CULTURE- CINEMA- CINEMATHEQUE ALGERIENNE (2023)
© Aps, 21/1/2023
Dépositaire d'un patrimoine cinématographique hors du
commun vieux d'un demi siècle, la Cinémathèque
algérienne est l'une des plus importantes archives filmiques de l'Afrique et
dans le monde arabe, avec une collection de plus 60.000 copies de films
conservés et documents cinématographiques, témoins de grands évènements
historiques du pays.
Fondée le 23 janvier 1965, au lendemain
du recouvrement de l'indépendance, dont l'Algérie célèbre cette année le 60e
anniversaire, la cinémathèque ouvre ses portes et présente ses premiers films
dans les locaux d'un ancien cinéclub, en plein centre d'Alger, au 26 rue Ben M'hidi.
Pionnière en Afrique et dans le monde
arabe, la cinémathèque était un lieu de rencontre de grands cinéastes algériens
et étrangers, et une école de cinéma qui a contribué à la formation de
cinéphiles et amateurs devenus professionnels du 7e art.
De grands noms du cinéma, à l'image de
Youssef Chahine, Nicholas Ray, Joseph Losey, Luchino Visconti, Costa-Gavras ou
encore Jean-Luc Godard, s'y sont succédé pour présenter leurs dernières œuvres
et échanger avec le public.
Sous l'impulsion de cinéphiles et de
professionnels du 7e art, à l'instar de Ahmed Hocine, cinéaste et
militant qui deviendra son premier directeur, la cinémathèque algérienne voit
le jour et commence à obtenir des prêts de nombreuses copies de longs métrages
présentés au public.
Destination prisée des réalisateurs et
acteurs de renommée internationale, figures historiques ou encore des militants
anticolonialistes, la cinémathèque a accueilli dans les années 1970-1980, sous
la direction de Boudjemaa Karèche, de grands noms comme Gilio
Pontecorvo, Etore Scola ou encore Volker Schoendoerffer.
Pendant la violence terroriste des
années 1990, cette salle s'était érigée comme "l'un des bastions culturels
qui avaient intensifié leurs activités pour faire face à l'extrémisme",
comme en témoignent de nombreux cinéastes et observateurs.
Considérée comme l'un des lieux les plus
fréquentés de la capitale, cette structure avait établi un trait-d'union entre
professionnels du cinéma et cinéphiles qui ont pu se maintenir à la page du
cinéma de l'époque. La cinémathèque avait également accompagné les premières
réalisations du 7e art algérien et les grands évènements culturels de l'Algérie
indépendante, et suscité de nombreuses vocations dans le cinéma.
Conserver et restaurer les
collections
Devenue Centre algérien du cinéma (CAC)
pour élargir son réseau à 11 autres salles du répertoire, pour remplir sa
mission de diffusion de la culture par le cinéma, la cinémathèque se charge de
recueillir, conserver et restaurer ses collections et de mettre en valeur un
patrimoine cinématographique d'importance historique.
Ses fonds réunissent longs et courts
métrages, documentaires, photographies, périodiques, affiches et objets et
matériels cinématographiques.
Elle est également dotée d'une
bibliothèque accessible aux étudiants et chercheurs qui peuvent avoir accès à
une documentation et ouvrages sur le cinéma algérien.
"La cinémathèque algérienne
recueille, conserve et préserve tous les films et productions notamment ceux en
lien avec l'histoire de l'Algérie et les premières années de son
indépendance", a rappelé son directeur, Adel Makhalfia.
Dans l'objectif de préserver cet
héritage filmique, des spécialistes et experts de la restauration ont été
associés à un projet de restauration et de numérisation, a souligné le même
responsable.
Le CAC devrait entamer prochainement une
opération de restauration et de numérisation d'oeuvres
qui constituent une valeur mémorielle et identitaire, annonce Adel Makhalfia.
Le personnel du CAC avait également
bénéficié en 2016 d'une formation approfondie en matière de gestion des
archives filmiques, de restauration et de numérisation des copies au format 35
mm dans le cadre du programme d'appui au patrimoine algérien réalisé en
collaboration avec la Délégation de l'Union Européenne en Algérie.
Le Centre algérien de la cinématographie
gère 11 salles de répertoire opérationnelles notamment à Annaba, Bejaïa,
Sidi-Bel-Abbès, Tizi-Ouzou et Oran, en plus de la cinémathèque d'Alger.