SANTE – MALADIE- SURDITÉ
COCHLEAIRE
A SURDITÉ DE L’ENFANT
représente un véritable problème de santé publique. C’est le déficit sensoriel
le plus fréquent, et il est responsable d’un handicap social et psychologique
majeur. Aujourd’hui, plus de 60.000 patients sont pris en charge chaque année
dans le monde. Les implants cochléaires sont des prothèses électro-acoustiques
qui induisent des sensations auditives, en stimulant directement le nerf
auditif. Elles sont considérées comme une véritable révolution. Elles ont
démontré leur efficacité dans la réhabilitation de ces surdités chez l’enfant.
C’est une technique sûre, efficace lorsqu’elle s’adresse à des populations
correctement sélectionnées. En Algérie, la situation est à son stade
embryonnaire. Selon les résultats d’une étude clinique rétrospective de janvier
2008 à décembre 2022, 95 enfants ont été implantés au niveau du service d’ORL
du centre hospitalo-universitaire du Dr Hassani Abdelkader de Sidi Bel Abbès. Selon le Dr Djofr du
service ORL et chirurgie cervico-facial, 77% de ces enfants sont atteints d’une
surdité profonde bilatérale et 23% d’entre eux sont touchés par une surdité
sévère. L’étude a révélé que 39% des cas ont des parents qui ont un lien de
consanguinité. La surdité sensorielle est le handicap le plus fréquent dans le
cas des mariages consanguins avec une naissance sur 1.000. Dans cet
échantillon, les filles sont les plus touchées avec un taux de 53%. Le
praticien a fait savoir que 41% de ces patients ont bénéficié d’un appareillage
auditif conventionnel avant l’intervention tandis que 12% d’entre eux ont
bénéficié d’une mise en place d’un drain trans-tympanique dans le cadre d’une
otite séro-muqueuse traitée avant l’acte
chirurgicale. L’étude a démontré aussi un retard dans la prise en charge des
enfants âgés de 1 à 3 ans soit un taux de 58%. Ce retard, a-t-il poursuivi, est
dû au manque de moyens. Le Dr Djofr a fait savoir que
70 % des enfants ont suivi une scolarité normale. «L’objectif
de l’étude est de rapporter notre expérience concernant l’implantation
cochléaire chez l’enfant et de comparer nos résultats en fonction des
paramètres suivant l’âge, le sexe, les antécédents, l’âge d’implantation, le
suivi post-opératoire latérale et la méthode», a-t-il dit. Il a également fait
savoir que 58% d’entre eux ont été opérés après l’âge deux ans. Ce retard,
a-t-il regretté, est dû au manque de moyens. «Tous les
spécialistes affirment qu’une implantation avant l’âge de deux ans offre une
meilleure opportunité d’acquérir des capacités linguistiques qui peuvent se
rapprocher de celles des enfants eux-mêmes ayant une audition normale», a-t-il
ajouté. Le praticien a fait savoir que le recueil des données a été réalisé à
partir des dossiers d’hospitalisation des patients et des fiches d’évaluation
orthophoniques. La sélection des patients potentiellement implantables se fait
par une équipe multidisciplinaire composée de chirurgiens, anesthésistes,
radiologues, orthophonistes, électro-physiologistes, psychologues et audioprothésistes.
Des spécialistes et associations de sourd-muet appellent les autorités
concernées à fournir plus de moyens pour augmenter le nombre d’implants
cochléaires. Ils constatent un déséquilibre entre l’offre et la demande. Ils
plaident également pour le lancement de dépistage chez les enfants à la
naissance pour un traitement précoce et éviter les complications. Pour Dr Djofr, l’implantation cochléaire a révolutionné la prise en
charge de l’enfant sourd. Elle nécessite l’intervention d’une équipe multidisciplinaire
disposant de moyens matériels et humains adaptés aux besoins. L’évolution des
techniques chirurgicales et de rééducation orthophonique a fait en sorte de
rendre l’insertion sociale et scolaire des enfants sourds semblable à celle des
enfants normaux. «Le développement des programmes de
dépistage de la surdité en milieu néonatal et la création de centres
d’implantations cochléaires aux normes internationales devraient aider
grandement à encore améliorer les résultats globaux de l’implantation cochléaire
en Algérie», a-t-il conclu.