CULTURE-
OPINIONS ET POINTS DE VUE- TAMAZIGHT, LANGUE NATIONALE ET OFFICIELLE
© Aomar Mohellebi/L’Expression,
jeudi 20 avril 2023
Tamazight langue nationale et officielle il ya quarante trois ans donc, des
manifestations ont éclaté, afin de revendiquer la reconnaissance des dimensions
amazighes de la culture et de l’histoire algériennes. Quarante-trois ans après
le printemps berbère du 20 Avril 1980, la langue amazighe jouit, désormais, de
tous les droits en Algérie. En plus de sa constitutionnalisation en tant que
langue nationale et officielle dans la Constitution, elle est également
enseignée dans les écoles publiques depuis septembre 1995. De même qu’une liste
d’autres acquis, qui paraissaient utopiques, en 1980, sont aujourd’hui une
réalité tangible et palpable. Certes, il reste encore un long chemin à
parcourir mais là, il s’agit du travail des chercheurs, des scientifiques et
des écrivains qui devront maintenant conférer un prolongement productif sur le
terrain afin que les textes institutionnels et constitutionnels reconnaissant
Tamazight, puissent être concrétisés dans les faits. Il y a 43 ans donc, des
manifestations ont éclaté afin de revendiquer la reconnaissance des dimensions
amazighes de la culture et de l’histoire algérienne. Depuis, de nombreuses
autres actions pacifiques ont suivi, dont les principales sont la marche
l’historique du 25 janvier 1990 à Alger et la grève du cartable de 1994.
Entre-temps, il y a eu également d’autres actions, principalement des marches
et des grèves notamment dans les années 90, exigeant du pouvoir la
reconnaissance de Tamazight constitutionnellement et son enseignement dans les
écoles publiques algériennes. Au bout d’un long combat mené avec constance et
dignité, c’est la première fois qu’un acquis a été arraché en faveur de cette
identité laquelle a suivi la marche historique du 25 janvier 1990 ayant drainé
à Alger des centaines de milliers de manifestants dont les principaux militants
de la cause berbère et du Mouvement culturel berbère. Après cette marche, le
pouvoir a décidé de lancer deux départements de langue et de culture amazighes
aux universités de Béjaïa et de Tizi Ouzou. C’est la première fois dans
l’histoire que Tamazight accède enfin, de manière officielle, dans les
institutions, car le célèbre cours de langue amazighe que dispensait Mouloud
Mammeri à l’université d’Alger était informel. Il a fallu attendre l’année 1995
et la fameuse grève du cartable qui a paralysé les écoles et les universités,
de septembre 1994 à avril 1995, pour enregistrer d’autres conquêtes du combat
identitaire. Il s’agit essentiellement de l’introduction, pour la première fois
dans l’histoire de la langue amazighe dans l’Education nationale. En plus de
cette mesure historique, le pouvoir a décidé en même temps de fonder le Haut commissariat à l’amazighité, institution rattachée à
la présidence de la République, chargée de la promotion de tout ce qui a trait
à l’amazighité. Le troisième acquis, suite au boycott scolaire de 1994-1995,
est le lancement d’un journal télévisé entièrement réalisé en langue amazighe à
diffusé quotidiennement à 18 heures sur la chaîne de
télévision publique (Entv à l’époque). Après plusieurs
événements et autres actions initiées toujours par le Mouvement culturel
berbère, la décision tant attendue a été prise en 2002, suite à une révision de
la Constitution. Il s’agit de la reconnaissance de Tamazight comme langue
nationale. Et en 2016, la Constitution reconnaît, enfin, Tamazight comme langue
nationale et officielle, couronnant ainsi un long combat pacifique dont le
point d’orgue a été le printemps (berbère) d’avril 1980. Ce dernier aura été un
véritable tournant dans le combat identitaire, car depuis sa survenue, le
processus de reconnaissance de la langue amazighe est devenu incontournable et
ne souffre plus aucune équivoque.