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Monographie Aissa Kasmi- "Toudja , mon beau village"

Date de création: 04-03-2023 19:30
Dernière mise à jour: 04-03-2023 19:30
Lu: 370 fois


HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- MONOGRAPHIE AISSA KASMI- «  TOUDJA,MON BEAU VILLAGE » -------------------------------------

 

 

Toudja, mon beau village. Monographie de Aïssa Kasmi. Editions Imtidad/Editions Atfalouna , Alger 2020, 311 pges, 900 dinars

Un véritable travail de fourmi qui a permis à Aissa Kasmi, certes habitué aux enquêtes de terrain, de reconstituer , bien plus qu’un archéologue, bien plus qu’un historien , bien plus qu’un documentaliste, et bien plus qu’un sociologue, la vie du lieu qui l’a vu naître et grandir jusqu’à l’âge de 16 ans.

Il est vrai qu’il a été grandement  aidé par ses concitoyens de Toudja qui n’ont pas hésité à lui communiquer les renseignements requis pour l’élaboration des portraits insérés.

Car, en plus de nous retracer avec force détails la naissance  et le développement du village et de sa région, il s’est aventuré sur le terrain le plus délicat de l’écriture, celui des portraits  de bien de ses habitants, décédés ou non, personnages ayant marqué peu ou prou, chacun à sa manière,  l’histoire des lieux : simples citoyens , moudjahidine,chouhada....

Bien sûr, tous les étages de l’ouvrage sont passionnants, et plongés dans ses pages  on arrive difficilement à s’en  sortir car, en fait, il y a , en nous, ressurgissant, que l’on soit d’içi ou de , de Toudja ou d’ailleurs , tout ce qui survit (« de plus authentique et de plus personnel » dixit Ahmed Taleb Ibrahimi) de notre enfance et de notre prime jeunesse

Bien sûr, les pages les plus émouvantes sont celles consacrées à certains  (54 portraits) moudjahidine et aux chouhada de la guerre de libération nationale . Portraits tous, sans exception, nous replongeant dans un époque et une atmosphère que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître.

Pour ma part, à titre très personnel, c’est le portrait de Boucheffa Arezki qui m’a le plus  touché ayant  connu  , d’assez près,  dans le secteur de l’Information et  de la Culture, le moudjahid  , un éternel   combattant au patriotisme à fleur de peau.

 

L’Auteur : Né le 20 mai 1942 à Toudja (Laazib). A 17 ans, il  se retrouve projeté fortement dans la lutte de libération nationale. Moudjahid dans la wilaya VI historique. Carrière dans la Police algérienne (1962-1998).Retraité, très actif dans l’activité socio-éducative et l’écriture.

Sommaire :Préface (Abdelhamid Ghermine)/ Introduction/ Toudja village-type de Kabylie enraciné dans l’histoire/ La résistance des populations de Toudja aux envahisseurs/ La vie économique et sociale de Toudja avant la révolution/La participation des populations de Toudja à la guerre de libération nationale/La jeunesse de Toudja face à son avenir : Portraits de  certains personnages de Toudja/ Portraits de Chouhada et de Moudjahidine/Annexes

Extraits « Pour revenir au village de Toudja, il est l’un des plus typiques et plus beaux villages de Kabylie » (p 25) , « A de rares exceptions, nous constatons avec amertume que les quatre  institutions ou « moules » chargés de façonner l’individu et de lui donner la forme la plus harmonieuse possible (famille, mosquée, école, groupe social rapproché)  sont toutes défaillantes pour ne pas dire en panne” (p 60), « Comme la plupart des villages de nos campagnes  partout en Algérie, Toudja se retrouve brutalement projeté dans une modernité de pacotille (....) . La civilisation envahissante et enveloppante du sachet noir et du béton s’installe et se niche dans les alvéoles luxuriantes et rieuses de ses cascades » (p 80), « Tout le monde sait que chaque village a sa particularité, sa bizarrerie, sa diversité, ses personnages de toutes catégories, ses fous, ses moins fous, ceux qui font les fous sans l’être, etc..  » (p 131)

Avis : Y a-t-il meilleure preuve d’amour et d ’attachement à son village natal que celui d’écrire  un livre entièrement consacré à son histoire, aux événements connus ou subis, à ses habitants, héros de guerre ou simples citoyens , à ses réalisations, à ses lacunes aussi ? Un genre historique dit mineur, conjuguant passé et présent, sorte « des noms et des lieux »  mais  qui aide (aidera) nos sociologues et nos historiens  à mieux « saisir » le pays profond et nos concitoyens à mieux  l’apprécier.

Citations« En fait, le village, c’est un peu et toujours l’enfance enfouie, les racines oubliées » (p 15), «  Quand un Algérien se disait Arabe, les juristes français lui répondaient non, tu es français .Quand il réclamait les droits des français, les mêmes juristes lui répondaient : non, tu es un arabe…… aux yeux de la loi coloniale, il a cessé d’être algérien. Il n’est pas devenu pour autant français » (Ferhat Abbas  , « La nuit coloniale,  1962 » cité p 40)