CULTURE- ETRANGER- CINEMA EN AFRIQUE
2022
-En Afrique,
seulement 35,2% des pays offrent un soutien financier aux réalisateurs.
L’information est fournie par l’Unesco dans son rapport sur l’industrie du film
en Afrique. Au nombre des principaux problèmes du 7e art
continental, l’étude a longuement insisté sur le manque de financements gouvernementaux
africains.
« Selon nos recherches, seuls 19 pays sur 54
(35,2 %) proposent un soutien financier aux réalisateurs, le plus souvent
sous forme de bourses ou de subventions. Les autres mécanismes de soutien,
comme l’allégement de l’impôt sur le revenu, les exonérations de droits de
douane sur l’équipement cinématographique, les crédits bonifiés, les garanties
financières, les crédits d’impôt pour entreprises qui investissent dans des
films, voire les quotas pour la diffusion de contenus locaux, restent
l’exception plutôt que la norme »,
informe l’étude.
Le problème avec le manque de financement des
gouvernements est que le besoin d’investissement est, bien des fois, comblé par
des gouvernements ou des organisations étrangères qui peuvent imposer des
critères modifiant l’authenticité du film. « Il y a toujours une
forme de censure qui s’impose de la part des canaux de diffusion qui impliquent
certaines formes précises. Ces règles-là amènent, par conséquent, le cinéaste à
formater ses dires et sa façon de dire. Le vrai travail d’un artiste, qu’il
soit un musicien, un cinéaste… est de trouver la forme adéquate à son discours.
C’est ça, en fait, la difficulté et le combat pour le cinéaste, celui de
réussir à financer son film sans tordre son discours », explique le
réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis dans une
interview accordée au média marocain l’Opinion.
Le financement étranger des films africains pose
également un autre problème essentiel : le rapatriement des revenus
générés vers le pays source de l’investissement.
A noter que L’Afrique perd au moins 50% du chiffre d’affaires de son cinéma à
cause du piratage. L’information est fournie par l’Unesco dans son étude
« L’industrie du film en Afrique », publiée en 2021. « Deux
tiers des pays ayant pris part à la consultation menée dans le cadre de ce
rapport estiment qu’au moins 50 % du chiffre d’affaires potentiel du
secteur est perdu en raison de l’exploitation illégale des contenus
audiovisuels créatifs, ce qui décourage souvent les investissements
structurés », informe l’étude.
La situation est commune à tous les marchés
cinématographiques mondiaux même si en Occident le piratage, notamment grâce au
téléchargement illégal est combattu par les régulateurs. En Afrique, les
dynamiques du piratage sont différentes. Au Nigeria, par exemple, les pirates
ont vendu pendant longtemps des films obtenus illégalement et copiés sur des
supports CD. Pour lutter contre les différentes spécificités du piratage en
Afrique, chaque pays du continent doit proposer des solutions spécifiques à sa
situation sur le plan réglementaire.
Seulement, toujours selon le rapport de l’Unesco, « seuls
44 % des pays disposent d’une commission du film et 55 % d’une
politique cinématographique. Lorsqu’elles existent, les règles sont parfois
perçues comme des obstacles plutôt que des soutiens. Le piratage reste
effréné ». Alors que l’investissement et la formation sont
souvent mis en avant comme lacunes du cinéma africain, le manque de
réglementation est également un des obstacles aux progrès du cinéma africain.