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Médias et corruption/Abed Charef

Date de création: 03-01-2023 18:50
Dernière mise à jour: 03-01-2023 18:50
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COMMUNICATION- OPINIONS ET POINTS DE VUE- MEDIAS ET CORRUPTION/ABED CHAREF © Charef Abed/Fb , 1er janvier 2020 et 1er janvier 2022 Médias corrompus, corrupteurs et argent public Les médias sont directement concernés par la question, mais aucun d'eux n'ose en parler. Peur ? Méfiance ? Complicité ? Inquiétude envers de possibles représailles ? Mélange de deux ou de plusieurs facteurs ? On verra bien. De quoi il s'agit ? Des anciens ministres de la communication et des directeurs généraux de L'ANEP devraient être poursuivis en justice pour leur gestion du secteur. Ils doivent rendre des comptes pour plusieurs raisons: - ils ont distribué de manière illégale la manne publicitaire. - ils ont transféré de l'argent public à des journaux privés sans que cela se justifie par des considérations commerciales. - ils ont déstabilisé le marché médiatique en favorisant de mauvais médias qui étaient "amis" et saboté des entreprises de presse viables, mais contraintes de disparaître faute de recettes publicitaires. - ils ont saboté des entreprises publiques, contraintes de confier leur publicité à des médias sans impact. - ils ont créé des situations de rente au profit de la presse "amie", ce qui détruit la concurrence. - cette corruption largement répandue de la presse, même si certains se cachaient derrière des alibis idéologiques ou politiques, a porté un coup terrible aux médias. Il est devenu impossible aux médias d'être crédibles face une propagation aussi importante de pratiques immorales, illégales. Les responsables de cette gestion pourront toujours dire qu'ils recevaient des instructions d'en haut, qu'ils se contentaient d'appliquer les ordres, que les véritables gestionnaires étaient ailleurs, comme les célèbres colonels Hadj Zoubir et Faouzi. Il y a même le premier ministre Ahmed Ouyahia qui a signé une circulaire parfaitement illégale pour introduire des règles tout aussi illégales dans la gestion des entreprises, organismes et administrations publiques. Cela ne diminue en rien la responsabilité des gestionnaires directs. Ils occupaient des postes avec des prérogatives définies par la loi. Une enquête rigoureuse devrait permettre de déboucher sur un procès contradictoire susceptible de faire émerger la vérité et d'établir les responsabilités. Mais une enquête sérieuse permettrait de savoir comment des montants faramineux ont été gracieusement offerts à des amis. Il faut rappeler que deux journaux inconnus avaient bénéficié de 120 milliards de recettes publicitaires, juste parce que le propriétaire était parent d'un proche de M. Ouyahia. J'invite les juristes à traduire tous ces éléments en chefs d'accusation pour permettre d'engager des poursuites. Je me demande quels seront les médias susceptibles d'engager des poursuites ou de se porte partie civile. Je présume qu'ils ne seront pas nombreux, car beaucoup ont pu, à un moment ou un autre, avoir accès au râtelier. On ne peut évidemment clore ce chapitre sans évoquer deux ou trois points. - cette action doit être menée dans un strict respect de la loi, pour éviter toute dérive. - Un journal qui bénéficie de dix pages de pub par jour avant de passer à deux pages puis remonter à dix pages ne peut justifier cela par les prouesses journalistiques de ses équipes. - certains journaux n'étaient même pas distribués. Ils sont clairement coupables de recel d'abus de biens sociaux et d'autres charges éventuelles. - l'action doit être lancée rapidement, car certains actes pourraient être couverts par les délais de prescription. Certains le dont déjà. - Les réseaux de pouvoir parallèle ont joué à fond dans l'accaprement de l'argent pour promouvoir leurs intérêts politiques et financiers. Le cas de M. Djamel Kaouane est significatif. Un journaliste plutôt discret, austère, est devenu patron du groupe de presse de M. Ali Haddad, qui bénéficiait de recettes totalement disproportionnées par rapport aux produits qu'il proposait. Il a ensuite été promu directeur général de L'ANEP où il supervisait directement la distribution de la rente publicitaire. A l'approche du 5ème mandat, cette absurdité dont M. Haddad devait s'occuper du volet financier pendant la campagne électorale, M. Kaouane a été promu ministre pour gérer directement le volet média. Pour son malheur, M. Kaouane aura été le dernier ministre de la com de l'ère Bouteflika. Pour rester dans l'air du hirak, il n'y a aucune raison que le slogan yetnehaw_ga3, revendication populiste brandie avec tant d'enthousiasme par nombre de médias, ne soit pas également appliqué à la presse.