Le 5e rapport annuel sur la qualité de l’air dans le
monde en 2022 vient d’être publié (fin mars 2023). Réalisé par IQAir, une entreprise suisse de technologie de la qualité
de l’air, spécialisée dans la protection contre les polluants atmosphériques,
le rapport s’est basé sur l’analyse des données de quelque 30 000 stations de
surveillance de la qualité de l’air, réparties sur 7323 sites dans 131 pays,
territoires et régions.
A
cet effet, Frank Hammes, PDG mondial d’IQAir a expliqué : «Plus de la
moitié des données mondiales sur la qualité de l’air ont été générées en 2022
par des efforts communautaires de base.» Selon lui, lorsque les citoyens
s’impliquent dans la surveillance de la qualité de l’air, il est constaté un
changement de conscience et l’effort conjoint pour améliorer la qualité de
l’air s’intensifie.
De
son côté, Aidan Farrow, chercheur principal sur la
qualité de l’air à Greenpeace International a assuré, quant à lui, que trop de
gens dans le monde ignorent qu’ils respirent de l’air pollué.
«Les
moniteurs de pollution atmosphérique fournissent des données concrètes qui
peuvent inspirer les communautés à exiger des changements et à demander des
comptes aux pollueurs, surtout que le monde mérite que sa santé soit protégée
de la pollution de l’air», a-t-il poursuivi.
Le
rapport a donc révélé, en premier lieu, que seuls six pays, soit 5% des pays de
la planète respectent les directives de l’OMS sur la pollution de l’air fixés à
2,5 PM ou une moyenne annuelle de 5 µg/m3 ou moins.
Il
s’agit de l’Australie, l’Estonie, la Finlande, la Grenade, l’Islande et la
Nouvelle-Zélande. A contrario, les pays les plus pollués en 2022 sont d’abord
le Tchad avec 89,7 µg/m3, soit 17 fois plus supérieur
à la directive annuelle de l’OMS.
En
second, il y a l’Irak avec 80,1 µg/m3, soit 16 fois supérieur à la
recommandation annuelle de l’OMS. Le Pakistan arrive en troisième position avec
70,9 µg/m3, soit 14 fois plus supérieur à la directive
annuelle PM2,5 de l’OMS.
On
retrouve le Bahreïn en quatrième position avec 66,6 µg/m3, soit 13 fois plus supérieur à la directive annuelle de l’OMS. Enfin, le
Bangladesh avec ses 65,8 µg/m3, soit 13 fois plus supérieur
à la directive annuelle de l’OMS. Le rapport indique aussi que 118 des 1.1 pays
et régions, soit 90% ont dépassé la valeur indicative annuelle de PM2,5 de
l’OMS.
Le
rapport nous renseigne également sur les villes les plus polluées du monde, et
celles-ci se situent majoritairement, selon le rapport, en Asie et sont au
nombre de huit des dix villes du monde avec la pire pollution atmosphérique.
En
ce qui concerne l’Algérie, elle disposerait, selon le rapport, de l’air le plus
propre parmi les pays arabes.
Classée
à la 58e place entre la Thaïlande et la Malaisie avec un taux de 17,8
microgrammes par mètre cube d’air, soit seulement 4 fois plus
supérieur que la valeur indicative annuelle de PM2,5 de l’OMS, l’air de
l’Algérie est loin d’être autant pollué que celui de l’Egypte, le Bahreïn, ou
encore le Koweït.
Au
top du classement, on retrouve le Tchad avec un taux de 89,7 microgrammes par
mètre cube d’air, soit plus de 10 fois supérieur que la valeur indicative
annuelle de PM2,5 de l’OMS.
Par
ailleurs, le Guam, un territoire insulaire américain de Micronésie situé dans
la partie ouest de l’océan Pacifique, clos le classement avec un taux de 1,3
microgrammes par mètre cube d’air, décrochant le titre de la région où l’air
est le moins pollué du monde.
De
son côté, Farid Rahal, maître de conférences à l’université des sciences et
technologie d’Oran, estime que l’Algérie réalise de louables efforts en matière
environnementale, notamment en visant à exploiter son grand potentiel de
production d’énergie solaire, éolienne, hydraulique, géothermique et
bioélectrique.
«L’objectif
est d’inclure 27% de production d’énergie renouvelable dans son mix énergétique
d’ici 2030», assure le chercheur.
Selon
lui, ces efforts pourront impacter positivement la qualité de l’air en Algérie
car la pollution atmosphérique est due, principalement aux émissions issues de
la combustion de sources d’énergie fossiles comme le pétrole ou le gaz, que ce
soit dans l’industrie, le secteur des transports ou bien le secteur
résidentiel.
«Cependant,
beaucoup d’efforts restent à accomplir, notamment en ce qui concerne la
pollution atmosphérique, qui est jusqu’à présent invisible car il n’existe pas
actuellement de réseaux de surveillance en continu de la qualité de l’air en
Algérie.
Malgré
le fait que les villes d’Alger, Annaba et Oran en étaient dotées dans les
années 2000. Cependant, le coût exorbitant de maintenance de ces équipements a
fait qu’ils ne sont plus opérationnels», se désole M.
Rahal.
Ce
dernier a par ailleurs précisé que le projet Apomos
(Air Pollution Monitoring System) que l’Université de l’USTO-MB et l’entreprise
Sonatrach développent conjointement «pourrait
contribuer à mieux maîtriser la pollution de l’air, qui est considérée comme un
risque majeur par le législateur algérien».