HISTOIRE- PERSONNALITES- MUSTAPHA FERROUKHI
Mustapha Ferroukhi aurait eu 100
ans n'était-ce la fatidique journée du 17 août 1960 lorsque l'avion le
transportant a explosé en plein ciel dans la région de Kiev Ukraine (ex-Urss).
Agé de 38 ans, Mustapha Ferroukhi disparaît en
compagnie de son épouse Zineb Hachemi, 33 ans, ses
deux filles, Naciba (sept ans), Souad (trois ans) et
son fils Ahmed Chawki âgé de cinq ans.
Il ne reste que sa dernière fille, Zoulikha, alors âgée de huit ans, qui était, ce jour-là,
restée chez ses grands parents. Emouvants ont été les
témoignages portés par la famille du défunt, notamment sa fille Zoulikha qui est longuement revenu sur la riche histoire de
son défunt père, lequel ne l'ayant pas trop bercée, compte tenu de son
engagement à la cause nationale. Elle ne l'a pas trop côtoyé, eu égard aux
absences récurrentes du défunt, primant la cause nationale aux dépens de sa
famille. Personne n'oubliera l'engagement sans faille de cet homme déterminé à
défendre sa patrie jusqu'à y laisser sa vie et perdre toute sa famille.
Certes, né au mont Zaccar, sur les hauteurs de
Miliana, il défendait néanmoins toute une nation. Jeune, il intégra le
Mouvement national. Ces repères, incontournables et historiques, n'ont pas
échappé aux participants qui égrènent en détail, la vie du martyr. Une
évocation à même d'ancrer davantage la mémoire du défunt dans l'histoire
contemporaine de l'Algérie.
Un homme dont la biographie se confond avec les
repères du Mouvement national ou encore de la guerre de libération où il a
brillé par ses positions, à l'instar des Larbi Ben Mhidi,
Abane Ramdane, Krim
Belkacem, Amar Ali dit Ali La Pointe et tant d'autres valeureux martyrs.
Mustapha Ferroukhi est, selon les intervenants, dont
l'historien Bentounsi, l'un des premiers cadres du Gpra qui a «mis en place les
premiers jalons de la lutte, outre armée, diplomatique et politique à mener
implacablement sur le plan international et démystifier cet ogre colonial, en le
ridiculisant dans les concerts internationaux». «Mustapha
Ferroukhi a réussi son coup», a-t-on indiqué. La
preuve en est précise-t-on, que «le fait qu'il soit
accueilli avec les honneurs par l'Urss de Nikita Kkroutchev,
et à travers sa personne, la glorieuse Guerre de Libération nationale».
Les participants étaient unanimes à dire que
«Mustapha Ferroukhi était un fin orateur, au point de
convaincre ses interlocuteurs, argumentaires à l'appui, notamment lorsqu'il
s'agit de la question nationale». Il s'est d'abord engagé dans les rangs du
PPA/MTLD dont il fut membre du bureau politique, avant de rejoindre, dès la
première heure, les rangs de la révolution». En
s'engageant dans ce processus, Mustapha Ferroukhi a
ouvert plusieurs fronts. En 1954, il créa le journal en langue arabe « La
Voix du peuple ». En collaboration avec cinq rédacteurs, il édita « La
Nation algérienne ».
Deux tribunes pour associer le peuple algérien à
cette lutte, à travers ses réflexions. Il était également le concepteur de la
devise «Par le peuple et pour le peuple». Son parcours
de combattant est à la fois long et riche. Arrêté peu après le 1er Novembre
1954, Ferroukhi a été libéré en avril 1955, date à
laquelle il se rendit à Paris pour militer au sein de la Fédération de France
du FLN qu'il quittera en 1957 à destination de Tunis. Krim Belkacem, membre du
GPRA et ministre des Affaires étrangères, avait proposé, en 1960, Mustapha Ferroukhi comme responsable de la mission diplomatique
algérienne à Pékin, capitale qu'il tentera de rallier, le 13 août 1960, mais
l'avion le transportant explosa alors qu'il survolait la région de Kiev