SANTE- MALADIE- ALOPÉCIE (EXEMPLE D’EDOUARD
PHILIPPE/France)
Il n'a désormais plus de moustache, ni
de sourcils. Edouard Philippe (ancien premier ministre
français) , qui communique depuis plusieurs semaines
sur les changements de son apparence physique, a une nouvelle fois expliqué qu'il
était atteint d'alopécie, lors d'une interview , jeudi 2 février. "J'ai
perdu mes sourcils et je crois qu'ils ne reviendront plus. Ma barbe est devenue
blanche et elle tombe un peu. Mes cheveux tombent aussi. La moustache est
partie", énumère l'ancien Premier ministre. Mais de quoi s'agit-il
précisément ?
En réalité, l'alopécie est plus un
symptôme qu'une maladie, explique à franceinfo
Philippe Assouly, dermatologue au centre
Sabouraud de l’hôpital Saint-Louis, à Paris. "Il s'agit juste du
nom qui désigne un manque de cheveux, quelle qu'en soit la cause. Derrière, il
y a une grande variété de maladies", précise ce membre de la Société
française de dermatologie.
Selon le spécialiste, Edouard Philippe
souffre de "pelade. C'est une maladie
auto-immune", explique-t-il. C'est-à-dire que notre propre corps
se met à fabriquer des anticorps qui attaquent nos cheveux et nos poils. "Ceux
qui en sont atteints ont des zones plus ou moins vastes sans cheveux ou sans
poils. Ça peut être le crâne, les sourcils, ou même tout le corps. Dans ce cas,
on parle de pelade universelle."
Cette pathologie affecte 2,1% des
personnes, selon Philippe Assouly. A l'origine de la
chute des cheveux, "une attaque des globules blancs, qui
considèrent le bulbe pileux comme étranger", détaille-t-il. Mais
cette chute peut être temporaire car "sous l'effet d'un traitement
par exemple, les cheveux peuvent repousser".
Comme le dit Edouard Philippe lui-même,
cette maladie "n'est pas grave" et n'a pas de
conséquences sur la santé. "Ce n'est pas du tout dangereux,
confirme Philippe Assouly. Sur une île
déserte, on s'en ficherait." Selon lui, la sortie de l'ancien
Premier ministre pourrait aider à montrer au grand public qu'on peut très bien
vivre avec. En cela, il s'agit bien d'un exercice de communication de la part
du fondateur du parti Horizons, qui insiste, sur BFMTV, sur le fait que cette
maladie ne l'empêchera pas d'être ambitieux pour la ville dont il est maire, Le
Havre, et pour son pays, à l'avenir. Il y a quelques mois, il rassurait déjà, dans
une interview au Parisien : "Je suis en pleine forme, je fais de la boxe deux fois par
semaine. Et croyez-moi, je me sens bien dans ma peau !"
Si l'alopécie entraîne des
répercussions, elles sont avant tout sociales. "J'en souffre à
52 ans, mais il y a des gens qui sont frappés d'alopécie à 15 ans, ce
n'est pas du tout la même histoire. C'est facile pour moi, j'ai de la
chance", relativise Edouard Philippe.
Comme le dit Philippe Assouly, "le cheveu est connoté comme étant
quelque chose de fondamental dans nos sociétés. Par exemple, quand on fait une
chimiothérapie, on va perdre des cheveux. Lorsqu'on est moine, on va retirer
les cheveux. Après la Seconde Guerre mondiale, on a tondu les femmes comme
punition", illustre le spécialiste.
Enfin, les causes de la maladie peuvent
être très diverses. Le dermatologue évoque d'abord les prédispositions
génétiques : "Sur deux vrais jumeaux, si l'un souffre de
pelade, l'autre a 55% de risque d'en développer
une."
Edouard Philippe avait également
expliqué qu'il était atteint de vitiligo, une maladie qui engendre une
dépigmentation de la peau et des cheveux. "Le fait d'avoir un
vitiligo surexpose à la pelade, et inversement", précise Philippe Assouly. Interrogé sur la question par BFMTV, l'ex-Premier
ministre a admis que le stress était "peut-être" à
l'origine de sa maladie. Mais, pour le dermatologue, ce n'est qu'un
facteur parmi d'autres.