CULTURE- ENQUÊTES ET REPORTAGES- THÉÂTRE NATIONAL
ALGERIEN 2022 (EVOLUTION)
© Aps, 6 janvier 2023
Avec l'objectif de contribuer au développement
culturel par la production et la diffusion des spectacles d’art dramatique et
chorégraphique à caractère éducatif et culturel, le Théâtre national algérien
(TNA), établissement culturel par excellence, a vu le jour il y a 60 ans, un 8
janvier 1963.
L'Algérie, qui célèbre cette année les 60 ans du
recouvrement de son indépendance, s'était dotée en quelques mois d'un haut lieu
de la culture avec des objectifs clairs, et confié aux bons soins de l'homme de
théâtre Mustapha Kateb (1920-1989) qui va également créer dans la foulée le
Ballet National Algérien et l'Ensemble national de danses populaires. Le TNA,
dans sa conception est chargé d'entreprendre un travail de recherche afin de
dégager les caractéristiques d'un théâtre authentiquement algérien, de créer un
nombre minimum d'œuvres d'auteurs algériens et d'enrichir son répertoire par la
création d'œuvres d'auteurs étrangers appartenant au théâtre universel
classique et moderne.Il a également pour mission de
participer à toutes les manifestations culturelles organisées en Algérie et à
l'étranger et d'assurer une large diffusion populaire de ses créations.
Installé dans la célèbre bâtisse du Square Port-Said, construite en 1853 et classé sur la liste des
biens culturels en 2019, le TNA aura vu les artistes les plus illustres se
produire sur ses planches, qui ont vu la naissance dans les années 1940 d'un
solide noyau d'artistes qui vont accompagner, par les arts, le combat
libérateur et imposer une culture et une créativité artistique algérienne dans
la troupe artistique du FLN. Le grand artiste et artisan du succès de
nombreuses figures des arts de la scène, Mahieddine Bachtarzi (1897-1986), dont la bâtisse porte aujourd'hui le
nom, y avait introduit le théâtre arabe et repéré et accompagné beaucoup de
talents dans le théâtre et la musique.
En 1963, le TNA ouvre sa première saison après sa
nationalisation avec la pièce "Les enfants de la Casbah", mise en
scène par Mustapha Kateb sur un texte de Abdelhalim
Raïs. Ce sont près de 200 autres productions qui vont venir enrichir le
répertoire du Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi.
A la tête de ce prestigieux théâtre, des monuments de la culture algérienne se
sont succédés à l'image de Mohamed Bastandji, membre
de la troupe du FLN connu sous le nom de scène de Taha El Amiri,
Mohamed Boudia (1932-1973), Ziani
Cherif Ayad, M'hamed Benguettaf
(1939-2014) ou encore Azzedine Medjoubi (1945-1995)
et Abdelakder Alloula
(1939-1994), tous deux assassinés par la violence terroriste. Ce centre de
rayonnement culturel avait abrité pendant de longues années des événements
culturels majeurs comme le Festival international de la musique symphonique,
celui de la danse contemporaine, aujourd'hui délocalisés à l'Opéra d'Alger, ou
encore le Festival national du théâtre professionnel qui s'y déroule toujours.
Dans les années 1970 et 1980 de nombreuses
bâtisses de théâtres de l'époque coloniale ont été récupérées et réhabilitées
pour servir une logique de diffusion et de facilitation de l'accès à la culture
aux citoyens, ainsi les théâtres régionaux de Annaba, Constantine, Oran,
Bejaia, Sidi Bel Abbes et Batna voient le jour.
Le nombre de théâtres régionaux va s'accroitre avec
l'ouverture des établissements de Mascara, Oum El Bouaghi,
Tizi Ouzou, El Eulma, Saïda, Skikda et Souk Ahras
dont une partie a été construite à partir des années 1970.Répondant à une
dynamique théâtrale intense, de nouveaux théâtres ont été construits plus récemment
dans des villes comme Mostaganem, Djelfa, ou encore cette année à Laghouat et
Biskra avec l'objectif d'exploiter et cristalliser un mouvement de création
théâtrale des plus actifs.Le secteur de la culture a
également mis en place de nombreux festivals nationaux, internationaux, locaux
ou encore thématiques afin d'accompagner un mouvement créatif des plus riches.
C'est ainsi que des événements comme les Journées du théâtre du sud, celles du
théâtre comique de Médéa, du théâtre expérimental, le festival local de Sidi
Bel Abbes, ou plus récemment les Nuits internationales du théâtre d'Adrar et
les Journées du théâtre de rue ont vu le jour impulsés par les coopératives et
associations culturelles.
Ces rendez-vous gravitent autour d'évènements
théâtraux incontournables que sont les festivals du théâtre professionnel
d'Alger, celui du théâtre amateur à Mostaganem et le festival international du
théâtre de Bejaïa.Le Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi demeure cependant au cœur du 4e art
avec l'organisation de nombreuses manifestations et formations, une
collaboration constante avec les établissements de formation, en plus d'un
registre de productions régulier.