HISTOIRE- PERSONNALITES- MHAMED BOUGARA
(COLONEL/GUERRE DE LIBERATION NATIONALE/CHAHID)
Le colonel Mhamed Bougara, dit Si Mhamed, qui était
d'une rigueur inégalée et jouissait d'une grande estime parmi ses pairs durant
la Guerre de libération nationale, était un chef militaire qui a
"fortement contribué à l’organisation des structures opérationnelles de la
wilaya IV historique durant la Révolution", a souligné un chercheur et
professeur d’histoire à l’université Yahia Fares de
Médéa.
Le cumul des expériences acquises auprès
des Scouts musulmans algériens (SMA), puis au sein du mouvement national et,
plus tard, en tant que membre actif de l’organisation spéciale (OS), "lui
avaient servi pour mener à bien la mission qui lui a été confiée par le
commandement de la Révolution, en le désignant à la tête de la wilaya IV
historique", a indiqué l'universitaire Tewfik Mazari à l'APS, à la veille de la commémoration du 64e
anniversaire de la mort de Mhamed Bougara,
tombé au champ d'honneur le 5 mai 1959.
Malgré la courte période passée au
commandement de la wilaya IV historique (1958 à 1959), succédant respectivement
à Rabah Bitat, Amar Ouamrane
et Slimane Dehilès, Si Mhamed
a réussi à mettre en place un système d’organisation militaire hiérarchisé et
structuré, poursuit le chercheur en histoire.
Il s’était fixé comme objectif de
fédérer l’ensemble des Katibas (compagnies) opérant dans les maquis de la
wilaya IV, à l’instar des redoutables katibas Zoubiria,
El-Hamdania et El-Omaria
pour "former un bataillon capable de faire contrepoids à la machine de
guerre coloniale", a-t-il noté.
Une succession d’évènements militaires
va "contrarier" ce projet particulier après la bataille de Mongorno qui a eu lieu fin décembre 1958 et qui l'avait
contraint à retarder le regroupement des katibas en une seule unité
opérationnelle, en raison de l’éparpillement des effectifs et l’épuisement de
l’armement, après les affrontements contre les troupes coloniales qui avaient
mobilisé, lors de cette bataille, un fort dispositif militaire pour conquérir
cette zone, a fait observer Tewfik Mazari.
Le déploiement de troupes militaires
françaises supplémentaires autour des maquis de Mongorno
et jusqu’à Ouled-Bouachra, à l’ouest de Médéa, où se
trouvait le quartier général du commandement de la wilaya IV historique, a
également incité le colonel Si Mhamed à retarder ce
projet et commencer à renforcer la sécurité et la défense pour protéger son
quartier général, a expliqué le professeur d'histoire.
Si Mhamed Bougara est tombé au champ d'honneur quelques mois plus
tard, le 5 Mai 1959, avant de concrétiser son projet qui lui tenait à coeur, lui qui était animé d’"un grand esprit de
sacrifice" et qui "rien ne pouvait empêcher la détermination à vivre
en homme libre sur la terre de ses ancêtres", a ajouté l'universitaire.
"Il était convaincu que l’Algérie
va se libérer du joug colonial du moment que le peuple a décidé de prendre son
destin en main et de ne plus accepter de vivre sous l'occupation
étrangère", a fait remarquer Tewfik Mazari.
Cette conviction est née d’un long
parcours militant commencé lors des manifestations du 8 Mai 1945, réprimées
sauvagement par les forces de l’occupation coloniale, puis s’est renforcée
durant les années de lutte politique clandestine au sein, d’abord, du Parti du
peuple algérien (PPA), puis le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques
(MTLD) et, enfin, l’Organisation spéciale (OS), a-t-il précisé.
Les années de détention dans les prisons
de l’occupant français où il a séjourné, une première fois, au lendemain des
massacres du 8 Mai 1945, dont il est sorti une année plus tard, et la seconde
fois, entre 1950 et 1953, pour ses activités au sein de l’Organisation
spéciale, ne parviendront pas à le briser ou à éteindre la flamme de liberté
qui jaillissait en lui.
Son parcours restera vivace dans
l’esprit des Algériens, comme demeurera gravé dans leur cœur le sacrifice de ce
martyr tombé aux champs d’honneur, à l’âge de 31 ans, à Ouled
Bouachra, à l'ouest de Médéa, après un violent
accrochage avec l’armée d’occupation française.
Pour rappel, au déclenchement de la
Révolution, M'hamed Bougara
était chargé de l’organisation de la résistance armée à Amrouna,
dans la localité de Tniet El-Had.
Il a participé, le 20 Août 1956, au
congrès de la Soummam et fut désigné responsable politique et membre du conseil
de la wilaya IV historique, puis promu, en 1958, au grade de colonel.
Il est resté à la tête de la wilaya IV
historique jusqu’à sa mort, lorsqu'il est tombé au champ d'honneur,
le 5 mai 1959, avec plusieurs
autres de ses compagnons d’armes.