ENVIRONNEMENT- ETUDES ET
ANALYSES- CLIMAT/RAPPORT GIEC MARS 2023
LE GROUPE D’EXPERTS
INTERGOUVERNEMENTAL SUR L’ÉVOLUTION DU CLIMAT a publié, le 20 mars 2023, son
rapport de synthèse contenant les résultats de huit ans de travail sur l’état des
connaissances scientifiques à propos du dérèglement climatique, les moyens de
s’y adapter et les solutions pour l’atténuer. S ans
équivoque, le rapport du Giec affirme que les
activités humaines sont les principales responsables du réchauffement de la planète.
Celui-ci est dû aux émissions de gaz à effet de serre, dont près de 80% sont
liées à l’énergie. Le reste est dû à l’agriculture et la déforestation. La
concentration de CO2 dans l’atmosphère est au plus haut depuis au moins deux
millions d’années. Selon les experts du Giec, le
climat s’est réchauffé actuellement de 1,09°C par rapport à la période
1850-1900. Selon les accords de Paris (COP21), il est nécessaire de rester en
dessous des 1,5°C pour limiter au maximum les conséquences de ce dérèglement. «Or, au vu de la trajectoire actuelle, le réchauffement
devrait atteindre 1,5 degrés autour de 2030/2035», souligne le rapport.
L’augmentation des températures globales participe à l’accentuation et à la
multiplication des épisodes extrêmes que ce soit des vagues de chaleur, des
fortes inondations, des sécheresses ou encore des vagues de froid polaire,
précise encore le rapport. Le changement climatique provoque déjà des dégâts
importants dans plusieurs régions du monde. Le Giec
estime que le niveau de l’océan s’est élevé de 20 cm, lié à la fonte des
glaces, et que la hausse des températures a fait disparaître des centaines
d’espèces animales et végétales. «Ces phénomènes vont
également s’accélérer et près de la moitié de la population mondiale est
gravement menacée», note le rapport du Giec. Et de
souligner que le changement climatique a déjà touché «l’accès
à l’eau et à l’alimentation, avec la réduction de la croissance de la
productivité agricole depuis 50 ans, la santé, avec une augmentation des
maladies vectorielles transmises par les moustiques, mortalité liée aux vagues
de chaleur, et l’activité économique». DES SOLUTIONS EXISTENT Sur les 5
scénarios que les scientifiques du Giec ont étudié,
le plus pessimiste prévoit un réchauffement compris entre 3,3 et 5,7°C d’ici à
la fin du siècle. Le scénario médian, qui verrait la poursuite des politiques
actuelles, nous mène tout droit vers un réchauffement à +2,8°C. «Même dans un scénario plus optimiste où les engagements
pris par les Etats seraient respectés, nous irions tout de même vers un
réchauffement de +2,5°C d’ici à la fin du siècle, avec des conséquences
irréversibles sur les écosystèmes et les vies humaines», fait remarquer le
groupe des experts. Actuellement, entre 3,3 et 3,6 milliards d’êtres humains
vivent dans une situation de forte vulnérabilité face au climat. «Alors que la fréquence et l’intensité des épisodes extrêmes
vont augmenter, les populations les plus touchées sont les moins responsables
du changement climatique, c’est-à-dire les plus pauvres», relèvent les experts.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a partagé son effroi à la
lecture du rapport : «J’ai vu de nombreux
rapports scientifiques dans ma vie, mais rien de comparable à celui-ci. C’est
un atlas de la souffrance humaine et une accusation accablante de l’échec du
leadership climatique. Je sais que partout les personnes sont angoissées et en
colère, il est temps de transformer cette rage en action.»
Selon les experts, les solutions existent, il ne manque que la volonté politique.
«Cette synthèse de rapport souhaite rester optimiste
en constatant que les solutions existent et peuvent s’appliquer dès
aujourd’hui, si les responsables politiques en prennent la mesure», soulignent
les auteurs du rapport. Ils sont unanimes à dire qu’il y a une nécessité de
réduire drastiquement l’usage des énergies fossiles. Pour atteindre les
objectifs définis, aucun nouveau projet pétrolier ne doit voir le jour.
D’autres solutions concernent la protection des forêts et la reforestation,
l’adaptation des villes ou encore l’agroécologie. Pour ce faire, plus de fonds
doivent être alloués par les Etats, conclut le Giec.