CULTURE-
PERSONNALITES- AISSA DJERMOUNI (CHANTEUR)
Star
des années 1920 et 1930 de la chanson « Riffi », il
est le premier algérien à se produire à l’Olympia de Paris. Sa voix, à la fois
puissante et émouvante, résonnait fort. Aissa Merzougui, dit Aissa Al Djermouni, est né en 1886 à M’toussa (Khenchela).
C’est un chanteur et poète algérien qui s’est distingué par son vaste
répertoire musical qui ne laisse guère indifférent. Issu d’une famille de
paysans sans terre appartenant à la tribu des Ouled
Amara (Djeramna), il a connu durant sa jeunesse la
misère, la guerre et l’oppression. Il commença très tôt à travailler la terre
en compagnie de son père chez les colons de la région. C’est en gardant le
troupeau qu’il apprit à chanter et à faire face à la solitude. Etant
analphabète, il chantait tout ce qu’il ressentait sans composition, aidé en
cela par certains poètes tels que Boufrira et Cheikh Mekki Boukrissa. Hadj Djebari lui écrivait des chansons nationalistes dans le genre
Batna ya Batna. C’est lui qui chantera Benzelmat (Ekker En Nouguir), le bandit d’honneur et aussi l’insurrection de
1916 dans les Aurès. On raconte que Aissa Djermouni, tout analphabète qu'il était, trouvait seul les
paroles qui composaient ses chansons ; les airs musicaux aussi qu'il fredonnait
et que Mohamed Benzine reprenait aussitôt à l'aide de sa "gasba "
(flûte genre nai). Leur génie était dû à une
bénédiction de Cheikh Zouaoui homme saint que tout le
monde respectait pour sa dévotion à Dieu et ses bienfaits à l'égard des démunis
et des malades, disait-on. Ses premiers enregistrements datent de 1930. Il
remporte son premier succès en 1933. Il sera suivi en 1938 d’une série de 10
disques. Parmi, les œuvres qui ont forgé sa notoriété, on peut citer, entre
autres, «El Fouchi Nou Mesmar», ou «Wach talaou fel aguba»…
Une centaine d’œuvres, des dizaines de représentations publiques, une vie
intense vouée au chant, à la défense des valeurs essentielles d’une communauté
rurale brisée par la colonisation, à la recherche d’une renaissance. Sa voix
inimitable est un long cri de douleur, une émouvante complainte où se mêlent la
révolte et l’humilité, la grandeur d’âme et la bravoure. De constitution
physique moyenne et de petite taille, le chanteur est frappé de typhus à Guelma
en 1945, il sera transporté à l’hôpital de Constantine où il mourra le 16
décembre 1946. Il sera enterré à Aïn Beida où il a passé la majeure partie de
sa vie artistique. Il laissa quatre filles dont l’une a chanté, au début des
années 1980, pour la télévision les chansons de son père. Le jour de sa mort,
tous les commerçants de la ville ont baissé leurs rideaux et Hadj Mohamed
Benzine a brisé sa flûte jurant de ne plus jouer tant l’onde de choc était
importante. Un an plus tard, Benzine partira à la Mecque pour ratifier sa
promesse avant de rejoindre son ami quelques années plus tard. Aissa El Djermouni sera
‘‘ressuscité’’ en 1992, grâce à la sortie d’une série de cassettes, en
plusieurs volumes, constituée d’une grande partie de son riche patrimoine
menacé de disparition. Depuis de nombreuses années, la ville d’Oum el Bouaghi organise le Festival Aïssa Djermouni,
manifestation culturelle et artistique importante, qui comporte des
expositions, des galas, des conférences, des troupes folkloriques des pièces
théâtrales pour enfants et adultes ainsi que, bien évidemment, le concours
relatif à la poésie et aux contes