HISTOIRE- RESISTANCE- HADJ L’MOKHTAR ATH SAID
Hadj l’Mokhtar Ath Saïd est
un héros de la résistance populaire né à la fin du XVIIIe siècle, au village de
Tiroual, dans l’actuelle commune d’Ouacifs, au nord du chef-lieu de wilaya de
Tizi-Ouzou. Il était l’un des premiers résistants contre l’occupant français, a
rappelé Mohamed Oussaid Aomar, président de l’association Hadj l’Mokhtar Ath
Said qui avait, en 2020, immortalisé l’épopée de cet illustre résistant, chef
du Arch Ait Bouakach et poète, par l’érection d’une stèle à son effigie dans
son village natal. Dans son célèbre livre poèmes kabyles anciens, l’écrivain et
anthropologue Mouloud Mammeri a gratifié l’Hadj Mokhtar Ath Said du titre
Amusnaw (savant) traditionnel, réputé pour sa sagesse ayant fait qu’il était
sollicité par toute la région pour ramener la concorde et la réconciliation. En
plus de son statut de chef de tribu, l’Hadj Mokhtar était également poète et
chef de guerre qui avait conduit, avec d’autres notables, les troupes kabyles
en 1830 à la bataille de Staoueli contre l’invasion française. Selon toujours
Mouloud Mammeri, le sage et réconciliateur de familles en conflit est resté
toujours fidèle à ses convictions anti-colonialistes, puisqu’il continua à
mener la résistance contre les troupes coloniales et leurs supplétifs, jusqu’à
la fatidique et célèbre bataille d’Icheriden de 1857. En 1851, il était l’un
des chefs des fantassins Igawawen qui a l’instigation de Boubaghla, mène une
action contre les cavaliers makhzen des Abid Chamlal. Une année après, le
résistant devint l’ennemi personnel de Si El Djoudi, nommé par la puissance
coloniale, Bachaga symbolique des Igawawen. Hadj Mokhtar était, avec Hocine Aït
Hadj Arab de Tikichourt et Hadj Aït Yaâkoub des Ouadhias, un des chefs de la
résistance et il le restera jusqu’à la défaite du 24 juin 1857 à la bataille
d’Icheriden et l’occupation de la Kabylie. La date de naissance et celle de
décès de cet illustre résistant sont inconnues. Idem pour le lieu de son
enterrement, indique l’association portant son nom et qui estime qu’il devait
avoir 35 à 40 ans en 1832. Sa résistant à la colonisation française, sa
disponibilité permanente ainsi que sa sagesse de réconciliation lors des
conflits sont là les qualités intrinsèques ayant fait que le personnage était
fortement respecté par les populations et sollicité dans toute la région pour
mener des missions de réconciliation. Selon l’association qui porte son nom,
deux arbres centenaires portent le nom de l’Hadj l’Moukhtar Ath Said, jusqu’à
ce jour dans la mémoire collective. Le premier se trouve à l’entrée de Ouacif
(en venant de Tiroual) où, selon cette mémoire collective, il aimait se
reposer, et le second est situé à Ath Yenni. Ce dernier lui aurait été offert
par les Ath Yenni, en signe de reconnaissance à son rôle dans la réconciliation
de deux habitants en conflit à cause justement de cet olivier. Le président de
l’association éponyme a souhaité, lors de la cérémonie d’inauguration de la
stèle à son effigie, que cette initiative, visant à rappeler ce grand
résistant, poète et qui était aussi un sage et un réconciliateur qu’on
consultait pour régler les conflits, soit renforcée par un travail de recherche
sur le parcours de Hadj l’Mokhtar, cité par l’écrivain et anthropologue Mouloud
Mammeri dans «Poèmes Kabyles anciens» et de «Collecte de ses poèmes». Il est à
rappeler que sous le haut patronage du Haut-Commissariat à l’amazighité, l’APC
d’Ath Ouacif et le Comité des fêtes de la ville d’Ath Ouacif ont organisé en
2015 les premières poésiades d’Ath Ouacif en hommage à Lhadj l’Mokhtar Ath
Saïd. La dernière édition du salon du livre d’Ath Ouacifs organisée l’année
dernière a été aussi dédiée à la mémoire de ce pionnier de la résistance contre
l’occupation.