Le président
Abdelmadjid Tebboune a promis de «mettre
tous les moyens à la disposition des titres de presse nationaux sans
exception». «Sans presse, nous n’irons pas loin... une
presse responsable... une presse professionnelle», a-t-il soutenu.
Sans presse, nous n’irons pas loin», «vous devez vous organiser» et «il faut
s’unir»… Ce sont quelques messages adressés par le chef de l’Etat,
Abdelmadjid Tebboune, à la presse à l’occasion de son entrevue avec des
responsables des médias algériens (note : une vingtaine) enregistrée
le 3 mai dernier et diffusée samedi (6 mai 2023) par l’ensemble des chaînes de la télévision
publique (note : et radios publiques et télés privées).
Lors de ce rendez-vous qui aura duré
plus de deux heures, le président Tebboune a, en effet, esquissé sa vision de
la presse, tout en donnant son jugement sur la situation actuelle du système
médiatique algérien. Un système qui vit une crise structurelle depuis plusieurs
années et qui s’est en partie clochardisé et sinistré.
D’emblée, le président de la République
a lancé des piques aux médias, notamment publics, dont le travail n’aurait pas
donné satisfaction. Il a commencé d’abord par la télévision publique, qui
emploie plus de 3000 travailleurs, sans pour autant, selon lui, «fournir un travail satisfaisant».
Abdelmadjid Tebboune a cité aussi l’exemple
de l’agence APS qui ne dispose pas «de correspondant en Afrique» et dont «des journalistes se
comportent comme des fonctionnaires du ministère de la Communication». M.
Tebboune a dit une phrase qui devrait donner à réfléchir à l’ensemble des
responsables des médias, dont certains n’hésitent pas à travestir la réalité
juste pour plaire à des responsables. «Une
presse qui caresse dans le sens du poil ne sert pas l’intérêt national»,
a-t-il déclaré, avant d’insister sur la «nécessité d’aller vers une
presse spécialisée et de ne pas se contenter des quotidiens».
Afin d’apporter des solutions aux
multiples problèmes auxquels font face les journalistes, le chef de l’Etat les
appellent «à s’unir sous la bannière
d’une organisation syndicale forte». «Organisez-vous.
De mon côté, je suis prêt à vous apporter toute mon aide»,
a-t-il dit à l’adresse des patrons de presse et des journalistes. Le président
Tebboune a insisté, par ailleurs, sur la nécessité de créer «un
organe supérieur de l’éthique professionnelle qui œuvrerait à évaluer les
journalistes et leur définir des garde-fous». «La
création d’un organe supérieur de l’éthique évitera, à l’avenir, toute
éventuelle action judiciaire contre des journalistes», a-t-il ajouté.
A l’occasion de cette rencontre, des éditeurs
de presse, dont le directeur de publication du quotidien El Watan, Mohamed Tahar Messaoudi,
ont formulé de nombreuses doléances en rapport avec la gestion du marché
publicitaire, la fiscalité, la crise que traversent les médias…
Sur ces points, le président Abdelmadjid
Tebboune a promis de «mettre tous les moyens
à la disposition des titres de presse nationaux sans exception». «Sans presse, nous n'irons pas loin... une presse
responsable... une presse professionnelle», a-t-il reconnu.
Exprimant son insatisfaction du «peu d’accompagnement des acquis
réalisés en Algérie» par la presse, il appelle également cette
dernière «à faire preuve d’un haut sens de patriotisme», en
orientant ses critiques «contre tout ce qui est en deçà du niveau du
pays».
«Nous essayons aujourd’hui
d’unir les rangs, et j’espère voir la presse en Algérie devenir forte et
s’ériger en une institution pour dissuader les ennemis de la patrie et faire
face aux attaques extérieures subies par le pays, étant une école qui forme des
générations et contribue à éclairer l’opinion publique», a-t-il soutenu.
Le chef de l’Etat a rejeté, dans la
foulée, les classements faits par des ONG sur la liberté de la presse en
Algérie. «Le seul classement à prendre en
compte est celui des instances de l’ONU, connue pour l’impartialité de ses
institutions», dit-il, estimant qu'«il n’y a pas de journalistes en
prison».
Revenant sur la réaction de la nouvelle
cité médiatique, le président Tebboune a annoncé que la pose de la première pierre
du projet de cité médiatique interviendra le 5 juillet, parallèlement à la célébration
de l’anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale. «Ce projet comprend des sièges pour
l’Etablissement public de télévision et la Radio nationale, une Maison de la
presse et bien d’autres médias nationaux», a-t-il rappelé.