RELATIONS INTERNATIONALES- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-
ESSAI AMAR ABBA- « LA POLITIQUE ETRANGERE DE L’ALGERIE »
© Le Soir d’Algérie/ Soraya Naili, mardi 11 avril
2023
La politique étrangère de l’Algérie. 1962-2022. Amar Abba. éditions Frantz-Fanon. 2022. 440p.
1 500 da.
En octobre 2019, Amar Abba s’apprête à prendre sa retraite. Il boucle sa
valise de diplomate et raccroche de son dernier poste d’ambassadeur à Londres.
Il avait alors en tête d’enseigner à l’Institut diplomatique et des relations
internationales dépendant du ministère des Affaires étrangères pour apporter
son expérience à la jeune génération de diplomates algériens. Mais le Covid a mis un frein à ce projet.
Amar Abba change son fusil d’épaule. Il décide d’écrire un livre à
l’intention des chercheurs, étudiants et jeunes diplomates. Titre : « La
politique étrangère de l’Algérie 1962-2022 », paru aux éditions
Frantz-Fanon en novembre 2022.
Cet ouvrage est dédié «à tous les diplomates-militants
qui, durant la lutte de Libération nationale, ont porté, sur tous les continents
et dans toutes les enceintes internationales, le combat du peuple algérien pour
son indépendance», note-t-il sous forme de dédicace.
Un éclairage sur la politique étrangère de l’Algérie depuis 1962. Soixante ans
d’analyse politique. «Une observation essentielle
s’impose d’emblée en ce qui concerne autant le contenu que le style de la
politique étrangère de l’Algérie depuis 60 ans : elle a, durant longtemps, été
plus une diplomatie de mouvement de libération au service d’une idéologie
qu’une diplomatie d’État. Ceci s’explique évidemment par la manière dont les
Algériens se sont libérés du colonialisme. Elle tient aussi au fait que la
génération qui a lutté pour l’indépendance est restée (trop) longtemps au
pouvoir.»
Quelques pages plus loin, l’ancien diplomate écrit «La réelle inflexion vers la
realpolitik a été inaugurée durant l’ère Chadli Bendjedid. Les moments les plus
forts de cette nouvelle orientation, ce sont incontestablement les visites
officielles qu’il a effectuées à Paris (1983) et à Washington (1985) (...)
cette inflexion sera renforcée par Abdelaziz Bouteflika durant les 20 années
qu’il a passées au pouvoir et pendant lesquelles une sourdine a été mise sur
les aspects les plus saillants de ‘la politique de principe’ qui imprégnait la
démarche internationale de l’Algérie.»
L’auteur explique la stratégie politique de l’Algérie avec ses voisins du
Maghreb et du sahel. Il met en lumière les relations diplomatiques de notre
pays avec la France durant les gouvernements successifs (Boumediene, Bendjedid,
Bouteflika, Tebboune). Sous le titre Bouteflika-Chirac, l’amitié improductive,
on peut lire : «Ce n’est qu’avec l’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika en avril 1999
que l’on assistera à un réchauffement des relations entre les deux pays.
La visite d’État qu’effectuera le Président algérien en France en juin 2000,
son activisme sur le plan international et la loi qu’il fit adopter, dès
septembre 1999 en faveur de la concorde civile et surtout le référendum qu’il
organisa en vue de l’adoption, en septembre 2005, de la Charte pour la paix et
la réconciliation nationale réduiront considérablement la tension sur le plan
interne et contribueront à un retour de l’Algérie sur la scène internationale.»
Les lecteurs pourront, en outre, avoir un aperçu sur les relations
diplomatiques avec l’Italie, l’Espagne, la Russie, la Chine, les pays arabes,
du Moyen-Orient, d’Afrique...
L’auteur étudie la question de l’Algérie et des droits de l’Homme. «L’Algérie a commencé à subir les attaques des ONG
internationales, en particulier d’Amnesty International, à partir de la moitié
des années 80 avec l’emprisonnement et la condamnation des initiateurs de la
première Ligue algérienne des droits de l’Homme, dont certains à des peines de
prison ferme ‘‘pour atteinte à la sûreté de l’État’’ (décembre 1985). Ces
pratiques du régime algérien, incapable de se réformer et de tolérer ne
serait-ce qu’une association de défense des droits de l’Homme, qui est
considérée sur le plan international comme un smic en la matière seront chèrement
payées par l’Algérie en termes d’image et de respect international (...) les
événements d’Octobre 1988 provoqueront une secousse salutaire dans le régime
algérien qui va lancer, dans le cadre de la Constitution du 23 février 1989,
une série de réformes politiques importantes qui vont avoir une traduction en
matière de droit de l’Homme et de libertés fondamentales...»
Cet ouvrage balaye soixante ans de politique étrangère de l’Algérie. C’est un
outil didactique pour tous ceux qui s’intéressent à la politique extérieure de
notre pays. Très détaillé et bien expliqué, il se lit facilement. Le livre de
Amar Abba est préfacé par Abdelaziz Rahabi.
Amar Abba est né en 1948 à Ighil Mahni,
dans la région d’Azeffoun. Après des études
supérieures à l’École nationale d’administration, il effectue une longue
carrière dans la diplomatie (Dar Es-Salam, Athènes,
Moscou et Londres).
Il a, en outre, occupé plusieurs postes au ministère des Affaires étrangères
dont celui de directeur général des relations multilatérales en charge de
l’ONU. Amar Abba enseigne actuellement à l’Institut diplomatique et des
relations internationales d’Alger (IDRI).