CULTURE- CINEMA- MOHAMED ZINET (CINEMA)
Né à Alger le 16 janvier
1932 (quartier de la Casbah d'Alger, où il a suivi son enseignement
primaire), Mohamed Zinet (décédé en France/Bondy
le 10 avril 1995) s'est très tôt
intéressé au théâtre et commença à activer au sein du Parti du peuple algérien
(PPA), où il a fondé la troupe (El Manar El Djazairi).
A Paris, il a présenté une pièce théâtrale inspirée du "Bourgeois
gentilhomme" de Molière (1947), avant de rejoindre une autre troupe sous
la bannière des Scouts musulmans algériens (SMA).
Son intérêt pour le cinéma mondial s'est
accru grâce aux films projetés à l'époque, dont le film "Pépé le
Moko" de Julien Duvivier qui lui a laissé une impression opposée à la
vision coloniale envers le peuple algérien. Au milieu de ce mouvement culturel
et nationaliste, feu Mohamed Zinet a rejoint le
Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), où sa carrière
artistique décolla à travers l'interprétation de nombreux personnages
théâtraux, et sa conviction de l'importance de la lutte politique et armée
s'est affermie.
La comédie théâtrale "Tibelkachoutine", "l'homme aux brindilles"
en berbère, créée en 1953 témoigne de sa grande admiration pour Charlie Chaplin
et le cinéma muet. Une pièce présentée en Tunisie, qu'il envisageait d'adapter
pour le cinéma mais le film ne verra jamais le jour.
En 1958, il rejoint les rangs de la
Révolution en tant qu'officier de l'ALN.
Le transfert urgent de Zinet en Tunisie, grièvement blessé lors d'une mission,
donna un autre tournant à sa vie en ce sens qu'il avait rejoint le mois d'avril
de la même année la troupe artistique du Front de libération nationale (FLN).
Parmi les rôles qu'il a interprétés
celui de Lakhdar, héros de la Révolution, dans "Le cadavre encerclé"
de Kateb Yacine.
Les choix artistiques de Mohamed Zinet témoignent d'un esprit ambitieux et perfectionniste
en tant que réalisateur et comédien.
En 1959, il se rend à Munich pour suivre
une formation dans le théâtre naturel, "Kammerspiele".
Dans ses allers-retours entre Paris et
Alger, il a eu une contribution avec le réalisateur français Jean-Marie Serreau dans la pièce théâtrale "les bonnes" en
France, avant de concourir à la création de "Casbah films" en Algérie
avec les moudjahidine Yacef Saadi et Habib Réda.
En 1965, Zinet
est recruté à l'Office national pour le commerce et l'industrie
cinématographique (ONCIC) et est l'assistant du réalisateur Amar Laskri.
En tant que réalisateur assistant,
Mohamed Zinet a secondé Ennio Lorenzini
dans "les mains libres" en 1964 et Gillo Pontecorvo dans le légendaire
"la bataille d'Alger" (1966).
Il a également collaboré en tant que
comédien avec la réalisatrice Sarah Maldoror dans son
court-métrage "Monangambé",
deux fois avec René Vautier dans "Les trois cousins" et Daniel
Moosmann (Le bougnoule) sorti en 1975.
A propos de son film "Le bougnoule",
Mohamed Zinet a déclaré, lors d'une interview avec
l'institut français de l'audiovisuel, qu'il avait aimé le personnage qui lui
ressemble un peu.
Concernant le racisme contre les
immigrés, le comédien a dit "j'accueille les commentaires racistes avec un
sourire car je suis fier d'être algérien, mais en même temps ça me fait mal de
voir les autres subir le racisme".
Réalisé en 1971, « Tahya ya dido »
est le seul long-métrage de Mohamed Zinet dans lequel
il a donné sa vision de l'Algérie indépendante avec réalisme et poétisme à la
fois.
Cette double touche, entre la réalité et
l'utopie, est justement le fruit du background artistique de Zinet qui était fan de Charlie Chaplin et de l'expérience
artistique franco-allemande, aiguillonné par ses moult déplacements et voyages,
source de grandes idées et ambitions.
Tombé sous son charme, Zinet relate dans ce film la Casbah et Alger la blanche,
perle de la Méditerranée qui attire les curieux pour contempler et ressentir
les changements survenus suite à son indépendance. Il a donc ouvert la voie à
son ami, le poète Himoud Brahimi plus connu sous le
nom de Momo, pour parler à la ville dans un dialogue poétique que les
différentes générations connaissent par cœur.
Le producteur a eu recours aux
composantes culturelles algériennes, pour ne citer que la fantasia et le hayek, représentées à travers les aspects de la vie de tous
les jours dans les ruelles de la Casbah, une véritable rétrospective, tantôt
cinématographique tantôt romanesque, du quotidien des Algériens.
"Tahia Ya
Didou" n'est autre qu'un film dont le scénario
s'apparente à un album souvenirs de Zinet, ayant joué
le rôle d'un Moudjahid qui vit un présent hanté par les douleurs du passé,
lanciné par les voix et les réminiscences qui refont surface, faisant ressurgir
des parties de son parcours révolutionnaire et militantiste
dans les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN) et la Troupe artistique
du Front de libération nationale (FLN), levant ainsi le voile sur les crimes du
colonisateur à travers les scènes qui ressassent la torture des militants.
Doté d'une intelligence artistique sans
pareil, Zinet a su convertir l'idée de réaliser un
court film promotionnel sur le tourisme en Algérie en un long-métrage de
différents rôles entremêlés avec le grand public dans les rues pour former une
mosaïque multicolore.