SOCIETE- PATRIMOINE- CHEDDA TLEMCENIENNE/PATRIMOINE IMMATERIEL DE
L’HUMANITE
"Chedda tlemcenienne", ou le
costume nuptial de la mariée, se distingue parmi les tenues féminines, portées
en Algérie lors des cérémonies familiales, pour sa valeur historique et
anthropologique empreinte d'un savoir-faire ancestral et une créativité inter-générationnelle, érigée en héritage patrimonial
socio-culturel, symbole identitaire de toute une région du pays.
Inscrite en 2012 par l'Unesco sur la
liste représentative du patrimoine immatériel de l'humanité, "Chedda tlemcenienne",
accoutrement exclusif, réservé aux cérémonies de mariage dans la région de
Tlemcen, est classée dans le registre des pratiques sociales multiples, à la
profondeur anthropologique, pour son excellence artisanale et sa beauté
traditionnelle et esthétique.
"Chedda",
signifie étymologiquement dans le dialecte tlemcenien
"Serre-tête", une pratique ancestrale propre à la femme de cette
région, qui "ceignait la tête avec une étoffe ornée de pierres précieuses
et de bijoux et dont le nombre de tours du tissu enroulé définissait le rang
social", explique la chercheuse en patrimoine et directrice du Centre des
Arts et des Expositions de Tlemcen, Samira Oum Bouazza.
Selon la chercheure, "Chedda" serait également symbole de "la capacité
à supporter le poids du costume nuptial", précisant que l'Unesco a considéré,
pour le classement de cet habit traditionnel algérien, les "pratiques
populaires l'accompagnant et les étapes historiques par lesquelles il est
passé", pour conclure en rappelant que les tlémceniens
"tenaient à raviver cet usage ancestral à chaque cérémonie, familiale ou
religieuse", le transmettant aux petites filles "lors du Mawlid Ennabaoui" notamment.
Datant d'avant la chute de l'Andalousie
en 1492, "Chedda tlemcenienne",
signe d'autorité et de noblesse sociale, était portée par les princesses
et les dignitaires de Tlemcen durant le règne des Zianides,
avant son appropriation par la tradition sociale en l'intégrant dans le costume
nuptial de la femme tlemcenienne qui regroupe, selon
plusieurs chercheurs, les effets vestimentaires de civilisations successives
dont, le "Caftan" des Ottomans, la "Blouse" des
Arabes, la "Fouta" des Amazighes et la "Chachia"
des Andalous.
Cet accoutrement cérémonial de haute
qualité, disponible également à la location pour les "petites
bourses", permet à l'heureuse élue de s'exposer aux regards des invités
jusqu'au moment solennel de franchir le seuil de son nouveau foyer.
Islem,
vendeur de costumes nuptiaux dans le quartier de "Sidi Hamed", au
centre de Tlemcen, insiste sur "la nécessité pour la femme, de porter le
jour de son mariage, cet +uniforme+, qui a traversé les siècles, empreint de
classe et d'élégance traditionnelles, très demandé à l'étranger et dans les
villes voisines".
C'est au XVIIe siècle que "Chedda" a pris sa forme actuelle, fait de plusieurs
pièces de tissus à la coupe et aux couleurs homogènes, le costume nuptial est
notamment composé d'un caftan traditionnel en velours brodé en fils d'or, orné
de perles de culture, de colliers, et de la "meskia".
Des "khorsas"
(boucles d'oreille qui tombent sur les tempes) et d'énormes boucles d'oreille
sont suspendues à une calotte conique brodée de fils d'or et déposée sur la
tête.
Selon Aboubak
Senoussi, responsable des études au Centre d'interprétation du costume
traditionnel algérien, ce costume porte en lui "d'importants symboles et réferants historiques et sociaux".
Extrait Wikipédia : La
tenue est aussi appelée, lebset el-arftan (« la tenue du caftan »). Elle est
un caftan traditionnel
en velours et aux fils d'or, orné de perles de culture, de colliers, de
la meskia et de graffache.
Des khorsa (espèce de boucles d'oreille qui
« tombent » des tempes) et d'énormes boucles d'oreille sont
suspendues à une calotte conique brodée au fil d'or et déposée sur la tête. Le
caftan est ceinturé par l'h'zam, riche ceinture de
soie brodée, dont certains modèles sont de grande valeur, et qui est spécialement
mise sur lui. Une robe blouza est
posée sous le caftan, qui en laisse apparaitre que le bas de celle-ci. Un
foulard de soie brochée appelé aabrouq est placé
sur le front de la mariée.
La tenu nuptiale rassemble des systèmes vestimentaires
distincts tels que le pagne (fouta)
et le péplum à fibules (rda) antiques, des tuniques et coiffes médiévales, des
caftans et des gilets ottomans,
et des emprunts à la mode d'Europe
occidentale, principalement perceptibles dans la robe blousa. La
coutume qui veut qu'un cercle rouge, obtenu à l'aide d'une substance
appelée Lêkar, soit dessiné au milieu de chaque
joue persiste, cette croyance vise à protéger la jeune mariée des esprits
malins.
La tenue est
considérée à Tlemcen,
comme le plus cher et le plus bel habit que porte la mariée le jour de ses
noces, mais également les autres femmes lors des mariages. Cet habit est porté
par les mariées avec d'autres bijoux comme les perles de culture djouhar, les colliers suspendus meskia, el-kholkhal qui se met autour de la cheville, en plus des
bracelets alors que la tête est coiffée d'une chéchia conique
brodée de fils d'or sur laquelle est noué le mendil
de mensoudj, genre de foulard où sont posés sept à
neuf diadèmes8 dont
les zerrouf (tiare), djébin (diadème) et autres ornements.