Nom d'utilisateur:
Mot de passe:

Se souvenir de moi

S'inscrire
Recherche:

Zones humides Algérie 2023

Date de création: 01-02-2023 17:59
Dernière mise à jour: 01-02-2023 17:59
Lu: 398 fois


ENVIRONNEMENT- OPINIONS ET POINTS DE VUE- ZONES HUMIDES ALGERIE 2023

 

© Entretien réalisé par A. Hamiche/horizons, mercredi 1/2/2023

 

 Dans cet entretien, la directrice de la protection de la faune et la flore à la Direction générale des forêts (DGF), Ilhem Kabouya, met en relief les efforts de la DGF pour conserver les zones humides, plus que jamais menacées de dégradation, de détérioration, voire même de disparition. Elle insiste sur l’adoption d’une approche multisectorielle pour préserver ces milieux naturels d’une grande biodiversité.

 C’est quoi une zone humide ? On entend par zone humide, la surface inondée ou gorgée d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire. C’est une étendue d’eaux naturelles ou artificielles. En Algérie, nous avons une typologie diversifiée en ce qui concerne les zones humides naturelles, notamment les oueds, les lacs et les marais avec une végétation et une faune riche et variée. Les zones humides d’origine artificielle sont celles constituées des barrages, réservoirs d’eau et retenues collinaires. La Journée mondiale des zones humides est célébrée le 2 février de chaque année. Elle marque l’anniversaire de la convention connu sous le nom Ramsar, signée à Ramsar (Iran) en 1971, que l’Algérie a ratifiée en 1982. Il s’agit d’un traité intergouvernemental qui a pour mission de servir comme cadre à l’action nationale et à la coopération internationale pour la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides à l’échelle mondiale. Durant cette journée, il est aussi question d’intensifier la sensibilisation et faire connaître au grand public ces écosystèmes. Quand un pays ratifie cette convention, il doit impérativement s’engager à assurer l’utilisation rationnelle de ces zones et inscrire des sites sur la liste Ramsar des zones humides d’importance internationale étant donné qu’elles recèlent une biodiversité importante qui mérite d’être préservée.

 Justement, quel est état des lieux en Algérie ? Comme toutes les zones humides dans le monde qui ont été drainées pour faire place au développement urbain ou à d’autres utilisations, les zones humides algériennes sont fragilisées par de multiples menaces. Beaucoup d’entre elles sont menacées par la pollution en amont, le changement climatique. Elles ont subi des dégradations dues à l’urbanisation et aux différents aménagements, entraînant un risque d’assèchement et, donc, la perte pure et simple de milieux humides ou leur perturbation. Le développement non durable avec l’accroissement de la population a engendré une pression urbaine insoutenable qui s’exerce sur ces réserves. A titre d’exemple, la consommation d’eau a été multipliée par 6 en cent ans, et l’être humain aujourd’hui utilise plus d’eau qu’il est possible de restituer, sans compter la menace du changement climatique, facteur aggravant. A cela s’ajoutent la pollution et la problématique des eaux usées non traitées et des rejets industriels. Ce qui fait que de nombreuses zones humides algériennes se retrouvent dans un état assez dégradé. Le problème de la salinité s’accroît et augmente en raison de l’utilisation irrationnelle des zones humides, notamment dans la steppe et les régions du Sud.

 Quelles sont les actions entreprises pour la conservation et la restauration de ces milieux ? Depuis que l’Algérie a adopté la convention de Ramsar, la DGF a élaboré des plans de gestion des sites déjà classés. Le suivi de l’état de conservation des zones humides s’opère également à travers le dénombrement des oiseaux d’eau qui constituent d’excellents indicateurs de la santé des zones humides. A cet effet, nous avons mis en place un réseau national d’observateurs ornithologues algérien par arrêté ministériel en date du 2 août 2011. Il est chargé de suivre et étudier le comportement des oiseaux migrateurs en s’inscrivant ainsi dans une démarche nationale et internationale. Le réseau est également impliqué dans les processus mondiaux de préservation des oiseaux dans le cadre de l’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs (AEWA), auquel l’Algérie a adhéré par décret présidentiel n° 06-140 du 15 avril 2006, et dont le point focal est abrité par la DGF. Le travail technique est accompagné par des activités de sensibilisation et de vulgarisation à travers les centres d’éducation environnementale. La DGF a élaboré une stratégie nationale multisectorielle des zones humides (2015- 2030) pour un développement écologique et socioéconomique durable de ces milieux. Fondée sur une approche écosystémique, celle-ci a déjà fait ressortir 19 complexes de zones humides à l’échelle nationale. Il faut bien comprendre que la gestion de ces aires n’est pas uniquement l’affaire de la DGF ou du ministère de l’Agriculture et du Développement rural. La gestion de la ressource halieutique relève des missions du ministère de la Pêche. La pollution et l’accumulation des déchets relève de la responsabilité directe du ministère de l’Environnement. La gestion, la protection et la restauration des plans d’eau relèvent beaucoup plus des prérogatives du ministère des Ressources hydriques. L’objectif assigné à la stratégie nationale de gestion écosystémique des zones humides est de parvenir à une bonne gouvernance, rationnelle et durable.

Justement, comment renforcer la résilience de ces zones face aux changements climatiques ? Il faut impérativement asseoir une politique de gestion rationnelle et durable de toutes les ressources qui dépendent de ces zones. Il nous faut absolument éviter l’assèchement de ces sites, d’importance capitale non seulement en tant que ressources naturelles mais en raison de leurs fonctions économiques, culturelles et récréatives. Les zones humides sont le berceau de la diversité biologique qu’il faut préserver et conserver pour pouvoir atteindre les objectifs de développement durable. Mais force est de constater, malheureusement, et de par le monde, qu’elles disparaissent trois fois plus rapidement que les forêts, d’où l’urgence d’agir.

 Y a-t-il de nouveaux sites à inscrire dans la liste Ramsar ? Dans l’immédiat, je dirais non ! Mais cela pourrait intervenir dans les années à venir où nous comptons bien placer plus de sites sur ladite liste. La priorité pour nous, c’est la mise en œuvre des plans de gestion afin d’encourager l’utilisation rationnelle de ces zones et mettre les outils nécessaires pour assurer leur bonne gouvernance. L’Algérie compte, aujourd’hui, environ 2.900 sites, dont 309 d’origine artificielle. Ils sont actuellement 50 sites inscrits sur la liste des zones humides d’importance internationale. Nous sommes les premiers en Afrique.

Quels sont les critères de classification ? Les critères de classification sur la liste internationale Ramsar sont liés à la biodiversité. Il faudrait que ces sites renferment des espèces végétales et animales rares, emblématique, des espèces en voie de disparition. En Algérie, la plupart des sites sont classés grâce à l’abondance des oiseaux migrateurs. Il ne faut pas perdre de vue que notre pays de par sa position géographique constitue une voie de migration pour les oiseaux.