projet.
En janvier 2014, Canal France International (CFI) a signé deux contrats
importants avec l'Union européenne (UE), d'un montant global de 2,7 millions
d'euros. Une enveloppe de 1,5 million d'euros (1,2 million d'euros de l'UE) a
été attribuée au premier qui est dédié à l'accompagnement et le développement
de médias syriens «indépendants». Par «indépendants», on insinue, bien sûr, «opposés au
gouvernement syrien». Dans le cadre de ce projet, le CFI a aménagé un centre de
médias, le Syrian Media Incubator,
dans la ville turque de Gaziantep, à 60 km de la frontière syrienne, pour aider
à la déstabilisation de ce pays.
Le second contrat, d'une durée de trois ans (2014-2016) était destiné au
financement de projets «visant à développer
l'information en ligne» dans la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord).
Doté d'un budget de 1,5 million d'euros, le programme ciblait neuf pays arabes
dont, évidemment, l'Algérie et la Syrie. C'est dans ce cadre que Radio M a été
financée, de concert avec New Syrian Voices, un projet syrien visant à
«capturer la réalité syrienne à travers des reportages de qualité -
actuellement disparus dans l'information et le chaos idéologique générés par le
régime de Bachar al- Assad - alliant précision et innovation afin d'attirer également
l'attention des médias internationaux». (Sic!)
Nous savons dans quel chaos la Syrie a sombré grâce à ces «reportages de qualité»
et, par extrapolation, ce que l'UE préparait pour l'Algérie, n'était-ce
l'extrême vigilance et la maturité politique de ses citoyens.
Alors, pouvons-nous conclure que la résolution du Parlement européen n'est en
fait qu'une sorte de «service après-vente» concernant un «investissement»
important pour l'UE et très douteux pour l'Algérie?