COMMUNICATION- TELEVISION- TELEVISIONS
ARABES/ASBU (ALGER)
© Horizons, Farida Belkhiri, 2 avril 2023
L’ASBU est une
valeur ajoutée sûre et fiable pour l’ensemble des télévisions et radios arabes,
mais également européennes, asiatiques et africaines. L e
Centre arabe d’échanges news et programmes a tout ce qu’il y a de moderne. Dans
l’organisation, la technicité, l’architecture imprégnée, par endroits, par le
style mauresque. Elégant. C’est le moins qu’on puisse dire de l’édifice qui
abrite le Centre arabe d’échanges news et programmes de l’ASBU (Union de
radiodiffusion des États arabes). Tout en étant moderne, avec ses parois en
verre et ses poutres en aluminium, il affiche fièrement son appartenance à la
culture arabo-musulmane, exhibant des broderies en bois sous forme
d’arabesques. Bien qu’elles soient très discrètes, les touches mauresques ne
manquent pas d’attirer le regard. D’ailleurs, l’architecte a pris le soin de
les mettre en valeur en ornant l’immense entrée de l’édifice, sous forme
d’arcade, de motifs géométriques qui font penser à des petits soleils. Le reste
de l’édifice est plutôt carré, sauf les parois en verre en forme de lune
au-dessus de l’entrée. Sous le soleil, les parois dégagent des reflets bleutés,
contrastant avec la céramique dorée couvrant les façades pour des raisons
esthétiques et pratiques. La céramique est connue, en effet, pour ses
propriétés thermiques et pour sa grande résistance aux feux. Une fois les portes,
en verre, franchies, on se retrouve aussitôt dans un grand hall, spacieux,
aéré, frais et baigné de lumière. Des fauteuils sont installés ici et là pour
accueillir les visiteurs. Le mobilier est sobre. La seule touche de couleurs
provient des grandes affiches de l’ASBU qui font face à l’entrée. Le hall, du
côté droit, s’ouvre sur un couloir qui conduit vers deux salles de travail et
quelques bureaux de techniciens. L’une des salles, dont le décor est tout aussi
sobre que celui du hall, est occupée, depuis quelques jours, par le
coordinateur du Centre chargé de former une douzaine d’ingénieurs et de
techniciens de différentes télévisions arabes sur le système satellitaire Menos plus. Le premier étage est dédié à la partie
technique. Outre les bureaux de l’équipe, l’étage compte une immense pièce qui
abrite le matériel de transmission, les stations, la plateforme Cloud…
De l’une des
fenêtres, on peut apercevoir une vingtaine d’antennes paraboles, en grands et
petits formats, les têtes tournées vers le ciel. «C’est
dans ces pièces que sont gérées ces antennes par nos ingénieurs. Les
techniciens, eux, se chargent surtout de la transmission»,
indique le directeur général du Centre, Mohcène
Slimani. L’équipe technique et son responsable travaillent côte à côte et en
harmonie comme en témoigne l’ingénieur soudanais en technologie de
l’information, Hamza Sulaiman. «Cela fait une année
que je travaille au Centre. Lorsque je suis arrivé ici, j’ai été surpris non
seulement par la haute performance des équipements et du matériel, mais surtout
par l’organisation. Je me suis intégré très facilement, et l’équipe est
tellement communicative et qualifiée que je ne me sens pas dépaysé. J’ai
l’impression d’être chez moi au point où j’ai décidé de m’installer en Algérie
définitivement avec ma famille», confie-t-il. Le
deuxième étage est réservé à la direction du Centre et à celle des contenus
télévision et radio. De là, la vue sur l’extérieur est grandiose. La lumière
entre en flots de partout grâce aux parois en verre. Pas besoin d’ouvrir les
fenêtres pour admirer l’architecture originale de l’Opéra d’Alger qui se dresse
juste en face et la bâtisse de l’Agence spatiale algérienne. On peut parcourir
aussi du regard l’étendue du foncier devant accueillir le projet de la ville
médiatique «Dzaïr Média
City». Les opérations de terrassement sont en cours. Les bureaux sont tout
aussi spacieux que le reste des salles de l’édifice, point chargé d’ornements
inutiles. «Cet édifice est idéal pour travailler, car
il nous change des anciens locaux qui n’étaient pas confortables, éclairés et
spacieux. C’est tellement agréable que ne nous voyons pas le temps passer et ne
ressentons pas la charge du travail», confient les
coordinateurs. La charge de travail, pourtant, ne manque pas pour la vingtaine
d’employés, entre coordinateurs, techniciens et ingénieurs. Chacun d’eux assume
plusieurs tâches qui ne semblent pas pesantes. Passionnés, ils donnent le maximum.
«Le recrutement passe par l’ASBU qui assure les
salaires. L’Union est très exigeante en matière de qualification. Chaque pays
membre propose ses ingénieurs, ses techniciens et ses coordinateurs qui doivent
tous être diplômés dans leurs branches. Ils passent un concours, et c’est le plus
performant qui décroche le poste», indique Slimani
pour qui la compétence, la maîtrise des langues et le diplôme sont les trois
critères exigés dans les concours. La majorité des employés du Centre sont
Algériens.
L’équipe compte,
néanmoins, des coordinateurs, ingénieurs et techniciens de différentes
nationalités, égyptienne, jordanienne et soudanaise. Chaque matin, le
coordinateur principal, Laârbi Megri,
tient un briefing avec les coordinateurs des télévisons de chaque pays membre
de l’ASBU. «Je commence tôt à cause des décalages
horaires. J’ai accès à toutes les agences de presse arabes. Je parcours
l’actualité dans chaque agence et je rédige mon premier outlook
sur les événements les plus importants. Des prévisions que je transmets à
l’ensemble des télévisions arabes à 9h. A 10h, j’anime une réunion par vidéoconférence
avec les différents coordinateurs pour débattre des sujets et réceptionner les
news proposées par chacun d’eux», détaille-t-il. Par
la suite, il recense tous les sujets demandés avant de recueillir et d’envoyer
la matière brute, des images accompagnées d’un petit résumé. «Je
traduis, ensuite, ces résumés en anglais pour les transmettre à Eurovision, Asiavision et Afrivison. Les
contenus échangés ne sont pas tous retenus. Parfois, le nombre de sujets
exploités ne dépasse pas les 30 par jour. C’est une tâche très ardue, mais je
me suis habitué au rythme», affirme-t-il. Les images
partagées sont réceptionnées, précise Slimani, sans le logo des télévisions. «Les images les plus demandées sont celles qui sont
accompagnées par le son international (déclarations des officiels, cris de
manifestants, bruits d’explosion…). Des images les plus vivantes possibles. De
la Télévision algérienne, les coordinateurs arabes prennent surtout des
contenus sur le pétrole, les visites d’étrangers, des événements comme le Sommet
arabe. A ce propos, c’est l’ASBU qui a pris en charge le côté médiatique. «L’Etat a mis à notre disposition des moyens exceptionnels»,
affirme Slimani. Les mêmes procédés sont suivis par les coordinateurs des
radios. Seulement, comme les interventions des journalistes dans les radios
sont des prises de position de chaque pays, le Centre ne prend que les
déclarations des officiels. «Chaque radio fait sa propre
lecture de ces déclarations. Ainsi, nous évitons tout amalgame. Entre radios,
ce sont surtout les programmes qui sont échangés. Que ce soit pour les radios
ou pour les télévisions, nous n’acceptons pas les contenus dans lesquels un
pays arabe critique un autre. Le Centre est professionnel et veille à le rester
et nous écartons tous les risques qui pourraient amener à son blocage», soutient-il, avant de citer le cas de la Syrie.
Quand la Syrie a quitté la Ligue arabe, le Centre a continué d’échanger des contenus
avec la télévision et la radio syriennes. «La
télévision syrienne est la seule qui pouvait nous fournir de la matière sur la
guerre dans ce pays, les discours de Bachar El Assad, très demandés. Si le
Centre avait coupé les ponts, l’ASBU n’aurait pas eu accès à ces news et des télévisons européennes ou asiatiques auraient traité
directement avec la télévision syrienne et l’ASBU aurait été obligée de leur
racheter la matière au prix fort», fait-il savoir
avant de signaler que le troisième étage de l’édifice est occupé par le Centre
des échanges africains, indépendant de l’ASBU. «Nous
comptons renforcer notre coopération avec ce Centre en l’aidant à offrir des
services aux normes. Nous lui avons proposé des programmes de formation dans ce
but», rapporte Slimani, signalant que les échanges
avec ce Centre ne sont pas au niveau souhaité, car les contenus sont encore en
deçà des attentes. Se développer davantage est le but principal du Centre arabe
des échanges news et programmes. Dans cinq ans, il doit être plus performant
techniquement parlant et en termes de ressources humaines. «Le
Centre est le poumon de l’ASBU. Nous avons besoin de davantage de cadres, de
matériels et nous allons batailler pour les avoir. Quand média city deviendra
réalité, le Centre sera une véritable valeur ajoutée et contribuera au
développement audiovisuel dans notre pays. Les équipements mis en place et les
matériels technologiques nous permettrons de mieux nous positionner au niveau international», estime-t-il.