RELATIONS INTERNATIONALES-
MAROC- CORRUPTION/MAROC/MAROCGATE 2023 /UE
© Repris de la presse,
24 janvier 2023
LES TENTACULES DU
SCANDALE ÉCLABOUSSANT LE PARLEMENT EUROPÉEN ET DANS LEQUEL LE MAROC EST
NOTAMMENT IMPLIQUÉ, s’étendraient aux plus hauts niveaux de l’Etat marocain,
selon de nouvelles révélations du journal allemand Der Spiegel qui met en
évidence des accointances entre le chef des renseignements du Makhzen et des
eurodéputés corrompus. A près avoir consulté plus de
1.300 documents internes permettant une reconstitution détaillée de l’enquête,
le journal allemand a précisé que «les enquêteurs
(belges) ont recueilli encore plus de preuves indiquant que le réseau de
l’ex-eurodéputé, Pier Antonio Panzeri, travaillait
apparemment secrètement pour influencer les institutions de l’Union européenne
(UE), en particulier le Parlement européen, au profit du Maroc». «Le chef des services de renseignement marocains (Direction
générale des études et de la documentation, DGED), Yassine Mansouri lui-même aurait
été directement impliqué dans la tentative d’influencer les parlementaires
européens», souligne Der Spiegel, relevant que le responsable marocain a, selon
les preuves recueillies par les enquêteurs belges, «rencontré l’eurodéputé
Andrea Cozzolino, qui ferait également partie du
réseau de Panzeri, et peut-être Panzeri
lui-même». «L’implication de la DGED est un détail
politiquement sensible. Si elle était fondée, cela signifierait que les
tentacules du scandale s’étendraient aux plus hauts niveaux de l’Etat marocain», selon l’article cosigné par cinq journalistes du
quotidien allemand. Pour étayer leurs propos, les journalistes du Der Spiegel
révèlent que «Mansouri était l’un des enfants triés
sur le volet choisis pour fréquenter le Collège royal avec l’actuel roi
Mohammed VI». «Le Collège royal est une école du
Palais royal qui n’ouvre une nouvelle classe que lorsque l’enfant d’un roi
atteint l’âge scolaire», ont-ils souligné, notant que plus tard, le prince
(héritier) et Mansouri ont étudié le droit et que lorsque Mohammed VI est monté
sur le trône, il a nommé Mansouri à la tête du service de renseignement
étranger du pays. Dans une sorte d’organigramme sur les personnalités
marocaines figurant dans les dossiers des enquêteurs belges, Mansouri est tout en
haut. Juste en dessous de lui se trouve Abderrahim Atmoun,
l’ambassadeur du Maroc en Pologne, qui dispose de relations à Bruxelles et
Paris. À ce titre, l’article du quotidien allemand a fait savoir que «les enquêteurs pensent qu’il dirigeait les activités du
groupe Panzeri sur le terrain», rappelant qu’en 2014,
Atmoun a posté une photo sur Facebook le montrant
avec son «cher ami» Panzeri. Lorsqu’il se rendait à
Paris via Bruxelles, Atmoun apportait fréquemment de
l’argent, a déclaré l’assistant parlementaire Francesco Giorgi, lui aussi
impliqué dans le «Marocgate»,
selon le procès-verbal de l’interrogatoire du 10 décembre. Les personnes
impliquées étaient «pleinement conscientes que leurs
actions sont illégales, ce qui explique leur utilisation de mots de passe»,
écrit Der Spiegel. «Le fait que le gouvernement de
Rabat était apparemment prêt à user de sournoiserie pour défendre ses intérêts
à Bruxelles n’est pas sans raison», soulignent également les signataires de
l’article, rappelant, entre autres, que lors de son récent déplacement à Rabat,
le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, avait indiqué que le Maroc
était le plus grand bénéficiaire des fonds de coopération de l’UE dans la
région, avec un total prévu de 1,6 milliard d’euros de 2021 à 2027. Si les
accusations sur l’implication du Maroc dans le scandale de corruption qui
éclabousse le Parlement européen seront confirmées au terme de l’enquête, «il y
aura des conséquences», assure un responsable de l’UE,
cité par Der Spiegel. Les sanctions possibles, a déclaré le responsable, «vont des mesures restrictives au niveau diplomatique et de
la coopération entre les services secrets à des sanctions