CULTURE-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ETUDE ABDELKRIM TAZAROUT – «
CINEMA ALGERIEN ET GUERRE DE LIBERATION NATIONALE.... »
©Texte repris de la presse nationale,
mardi 14 février 2023 (Arezki Metref, Horizons)
Intitulé «Cinéma algérien et
guerre de Libération nationale. L’image du héros», le
livre, préfacé par Ahmed Bedjaoui, se veut une
radioscopie du 7e art algérien avec des questions sur les choix des
réalisateurs et des producteurs, la représentation des personnages et des événements
majeurs de la guerre de Libération. L’auteur invite aussi les spécialistes à
répondre et apporter leur éclairage. Lors d’une rencontre organisée samedi
dernier à la librairie Chaïb-Dzaïr de l’ANEP (Alger),
Tazarout a mis l’accent sur le rôle de l’image durant
la guerre de Libération et l’impact de films tournés par des cinéastes comme
René Vauthier, Pierre Clément ou Djamel-Eddine Chanderli,
sur l’opinion internationale. L’auteur a souligné que durant les quatre
décennies qui ont suivi l’indépendance, le cinéma algérien n’a pris comme thème
principal que la souffrance et les sacrifices du peuple. Ce choix obéit, selon
lui, au slogan «un seul héros, le peuple» qui efface
l’image du leader et le rôle des individus et des noms historiques de la Révolution,
représentés seulement par des pseudonymes ou par leur simple prénom. Dans sa
première partie, l’ouvrage met la lumière sur l’évolution du cinéma de guerre
avec une attention particulière accordée à la place consacrée au héros. Depuis
«la Bataille d’Alger» de Gillo Pontecorvo, en passant
par «Patrouille à l’Est» d’Amar Laskri, «l’Opium et
le Bâton» d’Ahmed Rachedi, l’auteur zoome sur la
représentation de la guerre avec cette particularité d’effecer
l’individu au profit du combat collectif et du sacrifice populaire. L’autre
question que pose l’auteur est a-t-on fait suffisamment de films sur la guerre
d’Algérie ? Boukhalfa Amazit,
journaliste et auteur de scénarios, estime que non. Pour lui, «la guerre de
Libération n’a pas été assez représentée dans le cinéma».
Pour sa part, Ahmed Bedjaoui pense que le problème «n’est pas dans le combien, mais dans le comment a-ton
représenté cette période cruciale de notre histoire». Dans un autre chapitre,
le livre évoque la période de la dédramatisation de la guerre avec des films
tels que «Hassan Terro», de
Mohamed Lakhdar Hamina, ou «les Folles années du
twist» de Mahmoud Zemmouri. Dans ces œuvres, le héros
est désacralisé et ramené à sa nature d’homme avec ses craintes et parfois sa
lâcheté, mais avec une pointe d’humour. Le héros ne reprendra sa place dans le
cinéma algérien, explique l’ouvrage, que durant les années 2000, avec des
biopics retraçant leurs vies et leurs parcours révolutionnaires. C’est le cas
de «Lotfi», «Krim Belkacem» de Rachedi
et « Zabana » de Saïd Ould Khelifa. Mais là, encore l’auteur souligne que la plupart
des réalisations ne relatent pas réellement le personnage dans sa dimension
humaine. Elles focalisent essentiellement sur son combat pour l’indépendance,
ce qui diminue du réalisme de l’œuvre. Dans une seconde partie, Tazarout cite les plus célèbres films et analyse la
démarche de leurs réalisateurs, tout en donnant des clés de lecture pour chaque
œuvre. Enfin, la troisième partie du livre se veut un hommage à de grands noms
du cinéma algérien, comme Rouiched, Keltoum, Rachid Farès et Moussa Haddad.