HISTOIRE – PERSONNALITES- KAMINSKY ADOLFO
Adolfo Kaminsky le faussaire, le résistant, le
héros des plus faibles s’est éteint , en France, ce
9 janvier 2023 à l’âge de 98 ans.De la résistance
dans la France occupée à l’aide apportée, tour à tour, à l’émigration
clandestine des résistants français et des déportés aux camps de la mort sous
Vichy, Adolpho Kaminsky est l’un des amis de
l’Algérie à qui de nombreux dirigeants Algériens doivent la vie. Les Algériens
ont découvert cet homme grâce à la biographie que lui avait consacré sa fille
Sarah Kaminsky native d’Algérie. « Rester éveillé. Le
plus longtemps possible. Lutter contre le sommeil. Le calcul est simple. En une
heure, je fabrique trente faux papiers. Si je dors une heure, trente personnes
mourront… ». C’est par cette phrase que l’on découvre que « faire des faux
papiers » aux déportés d’abord, ensuite aux révolutionnaires, relevait
chez lui d’une question de vie ou de mort. Devenu faussaire à plein temps par
la force des choses, la vie de centaines de personnes dépendait de son travail
sans relâche. Adolpho Kaminsky fait partie des ces destinées remarquables.
Né au sein d’une famille
juive russe venue d’Argentine, un temps apprenti chez un teinturier auprès
duquel il acquiert ses premières notions de chimie, le jeune Adolfo n’a que 17
ans lorsqu’il devient peu à peu la cheville ouvrière d’un laboratoire
clandestin de faux papiers. « J’avais trouvé le moyen de produire une
telle quantité de faux documents, se souvient-il, que, très vite, toute la
zone nord, jusqu’à la Belgique et aux Pays-Bas, en fut inondée ».
Dans le Paris de 1957, où
l’inquiétude à l’égard de ce qui se passait en Algérie sur fond du meurtre de
l’avocat Ali Boumendjel et de la disparition du
mathématicien Maurice Audin à Alger, l’ancien
résistant choisit vite son camp. Kaminsky affirme
n’avoir pas milité « contre la France, mais contre la torture », « les
victimes avaient changé, mais les méthodes étaient les mêmes ». Il intègre
le réseau de Francis Jeanson de soutien au FLN algérien. C’est ainsi qu’il fait
également la connaissance du comédien Jacques Charby,
du militant Henri Curiel, du journaliste Georges
Mattéi et de l’avocat Roland Dumas.
En 1961, alors que l’étau
policier se resserre et que Henri Curiel prend le
relais à Paris, beaucoup de membres du réseau rallient Bruxelles, devenue une
plaque tournante pour les passages de frontières. C’est là qu’Adolfo Kaminsky poursuit son activité de faussaire doublée d’une
nouvelle mission : inonder la France de fausse monnaie pour déstabiliser
l’économie du pays. La proclamation du cessez-le-feu de mars 1962 l’amènera à
bruler toute sa production, jamais mise en circulation.
Actif en tant que
faussaire jusqu’en 1971, il s’éclipse ensuite une décennie en Algérie où il se
marie avant de rentrer en France avec sa famille. Adolfo Kaminsky,
est resté jusqu’au bout fidèle aux rêves de liberté et de fraternité pour
lesquels il s’est toujours battu.