ECONOMIE- ETUDES ET ANALYSES-
RECOMMANDATIONS FMI FEVRIER 2023
Le Fonds Monétaire International(FMI)
accorde de nombreux satisfecits à l'Algérie qu'il
soutient par des recommandations, après que son Conseil d'administration ait
achevé les consultations au titre de l'article IV selon la procédure du défaut
d'opposition». Diffusé le 1er février 2023 , le communiqué de ses services affirme en effet, que
«la reprise économique s'est renforcée et la croissance du PIB hors
hydrocarbures est estimée à 3,2 % en 2022, contre 2,1 % en 2021». L'institution
de Bretton Woods a fait ce constat après le retour de la mission qu'elle a
envoyée l'année dernière (2022) en Algérie pour vérifier l'état des indicateurs
macro-économiques dans toutes leurs dimensions et sous tous leurs revers. Le
FMI le fait, rappelle-t-il, conformément aux dispositions de l'article IV de
ses statuts qui lui permet de «procéder,
habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses pays
membres» et ce, pour «recueillir des données économiques et financières et s'entretenir
avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du
pays». De retour au siège, «les membres de la mission
rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil
d'administration». Ce dernier arrête ses décisions «selon
la procédure dite du défaut d'opposition lorsqu'il convient qu'une proposition
peut être examinée sans réunion formelle», note-t-il. Ces rappels, c'est son
Conseil d'administration à Washington qui les a notés dans son rapport sur la
mission en question. Le FMI fait ainsi état de performances
économico-financières que l'Algérie a enregistrées l'année dernière. «En 2022, le solde des transactions courantes devrait
enregistrer son premier excédent depuis 2013 et les réserves internationales ont
augmenté, interrompant leur baisse tendancielle au cours des dernières années.
De même, un solde budgétaire aurait été enregistré en 2022 du fait des revenus
exceptionnels des hydrocarbures et de la nette sous-exécution des dépenses
inscrites au budget», affirme-t-il. C'est «le rebond des cours des hydrocarbures (qui) a atténué les
pressions sur les finances publiques et extérieures et la reprise suite au choc
de la pandémie semble s'être renforcée», écrit-il. Dans le volet «Évaluation du conseil d'administration», les
«administrateurs ont souscrit» que «les perspectives à court terme de
l'économie algérienne se sont sensiblement améliorées, portées par le rebond des
cours des hydrocarbures». Ils affirment alors que «des
excédents extérieurs et budgétaires sont attendus en 2022 pour la première fois
depuis une longue période. La position
extérieure de l'Algérie en 2022 a été plus solide que le niveau correspondant
aux fondamentaux et aux politiques souhaitables». Les
services du FMI, lit-on, «saluent les progrès
accomplis en matière de réforme de la gestion des finances publiques et
appellent à des efforts supplémentaires pour renforcer le cadre budgétaire».
Et observent que «la mise en œuvre complète de
la Loi Organique des Lois de Finance prévue en 2023 constituerait une étape
primordiale dans les efforts de modernisation». Ils
recommandent cependant, que «pour sauvegarder ces
progrès, les projections budgétaires devraient être en ligne avec la capacité
d'exécution et l'espace budgétaire disponible. Les budgets devraient également
intégrer des plans de financement complets et transparents et des mesures
devraient être prises pour renforcer la gestion de la trésorerie et améliorer
la transparence de l'exécution budgétaire».Ils
relèvent ainsi, que «les perspectives restent tributaires des prix des
hydrocarbures et soumises aux risques liés à un affaiblissement de la
conjoncture mondiale et à la volatilité des cours des matières premières».
D'autant, ajoutent-ils, que «l'accélération
généralisée de l'inflation est devenue un défi considérable pour les politiques
publiques». Ils constatent que «l'inflation globale
s'est accélérée pour atteindre 7,2 % en 2021 et est estimée à 9,3 % en 2022,
son plus haut niveau depuis 26 ans. Malgré les mesures prises par la Banque
centrale en faveur d'une gestion plus active de la liquidité, la politique
monétaire reste accommodante».Le
FMI aligne alors des «mais» en avertissant que «la croissance devrait ralentir
et l'inflation rester élevée à moyen terme. La croissance du PIB hors
hydrocarbures devrait se renforcer pour atteindre 3,4 % en 2023 sous l'effet
d'une forte augmentation des dépenses budgétaires. Elle devrait ralentir
progressivement par la suite pour atteindre 2 % environ à moyen terme». Son autre observation, «le
compte des transactions courantes devrait rester excédentaire en 2023 et
enregistrer un déficit croissant à compter de 2024. L'inflation devrait
s'atténuer légèrement à 8,1 % en 2023, mais rester relativement élevée à moyen
terme. Les perspectives dépendent essentiellement de la trajectoire du prix des
hydrocarbures. Des risques favorables pour les perspectives découlent d'une
éventuelle hausse des investissements dans le secteur des hydrocarbures et des
projets miniers en cours de développement».La
hausse considérable des dépenses annoncée dans le cadre de la loi de Finances
pour 2023 pourrait, pense-t-il, «résorber les progrès en matière de réduction
du déficit budgétaire depuis 2018, affaiblir la résilience des finances
publiques et aggraver les pressions inflationnistes. Il écrit : «les contraintes de financement devraient empêcher la
pleine exécution des dépenses annoncées. Toutefois, même une poursuite du
faible taux d'exécution des dépenses inscrites au budget pourrait entraîner une
détérioration significative du déficit budgétaire. Une rigidité accrue des
dépenses et une diminution rapide de l'épargne budgétaire aggraveraient la
vulnérabilité des finances publiques aux fluctuations des cours des
hydrocarbures- avec le risque d'un ajustement brutal en cas de baisse des prix
du pétrole- et contribueraient à alimenter l'excès de liquidité, compliquant la
conduite de la politique monétaire».Il
ajoute encore que «la trajectoire du déficit à moyen terme comporte également
des risques pour la stabilité macroéconomique. La persistance de déficits
budgétaires élevés et l'arrivée graduelle à échéance des remboursements de
principal dus au titre du financement monétaire passé devraient entraîner des
besoins de financement budgétaires élevés à moyen terme».
Et «compte tenu de l'exclusion du recours à l'emprunt
extérieur par les autorités, le financement de ces besoins entraînerait des
pressions significatives sur le système bancaire domestique et présenterait des
risques pour la stabilité financière et macroéconomique».Ses
services appellent alors «la Banque d'Algérie (BA) à resserrer sa politique
monétaire, dès à présent, pour prévenir un éventuel désancrage
des anticipations et la persistance d'une inflation élevée». Pour eux, «l'appréciation récente du dinar ne peut se substituer au
resserrement nécessaire de la politique monétaire». Ils recommandent «de
relever le taux directeur de la Banque centrale et de reprendre une gestion
bien calibrée de la liquidité pour améliorer la transmission de la politique monétaire». Selon eux, «la révision en cours de la loi sur
la Monnaie et le Crédit est une opportunité pour renforcer le dispositif de
gouvernance de la BA». Mais ils avertissent qu'il faut «interdire formellement le financement monétaire dans la
nouvelle loi afin de renforcer l'indépendance de la Banque centrale et sa
capacité à agir pour défendre la stabilité des prix». Ils mettent, en même
temps, en avant la nécessité d'«un rééquilibrage
budgétaire progressif guidé par un cadre fondé sur des règles pour renforcer la
résilience des finances publiques et préserver la stabilité macroéconomique à
moyen terme».En plus d'«un ajustement pour améliorer
le déficit primaire hors hydrocarbures et dividendes de la BA de 10 % du PIB
hors hydrocarbures par rapport à son niveau de 2022 et jusqu'en 2027». Ils
appellent encore à «une réforme des subventions avec
renforcement d'une protection sociale ciblée (qui) contribuerait à réaliser le
rééquilibrage budgétaire requis, parallèlement à une réforme paramétrique des retraites,
une réduction des dépenses d'investissement et la poursuite des réformes
fiscales». Ils proposent également «l'adoption d'un
cadre budgétaire, à moyen terme, fondé sur des règles bien calibrées comprenant
un plancher d'épargne et une ancre sur la dette brute, pour orienter le
rééquilibrage budgétaire, limiter la pro-cyclicité
des politiques économiques et protéger les dépenses prioritaires». La
diversification des sources de financement permettrait, écrivent-ils, «d'étaler l'ajustement budgétaire sur plusieurs années tout
en limitant les pressions sur le système bancaire». Dernière recommandation, «une nécessaire accélération des réformes structurelles
pour faire progresser la transition vers un modèle de croissance plus
diversifié, résilient et riche en emplois et renforcer davantage le cadre de
gouvernance». Ils considèrent que «les réformes
législatives récemment adoptées ou en cours, notamment le nouveau code de
l'investissement et les lois relatives à l'auto-entreprenariat et aux énergies
renouvelables, pourraient contribuer à créer un environnement plus propice à
l'activité du secteur privé». Les services du FMI mettent en garde «contre les risques liés aux mesures strictes de
réglementation des importations – qui pourraient, notamment, alimenter l'inflation
et encourager l'informalité - et recommandent de poursuivre les réformes visant
à améliorer l'ouverture commerciale et la compétitivité, notamment les réformes
des marchés des produits et du travail». Ils appellent également les autorités «à donner la priorité aux mesures visant à remédier aux
lacunes en matière de qualité et de disponibilité des données macroéconomiques»
et pensent que «les mesures en cours pour renforcer la gouvernance et réduire
les risques de corruption sont les bienvenues et devraient être intensifiées».
L'on rappelle que la mission du FMI dépêchée
l'année dernière à Alger, a auditionné entre autres, les ministères, la Banque
d'Algérie, la Société civile, le Patronat. Le tout a été sanctionné par un
communiqué en octobre dernier. Celui rendu public le 1er février, a été,
apprend-on, «rédigé en étroite collaboration avec la
Banque d'Algérie. Il est le résumé d'un rapport sur la situation économique et
financière du pays que l'équipe du FMI soumet à son Conseil d'administration.» Le rapport final sera diffusé «dans
quelques jours».