SANTE – MALADIE- AUTISME (Complément II)
Plus de 500.000 autistes sont recensés en Algérie. Ce
chiffre impressionnant a été révélée hier par la ministre de la Solidarité
nationale, Mme Kaoutar Krikou, lors d’une journée
parlementaire organisée à l’APN sur l’insertion
des enfants autistes dans le système scolaire(avril 2023)
Les
intervenants ont tous précisé que l’autisme, appelé trouble du spectre de
l’autisme ou TSA, n’est pas une maladie mentale mais plutôt un trouble
permanent du développement neurologique qui touche davantage les hommes que les
femmes. Il peut être de sévérité très variable, parfois peu invalidant ou avec
de grosses difficultés de communication, des incapacités au niveau des
interactions sociales, des intérêts restreints et des comportements
stéréotypés. Les premiers signes apparaissent souvent entre 18 et 36
mois.
Seulement,
en Algérie, explique Mohamed Amine Bouras, pédopsychiatre, spécialiste en
autisme à hôpital de Tizi-Ouzou, le diagnostic des enfants ayant des troubles
autistiques est souvent fait trop tardivement ou carrément très mal fait, ce
qui retarde leur prise en charge. «Lorsque le
diagnostic est précoce, il y a un meilleur suivi car de la précocité du
dépistage dépend l’efficacité de la prise en charge, mais chez nous les parents
d’autiste sont souvent très mal orientés. Ils perdent beaucoup de temps en
errant d’un médecin à un autre pour obtenir le bon diagnostic et, du coup, ils
sont désorientés», déplore Dr Bouras.
Le
même constat est établi par Mediouni Souhila, psychologue clinicienne. Pour elle, un bon diagnostic
éviterait aux parents ou à la famille une multitude de problèmes : «Il y a des signes chez un enfant autiste qui ne trompent
pas mais les parents sont souvent mal orientés et, de là, commence leur
calvaire.» Mme Mediouni, qui exerce dans école privée,
explique qu’en l’absence de programme spécifique pour cette frange de la
société son établissement était contraint d’adapter son programme en fonction
du comportement des enfants autistes. Elle précise qu’un autiste léger, s’il
est pris en charge, aura un cursus scolaire normal
sans même l’aide des auxiliaires.
Effectivement,
il est avéré que les autistes prévalent souvent par une intelligence supérieure
et réussissent très bien dans les études. Ce trouble neuro-développemental,
qui se manifeste par des difficultés à interagir et communiquer avec le monde
extérieur, est en mesure d’être atténué, jusqu’à devenir très peu perceptible,
si l’enfant est aidé à bon escient.
Centre nationale
de référence de l’autisme
«En
Algérie, il y a un manque criant de centres publics spécialisés et peu de
services de pédopsychiatre. Les parents, malheureusement, pâtissent du manque
d’infrastructures spécialisées et de l’insuffisance des programmes scolaires adaptés», s’offusque le Dr Mediouni.
De son côté, Dr Bouras précise qu’à l’échelle nationale il n’existe que 70
médecins pédopsychiatres dont deux seulement pour la wilaya de Tizi-Ouzou. «Si les autistes trouvent des difficultés en matière de
scolarisation, la faute n’incombe pas au secteur de l’éducation mais plutôt à
celui de la santé qui n’a pas pris en charge à temps ces malades.
Maintenant
pour ce qui est des programmes spécifiques, c’est une autre affaire»,
dit-il. L’autisme, selon lui, est toujours méconnu dans notre pays et pour
certaines familles cela relève du tabou. «Ces
familles, constate-t-il, ont le complexe de dire que leurs enfants en souffrent
alors ils ne sont ni pris en charge du point de vue sanitaire et encore moins
éducatif». Actuellement, plusieurs associations dédiées au TSA accueillent les
parents d’enfants autistes. Ils tentent de sensibiliser sur l’importance du
diagnostic précoce.
Elles
étaient nombreuses hier à intervenir pour parler des difficultés qu’elles
rencontrent au quotidien et surtout du manque de moyens pour la prise en charge
des enfants et pour assister les parents. Par ailleurs, dans leur prise de
parole, les représentants du gouvernement ont loué les efforts consentis par
l’Etat pour assister les enfants autistes. La ministre de la Solidarité a
évoqué l’ouverture d’un total de 238 classes spéciales au profit de ces enfants
au niveau des trois paliers d’enseignement tout en leur assurant
l’accompagnement de la médecine scolaire.
En
plus, dit-elle, des mesures de facilitation sont accordées aux élèves atteints
des troubles du spectre de l’autisme, en permettant leur accompagnement et
assistance par des auxiliaires de vie scolaire (AVS), à l’occasion des épreuves
et des examens». Le président de la chambre basse du
Parlement, Brahim Boughali a lui aussi insisté sur
l’importance de la prise en charge précoce de cette catégorie par
l’apprentissage. Il a rappelé, dans ce sens, que les pouvoirs publics ont créé
un Centre national de référence de l’autisme, qui coopère avec des centres
étrangers spécialisés. Il a évoqué aussi l’ouverture d’un centre de formation
national, pour les enseignants spécialisés dans l’autisme.
«C’est
le résultat d’une commission interministérielle, chargée par le président de la
République, d’élaborer une stratégie nationale de prise en charge des autistes
et de trouver des mécanismes appropriés pour prendre soin d’eux» a-t-il
souligné. M. Boughali a loué aussi les efforts
consentis par le ministère de l’Education et celui de la Solidarité nationale,
pour intégrer les enfants autistes dans des classes normales ou spécialisées,
selon les cas, et de les accompagner au double plan psychologique et sanitaire.