RELATIONS INTERNATIONALES- MAROC-
MAROCGATE/ENQUÊTE « MARIANNE », FRANCE
© Synthèse/ Courrier d’Algérie/ Slimane B.dimanche 19 février 2023
UNE ENQUÊTE DU MAGAZINE FRANÇAIS ‘’MARIANNE’’
DÉCONSTRUIT LES MENSONGES DU MAROC : Rabat a bel et bien recouru aux pratiques
mafieuses
La nébuleuse du mal qui a pris dans
ses griffes le Parlement européen pour le priver de sa liberté de décision et
le soumettre au bon vouloir de sa majesté le commandeur des croyants et son
makhzen est en train de perdre pied.
Bâtie grâce à la corruption et les
largesses du Makhzen, elle n’a pas résisté aux coups de boutoir de la vérité.
Les Eurodéputés corrompus sont passés aux aveux et la justice belge est en train de marquer des points qui
permettront à brève échéance de démasquer la machine mafieuse du Maroc et à
moyen terme de rendre au parlement européen et ses institutions leur
crédibilité. Dans ce cadre, nous avons appris que, Marie Arena et Alessandra
Moretti, deux eurodéputées impliquées dans le
scandale de corruption ayant éclaboussé le Parlement européen, viennent de
faire l’objet d’un mandat d’arrêt émis par la justice belge. Ces dernières sont
liées à l’enquête menée par les procureurs belges et leurs noms ont été
mentionnés dans le mandat d’arrêt international ayant visé l’eurodéputé italien
Andrea Cozzolino, arrêté la semaine dernière pour
corruption, blanchiment d’argent et participation à une organisation
criminelle, a indiqué le média américain
« Politico ». Le journal a indiqué que Marie Arena et Alessandra
Moretti étaient membres d’un quatuor, avec Cozzolino
et l’eurodéputé belge Marc Tarabella, qui a également
été arrêté la semaine dernière. Ce groupe était sous les ordres
de l’ex-eurodéputé Pier Antonio Panzeri. Inculpé
et placé en détention provisoire comme trois autres suspects, ce dernier avait
conclu en janvier un accord avec la justice, prévoyant une mesure de clémence
(une année de prison) contre son engagement à livrer des informations sur le
système de corruption auquel il admet avoir participé. Le plan et l’identité de
ce groupe ont été révélés dans des SMS envoyés à Panzeri
par son ancien assistant, Giuseppe Meroni, qui
travaillait encore au sein du groupe des Socialistes et démocrates
(S&D) à l’époque, selon le mandat délivré par la justice belge le 10
février dernier. Il faut préciser dans ce cadre que le juge en charge du
dossier, Michel Clause, fait ces derniers temps, l’objet d’une offensive du
Makhzen et ses relais pour le détourner de l’enquête et le pousser à limiter
son travail aux seconds couteaux pour protèger ceux
qui tiraient les ficelles du réseau.
Logiciel espion Pegasus, le plan
marocain éventé
Le mandat met en évidence le rôle du Maroc dans le scandale de corruption et
d’achat d’influence et cite Francesco Giorgi, assistant parlementaire d’Andrea Cozzolino et sa compagne Eva Kaili (ex-vice-présidente du
Parlement européen). Il révèle que, dans une conversation interceptée, Panzeri et Giorgi ont discuté de la promotion des intérêts
marocains en plaçant Cozzolino ou Kaili dans une
commission parlementaire spéciale enquêtant sur l’utilisation du logiciel
espion Pegasus pour pirater les téléphones des journalistes, militants et
politiciens. Giorgi a également réussi à empêcher le Parlement de publier un
texte défavorable au Maroc, et en a informé Panzeri
en mai 2022, selon le mandat. Deux Marocains considérés comme essentiels au
réseau de corruption sont également nommés dans ce document. Il s’agit de
l’espion Mohamed Belahrache (un officier de la
gendarmerie royale et agent de la DGED, les services secrets de Rabat), connus
des services d’espionnage européens depuis un certain temps et Abderrahim Atmoun, ambassadeur du Maroc à Varsovie. Selon le mandat, Atmoun « qui a joué un rôle important » en
distribuant de l’argent, aurait travaillé « en étroite
collaboration » avec les services de renseignement marocains et assuré la
liaison avec Belahrache. Pour rappel, Giorgi avait
reconnu avoir fait partie d’une organisation criminelle utilisée par le Maroc.
Il a notamment expliqué aux juges que l’eurodéputé Andrea Cozzolino
était impliqué dans cette affaire et a eu des contacts avec Abderrahim Atmoun, grâce à Panzeri, qui
était le président de la commission Maghreb et qui avait ensuite passé le
relais à Cozzolino. L’ex-eurodéputé Antonio Panzeri a déjà reconnu sa participation à des actes
corruptifs en lien avec le Maroc. Il a bénéficié avec sa famille de cadeaux en
provenance du Royaume par l’entremise d’Abderrahim Atmoun
qui était à l’époque président de la commission parlementaire mixte Maroc-UE,
entre 2011 et 2019. Il faut préciser dans ce cadre que les responsables
marocains cités dans le cadre de l’enquête et dont les noms figurent sur le
mandat d’arrêt, étaient adoubés par le proche conseiller du roi André Azoulay
qui était le principal ordonnateur des missions qu’ils remplissaient. Et c’est
ce qui explique la crainte du palais marocain de voir le scandale prendre des
proportions incommensurables notamment sur le plan des relations du Maroc avec
certains pays européens membres de l’Union.
Drogue et argent sale, les armes du
Makhzen
Impliqué dans une série de scandales de grande ampleur à l’international, le
régime du Makhzen « peine aujourd’hui à trouver de nouveaux relais
d’influence », écrit le magazine d’actualité hebdomadaire français
« Marianne », qui a consacré son
dernier numéro au Maroc et à ses mauvaises pratiques. Dans un dossier paru
dans sa nouvelle édition, intitulé: « Espionnage,
lobbying, infiltration, people, cannabis et immigration: Comment le Maroc nous
tient? », le magazine explique pourquoi ce pays a bénéficié d’ »un
traitement de faveur » pendant de longues années, alors que Rabat n’arrête
pas d’enchaîner les mauvaises pratiques et les graves dérapages, à l’instar du
scandale ayant secoué récemment le Parlement européen, le « Marocgate », une affaire qui fait encore couler
beaucoup d’encre. Les raisons avancées par Marianne se résument ainsi: espionnage, lobbying, infiltration, people,
immigration et cannabis. Ce sont les six « piliers » de l’influence
marocaine en France. À propos de l’espionnage, Marianne
rappelle l’affaire Pegasus qui avait défrayé la chronique et dans
laquelle le Maroc est impliqué en utilisant ce logiciel espion développé par la
firme sioniste NSO pour mettre sur écoute plusieurs personnalités politiques,
journalistes et autres militants. « L’indignation suscitée l’été 2021 par
les révélations de ces pratiques s’est comme dissipée. Qui s’en inquiète depuis? », s’interroge le magazine dans son enquête.
Paris, pourtant concerné au premier chef n’a rien fait dans cette affaire alors
que Bruxelles a diligenté une commission d’enquête sur ce sujet. L’hebdomadaire
français évoque aussi dans ce même contexte, le scandale retentissant qui a
éclaté récemment au sein du Parlement européen où le Makhzen a corrompu des
élus pour faire voter à Bruxelles des lois en sa faveur. Pour Marianne, le
Maroc est aussi « intouchable » car c’est l »‘une
des portes d’entrée de l’immigration vers l’Europe ». Le magazine détaille: C’est tout l’enjeu des relations entre le royaume
et l’Union européenne « d’inciter Rabat à ne pas laisser libre cours aux
passages vers l’Europe ». L’immigration est un phénomène qui inquiète et
que le Maroc utilise pour faire chanter l’UE, comme ce fut le cas contre
l’Espagne (drame de Ceuta et Melilla), dans le but, rappelle-t-on, de faire
fléchir la position de Madrid sur la question sahraouie. Et le Maroc tient
aussi la France malgré les coups bas qu’il lui inflige régulièrement,
« parce que c’est l’une des portes d’entrée de la drogue vers l’Europe »,
explique le média qui estime que le royaume, premier producteur mondial de
résine de cannabis selon l’ONU, « devrait figurer au sommet de la « wanted list » du ministre
français de l’Intérieur Gérald Darmanin qui proclame régulièrement que
« la lutte contre la drogue, partout sur le territoire, est une
priorité ». Marianne évoque, par ailleurs, les anciens canaux mis en
place par Rabat qui « fonctionnement moins bien qu’auparavant »,
ajoutant que « le Maroc peine à trouver de nouveaux relais d’influence ». En
dépit de tous les scandales où le Maroc est fortement impliqué, causant son
isolement sur la scène internationale, Rabat continue de « déployer
toutes les méthodes possibles pour pousser ses pions », note le magazine français
qui cite la dernière illustration en date : l’affaire Rachid M’Barki, journaliste à BFM TV (désormais écarté de
l’antenne). Le journaliste franco-marocain a fait diffuser dans son journal de
la nuit des sujets (non validés par sa hiérarchie) ayant subi une influence
extérieure au profit notamment du Makhzen.
La propagande médiatique à la
rescousse
La presse marocaine a publié récemment des images illustrant les mensonges du
Makhzen concernant une déclaration du président de la Commission parlementaire
mixte Maroc/Union européenne (UE), Lahcen Haddad, dans laquelle il avait nié
jeudi dernier toute rencontre avec le président de la commission Maghreb au
Parlement européen, Andrea Cozzolino, accusé d’avoir
reçu des pots-de-vin, dans le cadre du scandale ayant éclaboussé l’institution
continentale. L’article intitulé « Affaire de corruption au Parlement
européen … des photos de Lahcen Haddad avec Panzeri
et Cozzolino apportent un démenti à ses
déclarations » a été accompagné de plusieurs clichés de ces rencontres.
Ces photos ont trait à une série de réunions de la Commission parlementaire
mixte Maroc-UE au Parlement européen à Strasbourg du 8 au 10 mars 2022 et à
Bruxelles du 15 au 17 mars 2022, comme rapporté par le site officiel de la
Chambre marocaine des représentants le 19 du même mois. Ladite publication
comprend des détails sur les deux réunions et est accompagnée d’une photo de
groupe dans laquelle figurent Lahcen Haddad et Andrea Cozzolino,
apportant un démenti cinglant au responsable marocain qui a nié avoir rencontré
cet eurodéputé impliqué dans le « Marocgate »,
ce retentissant scandale de corruption au Parlement européen. Selon la presse
marocaine, cette photo n’est pas la seule du président de la Commission
parlementaire mixte Maroc-Union européenne, relevant qu’une autre photo le
montre en compagnie de Pier Antonio Panzeri, ancien
eurodéputé socialiste devenu dirigeant d’une ONG et qui fait figure de
personnage central dans cette affaire de corruption. La photo a fait l’objet
d’un article publié le 22 novembre 2018, dans lequel la Commission
parlementaire mixte Maroc/UE s’est félicitée du vote favorable de l’accord
agricole au sein de la Commission des affaires étrangères du Parlement
européen. C’est dire que le Maroc et son Makhzen même en voulant se défendre
s’enfoncent encore plus.