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Essai Mildred Mortimer- "Femmes de lutte et d'écriture"

Date de création: 08-01-2023 17:32
Dernière mise à jour: 08-01-2023 17:32
Lu: 393 fois


HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH—ESSAI MILDRED MORTIMER- “FEMMES DE LUTTE ET D’ÉCRITURE….”

Femmes de lutte et d’écriture.Textes sur la guerre d’Algérie. Essai de Mildred Mortimer. Casbah Editions, Alger 2022, 262 pays, 950 dinars

Le livre se concentre sur la lute des femmes algériennes pour s’approprier l’histoire de la guerre d‘Algérie, en tant qu’actrices prenant part au mouvement de libération du pays, en tant qu’historiennes, relatant leurs expériences dans des écrits autobiographiques ou dans des fictions.

Ce n’est pas tout, car l’étude prend en compte une autre décennie, celle de la décennie noire (années 90).Une période agitée ayant conduit certaines écrivaines à faire le parallèle entre leurs voix dissidentes dans l’Algérie contemporaine et leurs rôles de militantes durant la guerre de libération.Des écrivaines qui recherchèrent l’inspiration et le coutrage auprès de la génération qui les avait précédées.

L'auteure de l’étude  n’a entendu parler de la guerre d’indépendance algérienne qu’en 1961 alors qu’elle se trouvait en France pour études. En 1964, elle se rend en Algérie pour continuer ses études de 2ème cycle à l’Université d’Alger.Les traces des violents affrontements étaient encore visibles…..et la mémoire individuelle et collective des combats encore fraîche, certines parlant de ce qu’elles avaient vécu, d’autres choisissant de se taire.

Durant son séjour, elle a découvert l’uvre d’écrivaines racontant leurs exoériences de la guerre dans des autobiographies ou des fictions dont elle présente et analyse finement les œuvres: Danielle Djamila Amrane -Minne, Assia Djebar, Yamina Mechakra, Maïssa Bey, Leila Sebbar, Zohra Drif, Louisette Ighilahriz, Evelyne Safir Lavalette…..Elle découvre, aussi des héroïnes jusqu’iciignoréescomme Zoulikha Oudaï,  Samia Lakhdari, Jacqueline Guerrroudj, Nassima Hablal…..

En conclusion , pour briser les silences, pour une re-lecture plus exacte de l’histoire du combat des femmes durant la guerre…..et après, une arme….l’écriture, de la littérature de résistance. Un combat qu’il faut poursuivre

 

L’Auteure :Professeur émerite de littérature francophone  (Université du Colorado/Usa), auteure de nombreux ouvrages critiques. Traductrice de deux romans de Leila Sebbar. A publié de nombreux articles sur la littérature francophone de l’Afrique sub-saharienne, des Antilles et du Maghreb.

Table des matières : Remerciements/ Introduction/Chapitre 1er : Ecrire les femmes dans l’Histoire/ Chapitre 2 : C’est elle qui raconte la guerre/ Chapitre 3 : Cartographie du trauma/ Chapitre 4 : Mémoires blessées/ Chapitre 5 : Traumatisme collectif, mémoire collective/ Chapitre 6 : Littérature de témoignage/ Chapitre 7 : Le souvenir de Zoulikha dans le film et de la fiction d’Assia Djebar/ Conclusion : Elles ont brisé le silence..../ Bibliographie

Extraits « Quand elles brisent le silence, les Algériennes non seulement reviennent sur les approches de l’histoire de leur pays, mais détruisent aussi le stéréotype de la « femme orientale » (p15), « Pour chacune d’entre-elles , apporter son témoignage est, comme le souligent les spécialistes qui traitent des traumatismes, un acte essentiel dans le processus de cicatrisation aussi bien pour l’individu que pour le groupe » (p 25), « En 1954, en Algérie, il n’y avait seulement que six femmes (Algériennes) médecins, vingt-cinq professeures dans le secondaire et aucune femme dans l’enseignement supérieur.A l’Université d’Alger, cette année là, il y avait environ cinquante cinq étudiantes » (p38), « Les différents récits écrits ou oraux attestent que les femmes devaient non seulement faire preuve de courage face à des situations pénibles, mais aussi faire montre d’un comportement moral exemplaire » (p101), « Les historiens Jim House et Neil MacMaster arrivent à la conclusion qu’elle fut probablement le plus grand massacre « en temps de paix » en Europe de l’Ouest puisqu’à l’époque , la France ne reconnaissait pas le conflit algérien comme une guerre » (p 152), « La guerre d’indépendance algérienne n’a jamais été une entreprise exclusivement masculine.Les femmes se sont engagées dans la lutte anticoloniale dès le début de la colonisation, en y apportant leur contribution militaire et politique, mais aussi littéraire » (p177), « Il est triste de consater que dans de nombreux pays africains (....)les femmes ont compris qu’il était plus facile de lutter contre un ennemi extérieur que de démanteler un système patriarcal au sein de son propre pays « (p249).

Avis : Un ouvrage qui est une belle réalisation architecturale  qui  fait entendre la voix de  femmes (extraordinaires)  qui parlent de leur lutte commune et jamais d’actions individuelles.

Citations « La mémoire est un phénomène toujours actuel, un lien vécu au présent éternel ; l’histoire , une représentation du passé »  (Pierre Nora cité, p 27), « Les mémoires ont toujours une dimension subjective (....).L’historien ne peut ni les dédaigner ni s’y soumettre » (Mohamed Harbi et Benjamin Stora, cités, p 27), « L’épreuve psychologique et physique est terrible, mais l’incarcération renforce le sentiment d’appartenance et de solidarité entre les prisonnières » (p 50) , « Si les histoires de guerre ne peuvent pas être écrites sans reposer sur une expérience vécue authentique, la littérature de témoignage, une fois qu’elle a été archivée -et peut-être reléguée sur l’étagère poussiéreuse d’une bibliothèque où personne n’ira la chercher- continue de vivre à travers le roman qu’elle inspire » (p104), « Les éléments poétiques peuvent renforcer ou atténuer la dure réalité de la vie dans le traumascpe, tout en révélant tantôt la joie de l’individu, tantôt son chagrin, voire son profond trouble mental » (p105), « Un témoignage reste toujours un récit subjectif qui vient compléter une analyse historique sans la remplacer pour autant » (Amrane-Minne citée, p 164), « Un état d’amnésie entoure de nombreux événements de la guerre d’indépendance algérienne et il a été néfaste aussi bien pour la France que pour l’Algérie » (Benjamin Stora cité, p 213), « Quand les morts ne peuvent pas parler, l’écrivain s’octroie une certaine liberté romanesque « (p 229),