CULTURE- PERSONNALITES-
MOHAMED BENCHENEB (COMPLEMENT)
Mohamed
Bencheneb (1869- 1929) est considéré comme l’un des
plus éminents penseurs algériens du XXe siècle pour avoir été le premier
titulaire d’un doctorat et un des plus importants chercheurs de sa génération.
Ce fervent défenseur de l’identité nationale a vécu durant la période où le
colonisateur pensait avoir réussi à l’aliéner. Né le 26 octobre 1869 à Aïn Deheb (ex Takbou), le défunt est
issu d’une grande famille de Médéa. Après de premiers enseignements auprès de
son cheikh, Ahmed Barmak, qui l’a initié aux sciences
coraniques, il rejoignit le primaire et le secondaire. Bencheneb
décroche son baccalauréat en 1896 et quitta Médéa pour Alger où il rejoint
l’Ecole normale supérieure de Bouzaréah. A peine âgé
de 19 ans, il devient enseignant de langue et de littérature française à
l’école du Cheikh Sidali à proximité de Médéa. Quatre
ans plus tard, c’est à l’école Ibrahim-Fatah à Alger qu’il se consacra à
l’étude de la langue italienne, tout en approfondissant l’étude de la
rhétorique, de la logique en suivant les cours du savant Abdelhalim
Bensmaïa. Après l’obtention d’un diplôme
universitaire en langue arabe de l’Université d’Alger, il se mit à
l’apprentissage d’autres langues : espagnol, allemand, latin, persan, turc
et hébreu. En 1898, il est nommé enseignant à la medersa «El
Kattania» de Constantine. Au début du XXe siècle, on
le retrouve à la medersa «Thaâlibiyya»
d’Alger où il a côtoyé de nombreux oulémas. En 1908, il est nommé maître de
conférences à la Faculté des lettres de l’université d’Alger et est élu membre
de l’Académie scientifique arabe à Damas (Syrie) en 1920, année où il fut le
premier algérien à décrocher un doctorat de l’université d’Alger. Le regretté a
pris part à plusieurs Congrès internationaux en Afrique du Nord et en Europe,
dont le 14e Congrès des orientalistes tenu à Alger en 1905 et le 17e Congrès
des orientalistes à Oxford (Angleterre) en 1928. Bencheneb
a tissé des relations avec plusieurs intellectuels étrangers dont les
orientalistes Miguel Palacios et Ignati
Krachkovsky. Il fut le premier chercheur à
s’intéresser aux langues et à la traduction. Il publia de nombreuses recherches
à l’instar de l’étude sur les «Sources musulmanes dans
la divine comédie de Dante», parue en 1919 dans «la Revue africaine». Il
arborait avec fierté son costume traditionnel lors des plus grandes rencontres
et conférences internationales et lutta, durant plus de 35 ans, avec l’arme du
savoir, laissant derrière lui un précieux legs d’environ une cinquantaine de
livres et publications, notamment «Proverbes de
l’Algérie et du Maghreb» et les «Mots turcs et persans conservés dans le parler
algérien». Décédé le 5 février 1929 à La Casbah, il a été inhumé au mausolée de
Sidi Abderrahmane Thaâlibi. De nombreux ouvrages dont «Mohamed Bencheneb: sa vie et son
héritage» d’Abderrahmane Djillali ont été dédiés à
cette personnalité hors pair.